Toujours plus d’automobiles à Montréal

François Gosselin
mardi 7 septembre 2004
Sur le Web: Le Devoir (2004/09/07)

Toujours plus d’automobiles à Montréal

Chaque année, le mois de septembre est synonyme de rentrée scolaire, de retour au travail, mais, inévitablement, on retourne au travail assis dans une voiture. Et chaque année nous apporte au bas mot 50 000 automobilistes supplémentaires dans la grande région de Montréal. Le royaume de l’automobile se porte très bien. Et pourtant, les rues ne sont pas plus larges et les ponts ne sont pas plus nombreux.

Ce qui doit se produire se produit donc. On assiste à un psychodrame toujours plus important. Des heures d’attente partout, on blâme Transport Québec, la Ville de Montréal, les entrepreneurs, le camionnage, la pluie, le soleil n’importe qui sauf soi-même, assis seul dans une voiture de 1000 kilos. La tendance est claire, cette situation ne va pas s’améliorer. Les Québécois achètent plus de 400 000 voitures neuves par année. En banlieue on compte parfois plus de voitures que d’habitants. Pire encore, la croissance du parc automobile est 25 % plus rapide que la croissance démographique !

Il faut dire que la publicité, omniprésente, fait un très bon travail de persuasion. L’automobile c’est le bonheur, le confort, la performance. En plus de procurer une image de gagnants, on vous assure que vous serez seuls sur les routes… Et à la première sortie, c’est le bordel de la circulation, les factures…

Le corollaire de cette situation c’est le déclin, en proportion, des transports en commun (TC). La part des déplacements effectués en transport collectif décline depuis 15 ans. Grand merci aux gouvernements fédéral et provincial qui se sont retirés du financement des TC. Comme si l’efficacité des transports dans une ville n’avait pas d’incidence sur la performance économique. Dans ce cercle vicieux, moins d’usagers, c’est moins de revenus et ça conduit à une réduction de service qui ne donne pas envie de prendre les transports en commun.

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L’autre corollaire, plus agressant, c’est l’atteinte directe à la qualité de vie des citadins. Un arôme sublime se dégage des rues où nous marchons. Les embouteillages serrés empêchent même les cyclistes de circuler. Des dizaines de milliers d’automobilistes impatients, qui n’habitent pas la ville, l’envahissent en sauvage dans le but de la traverser au plus vite pour atteindre ce fabuleux bungalow du boulevard des Hirondelles où le cadre de vie est si bien rangé, où il y a tant de place pour circuler.

Pas de trottoirs par contre. Dès le premier enfant, les citadins moins déterminés vont prendre le chemin de cette minable banlieue et revenir rajouter au problème le lundi suivant assis dans leur voiture. Mais qui mettra fin à cette folie furieuse ? On a beau se réjouir de la flambée du prix de l’essence, ça ne semble pas ralentir la passion pour l’automobile. Où est le maire de Montréal ? Demain matin ils seront encore 300 000 à déferler dans les anciens quartiers de Montréal. Et, encore une fois, le chroniqueur circulation sera hors de lui devant cette situation injuste pour le pauvre automobiliste-contribuable.

Source: Le Devoir (2004/09/07)

Un commentaire sur “Toujours plus d’automobiles à Montréal

  1. Agence Laperle

    Oui je veux bien mais si seulement les alternatives n’étaient pas aussi coûteuses!
    Les tafifs des transports en commun augmentent constamment! L’autobus, le métro, le train…
    Je préfère donc m’en tenir à la marche mais malheuresement ce n’est pas toujours possible…

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