Impacts sanitaires de la pollution atmosphérique urbaine

Au terme d’un travail de huit mois coordonné par l’AFSSE (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement), deux rapports scientifiques sur l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique ont été élaborés par des groupes de travail distincts. Ils ont cependant été conçus de manière complémentaire. Selon ces rapports, la pollution atmosphérique, liée pour près d’un tiers aux rejets polluants des voitures, serait responsable chaque année de la mort de 6.500 à 9.500 personnes en France

Estimer l’impact sur la santé

Le premier situe les enjeux en termes de santé publique, en proposant une estimation, à travers la littérature disponible, de l’impact sur la santé d’une exposition chronique aux particules fines présentes dans l’air dans 76 agglomérations urbaines françaises. Rappelons que les particules fines (PM2,5) font partie des éléments polluants de l’atmosphère en ville, au même titre, par exemple, que le dioxyde d’azote (NO2) et ont comme principales sources d’émission les activités industrielles, le trafic automobile et le chauffage. La population ici prise en compte est composée d’adultes urbains d’aujourd’hui, sachant que l’impact alors estimé résulte de la qualité de l’air respiré au cours des années passées.

Au-delà de la mortalité globale, qui est généralement la seule prise en considération, la mortalité par cancer du poumon et celle par maladies cardio-respiratoires ont dans ce rapport été retenues comme indicateurs sanitaires pertinents.

Tout en reconnaissant clairement les incertitudes attachées à ce genre d’exercice, le rapport offre des estimations de l’impact sanitaire potentiellement évitable à échéance de l’année 2020, selon divers objectifs de qualité de l’air que pourraient se fixer les pouvoirs publics, donnant ainsi une mesure des efforts à entreprendre, et poursuivre ainsi les progrès importants déjà accomplis.

Contribuer à la maîtrise des sources de pollution

Le second rapport répond au premier en s’attachant, cette fois, à étudier un ensemble de mesures de nature à contribuer à la poursuite de la réduction des émissions des polluants et des expositions de la population en milieu urbain. Il procède à l’analyse des expériences conduites et des propositions formulées dans différentes enceintes sur le plan national (en premier lieu le Programme national de réduction des émissions atmosphériques et le «Plan air» du gouvernement) et international.

Dans le but de promouvoir des politiques intégrées et durables de lutte contre la pollution atmosphérique, la ligne directrice de ce rapport a été la recherche d’une bonne articulation entre différentes mesures contribuant à la maîtrise des sources de pollution dont les impacts sont soit locaux (particules, COV, NO2 étant choisis comme les indicateurs pertinents de cette pollution «locale»), soit régionaux (l’ozone, dont les précurseurs principaux sont le NO2 et les COV), soit globaux (CO2). Ce deuxième rapport met à la disposition des nombreux acteurs concernés, et en premier lieu des pouvoirs publics, engagés actuellement dans un intense travail pour traduire en plan d’action gouvernemental les orientations du Plan national Santé Environnement, une boite à outils dans laquelle puiser des idées pour poursuivre, prolonger et, si nécessaire, renforcer les efforts déjà entrepris. Ce rapport propose également les voies d’une stratégie d’évaluation des bénéfices pour la santé des mesures de réduction de la pollution atmosphérique.

Lire aussi :  Un monde sens dessus dessous : quelques rappels sur notre situation écologique en ce début 2017

no-pardon

Les experts sollicités par l’AFSSE qui ont contribué à ce travail collectif appartiennent à divers établissements publics et organismes compétents apportant des expertises complémentaires dans les domaines couverts. Ils sont conscients que les mesures proposées et hiérarchisées selon une grille exposée dans le rapport devront faire l’objet d’une véritable analyse socio-économique qu’ils n’ont pas la prétention d’avoir conduite, celle-ci ne relevant pas des compétences de l’AFSSE.

Les deux rapports Impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine décrits ci-dessus sont accompagnés de leurs annexes.

Rapport 1, estimation de l’impact lié à l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité par cancer du poumon et par maladies cardio-respiratoires en 2002 avec projections d’ici 2020
Rapport 2, proposition de scénarios pour la poursuite d’actions en faveur de la réduction de la pollution atmosphérique, de l’exposition chronique de la population en milieu urbain et des risques sanitaires

Edit février 2021: Selon les dernières études disponibles, la pollution de l’air serait en fait à l’origine de 100.000 morts par an en France, soit 17,3 % de l’ensemble des décès chaque année.