Le poids du lobby automobile

Ils ont osé le faire: Dissimuler un document relatif à la santé publique

L’Humanité – 8 mai 2004

Parfois, cela va mieux en le disant. C’est le cas des chiffres alarmants concernant la pollution atmosphérique engendrée notamment par l’automobile. Elle serait responsable de 4 876 décès par an en France, selon un rapport de l’AFSSE (Agence française de sécurité sanitaire environnementale) dont a rendu compte jeudi l’hebdomadaire le Point.

Un rapport intitulé « Impacts sanitaires de la pollution atmosphérique urbaine » qui aurait dû être rendu public le 3 mai. Mais, selon un fonctionnaire du ministère de la Santé cité par le Point, le cabinet du premier ministre ainsi que le nouveau ministre de l’écologie « s’y sont opposés », en raison du caractère « embarrassant » du document pour le lobby automobile. Après huit mois de travail, les experts de l’AFSSE ont calculé que de 6% à 11% des décès par cancer du poumon chez les plus de trente ans seraient dus au rejet de particules polluantes dans l’atmosphère, soit entre 347 et 1.713 morts par an. Si l’on ajoute les maladies cardio-respiratoires « dont 7% seraient directement imputables à la pollution urbaine », on arrive à 4.876 morts par an, écrit le Point, qui souligne que « la moitié des particules ultrafines qui viennent se loger dans nos bronches sont recrachées par les voitures et les poids lourds ». Les auteurs du rapport de 236 pages, qui a été mis en ligne mercredi sur le site de l’AFSSE, estimant à 900.000 euros « le coût de chaque décès lié à la pollution atmosphérique », soulignent que « les conséquences néfastes engendrées par le trafic automobile sont supérieures aux montants payés via les péages et la fiscalité sur les carburants ». Taire ou sauver des vies, il faut choisir.

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M.B.

Source : http://www.humanite.fr/journal/2004-05-08/2004-05-08-393254