La fin du pétrole

Texte envoyé par Jean Thevenet.

Extrait imaginé d’une coupure de presse de juin 2010

La crise pétrolière se confirme avec le passage symbolique de la barre des 100 dollars le baril. Nous atteignons désormais des prix records pour le brut qui avertissent que le pétrole, trésor accumulé en un milliard d’années à été quasiment dilapidé 3 millions de fois plus rapidement qu’il fut crée! (3 siècles). Les protestations des automobilistes et des industriels ont bien été entendues par le gouvernement qui use de tous les arguments inimaginables pour adoucir cette annonce.

Mais, malgré l’effet tampon des taxes, le choc pétrolier a été plus que jamais, avec le passage à 3 chiffres du prix du brut, vivement ressenti comme un couteau sous la gorge de ceux qui dépendent de leur voiture, parfois aussi viscéralement que si c’était devenu une prothèse indispensable pour nous, les humains, contraints à parcourir des distances sociales se mesurant en dizaines de kilomètres minimum. Il y a les solutions telles les piles à combustibles et le nucléaire mais ni l’une ni l’autre ont la facilité d’utilisation du pétrole. Se déplacer avec une voiture individuelle aussi lourde, puissante et rapide que ce que l’on avait l’habitude jusqu’alors (hors embouteillages) devient onéreux: plus que le tiers du salaire, c’est désormais la moitié qui y passe!

Ce week end, cependant, c’était la liesse pour une autre partie de la population: les cyclistes et les piétons qui voient dans cette crise pétrolière enfin la fin d’un monde devenu invivable, le monde de la pollution à chaque coin de rue, du pétrole, du vacarme généralisé des moteurs à explosion.

L’évènement a été véritablement commémoré telle une libération de fin de guerre (la fin de la guerre avec les automobiles!). Ils sont sortis avec leurs vélos, leur rollers et même avec des vélos complètement repensés pour remplacer la voiture, plus aérodynamiques, confortables. Dès l’aube, des millions de cyclistes ont envahi les autoroutes d’Europe, les grands axes pour nous rappeler que, peut-être, le vélo c’est l’avenir dans une société sans pétrole surabondant, et que pour peu qu’il soit intégré dans le quotidien de tous, nous pouvons vivre plus heureux qu’avant, même avec l’essence à 5 euros le litre ou la pile à combustible à 15 euros le kilowatts.heure!

Lire aussi :  Une voiture de l’année… qui tombe à pic (de consommation) !

Comme pour montrer que la locomotion à essence était un mythe inutile, un groupe de cyclistes a accompli la migration normalement estivale qui consiste à la descente Paris-Côte d’azur et ce, en une seule étape de 12h… dans une « vélomobile » 6h du matin Paris, 6h du soir Marseille… sur un vélo dont le carénage évite la déperdition d’énergie par l’air…

Cet immense évènement nous rappelle que, si on a des idées, on peut vivre et au moins se déplacer sans pétrole, et, sans recourir nécessairement aux alternatives au coût écologique discutable avec une dépense 10 fois à 100 fois ce que permet l’énergie musculaire… (biocarburant et agriculture intensive, nucléaire et risque pour les générations futures, hydraulique et modification des rivières, éolien et dégradation du paysage, électricité solaire et métaux lourds…). Ce regroupement cycliste nous montre que la principale source de gaspillage énergétique: les transports, est aussi la plus facile à remettre en cause. On dépense bien trop d’énergie à chauffer nos demeures, à s’éclairer et à faire tourner les usines… Faites que cet évènement se passe réellement!


Fêter la Barre des 100 dollars le Baril

100 dollars le baril; c’est le signe de la fin de la civilisation du pétrole. En mai 2004, j’ai imaginé que cet évènement pourrait survenir d’ici quelques années. Il n’est pas trop tôt pour commencer à organiser une « méga » fête et préparer l’opinion. Je lance l’idée: quand le pétrole franchira les 100 dollars, tous les possesseurs d’un moyen de transport non pétrolique (vélo, tricycle, roller, charrettes à cheval, véhicules solaires…) devraient se réunir et venir rouler sur les autoroutes.

50 dollars le baril, on y est déjà! Le prix du pétrole s’envole et nous pourrions commencer à organiser une fête du passage de la barre des 50 dollars en faisant une grosse masse critique de vélos… mais ça ne sera qu’un préparatif de la fête des 100 dollars qui doit être monstrueuse.

Faites passer.

Jean Thevenet

3 commentaires sur “La fin du pétrole

  1. Econologie

    J’ai repris cet article sur mon site mais j’aimerais tout de meme préciser que le baril a déja été trés proche de 100$­.

    JM Jancovici, ayant lu cet article m’a précisé : « Pour ce qui est du baril,on peut corriger de la parité du dollar, et aussi de la hausse du pouvoir d’achat, car depuis 1979 le PIB a presque doublé, de telle sorte que c’est à
    partir de 160 $­­ le baril que l’on commencera à avoir les mêmes effets sur l’économie. « 

    Donc le baril a 50$ (et meme à 100 !) n’est pas du tout significatif d’un pétrole cher ! Bien au contraire que cela plaise ou pas à nos chers medias !

  2. Anonymous

    je ne suis pas d’accord avec l’hypothèse d’une période de guerre.

    une période de récession pour le plus grand nombre, sans doute. la fin du pétrole *bon marché* …

    mais ne sous-estimons pas les alernatives telles que la production de bio-carburants à base d’algues, l’allègement des véhicules (type Smart), la réduction de la vitesse autorisée (multiplication des radars automatiques), l’électrique (même si réservée à la circulation en ville)

    sans parler d’un nécessaire rééquilibrage des lieus de travail et de vie… (vaste projet, encore plus vaste ?)

    mais la nature a horreur du vide. le vide laissé par la fin du pétrole sera forcément comblé par tous les moyens possibles (cf. le gazogène pendant la guerre).
    ça n’aurait donc pas de sens de se battre pour s’arroger les dernières gouttes de pétrole.

  3. Jean-Marc

    C est fait :
    En 2008, soit seulement 3 ans après le pétrole à 50$ le baril, le baril a passé pour la première fois les 100$, et y est resté plusieurs mois (après, du fait de la baisse d activité due à la crise de 2008, il est repassé sous les 100$).

    Prochain doublement du prix du baril… 3 à 5 ans après 2008 ?

    On a déjà testé temporairement le « manque » de pétrôle :
    En octobre 2010, des grêvistes ont bloqués les raffineries françaises.
    Résultats : des scènes dignes d’une période de guerre, de restriction, avec des longues queues devant les stations ayant du pétrole,
    et certains automobilistes qui font le tour des stations.

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