L’impératif anti-voiture

L’impératif anti-voiture
par John Adams – 20.12.1999
Geography Department – University College London


Le gouvernement a maintenant abandonné la prétention selon laquelle il souhaitait réduire la dépendance de la nation à l’égard la voiture. Il n’a jamais convaincu. Gus Macdonald, le nouveau ministre des transports est maintenant ouvertement pour l’augmenter: « si les voitures deviennent plus accessibles et plus de personnes veulent en posséder, ce n’est pas un problème. »

Quel serait le dispositif principal d’une politique qui cherche à augmenter la dépendance à l’égard de la voiture ? Ce serait un ensemble de mesures conçues pour encourager les habitants à se déplacer hors de la ville et à s’installer en périphérie où les densités sont trop faibles pour être couvertes par les transports en commun. Cette politique sous le gouvernement précédent a rencontré un succès impressionnant; une nouvelle étude réalisée par le Town and Country Planning Association (les populations : où travailleront-elles?) rapporte la perte de 500.000 emplois urbains et une augmentation de 1.7 million d’emplois en zones de basse densité entre 1981 et 1996.

Une politique qui voudrait réduire la dépendance à l’égard de la voiture chercherait à limiter le trafic dans les secteurs où sa croissance est la plus rapide – pas dans des secteurs urbains encombrés, où elle s’est déjà arrêtée, mais dans les banlieues et au-delà. Les consultants du secteur privé vont maintenant apparaître, offrant leurs conseils sur la relocalisation des centres de la ville. Cette initiative privée équivalente à l’ancien « Location of Offices Bureau » est une réponse traditionnelle du marché additionnelle aux incitations centrifuges maintenant conçues par le gouvernement travailliste sous la forme des péages urbains et du stationnement payant sur le lieu de travail.

John Prescott (Vice-Premier Ministre) insiste sur le fait qu’il n’est pas anti-voiture – et il a deux Jaguar pour le prouver. Il est heureux, comme son ministre des transports, que de plus en plus de personnes possèdent des voitures; mais il exprime le souhait qu’elles les laisseraient dans leur garage la plupart du temps. Il devrait peut-être remplacer son programme de construction de routes par un programme de construction de garages; les ventes de voitures neuves en Grande-Bretagne en 1999 sont estimées à 2.2 millions; garées les unes derrière les autres, elles formeraient une file de plus de 8.000 milles (12.800 km), soit l’équivalent d’un parking de 25 voitures de large sur la distance Londres-Edimbourg.

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Quand les gens acquièrent des voitures, ils cherchent des endroits pour les conduire et pour les garer, et ils les trouvent rarement dans les villes anglaises. Si le nombre total de voitures continue à augmenter, et les prévisionnistes du gouvernement prévoient qu’il se développera sensiblement, l’exode urbain continuera et la dépendance à l’égard de la voiture augmentera. Pouvons-nous nous permettre une alternative pour un environnement durable? Naturellement. Il n’y a aucun manque d’argent pour des projets raisonnables de transport. Le coût moyen d’une voiture neuve en 1999 est de £12.500 (près de 9.000 euros), soit un total de £27.5 milliards (environ 19 milliards d’euros) – cet argent dépensé rendant le problème plus grave et plus insurmontable. Durant les 5 dernières années, plus de 10 millions de voitures neuves ont été vendues en Grande-Bretagne.

La voiture est en conflit direct avec les objectifs environnementaux proclamés par le gouvernement. Les routes et les places de stationnement public sont les espaces communs de la nation. Elles peuvent à peine soutenir la population existante de véhicules à moteur, encore moins l’augmentation qui est prévue. Le gouvernement continue à faire la sourde oreille à la tragédie des transports en commun que sa politique stimule. Seule une politique qui est anti-voiture peut donner une chance de succès à des alternatives durables et positives.

Source:
The anti-car imperative
John Adams – 20.12.1999

Traduit par Marcel Robert

Citation:
Sous le capitalisme, les gens ont davantage de voitures. Sous le communisme, ils ont davantage de parkings.
Winston Churchill