Supprimons les seuils de pollution !

Que se passe-t-il lorsqu’un seuil de pollution atmosphérique est dépassé à Lyon? Rien. Quelles mesures concrètes et efficaces mettons-nous en place lorsque les personnes affectées de maladies respiratoires sont invitées à rester chez elles et que les personnes les plus sensibles sont priées de limiter leur activité physique? Nous invitons les automobilistes à réduire leur vitesse sur les voies rapides. Quels sont les effets de ces mesures? Ils sont minimes, voire inexistants. Le Grand Lyon a demandé l’assistance de 200 «nez» bénévoles pour humer l’air et noter chaque jour son odeur. À quoi cela sert-il? Strictement à rien. On pourra continuer à renifler l’air, mesurer chaque polluant, consigner les données dans des bases informatiques pendant des années, quel en est le but si cela n’est pas suivi d’effets?

Puisque les mesures de pollution atmosphérique ne servent à rien d’autre qu’à remplir des tableaux de statistiques et ne font l’objet d’aucune mesure réelle, nous pensons qu’il serait plus honnête de la part des élus lyonnais de les supprimer. Cela serait plus cohérent et leur éviterait de sombrer dans la schizophrénie. Car le grand écart entre les paroles («La ville malade de la voiture») et les actes (construction de nombreux parkings) devient intolérable et risque de nous rendre fous.

De même, si les élus lyonnais adoptaient une position plus conforme avec la politique de tolérance vis-à-vis du stationnement automobile, ils pourraient supprimer les trottoirs qui se situent sur les pentes de la Croix Rousse et les remplacer par des places de stationnement. Ils pourraient supprimer les bandes cyclables du cours Gambetta et en faire des lignes de stationnement rapide pour automobiles. Ils pourraient transformer les trottoirs à proximité du parc de la Tête d’Or en parkings et les pistes cyclables en voies de circulation [1].

Si les élus lyonnais pensent que ces mesures sont la représentation de ce que demandent les citoyens du Grand Lyon, nous respecterons la démocratie. Mais il faudra alors qu’ils cessent de nous faire croire qu¹ils s¹opposent au tout automobile et qu’ils souhaitent attribuer une plus grande place aux modes de déplacements alternatifs (transports en communs et véhicules sans moteur).

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Pour notre part, nous pensons qu’une des premières mesures à mettre en oeuvre, de la part d’une ville qui se dit favorable aux «modes de transport doux» et au sein de laquelle des élus verts siègent, serait de limiter la circulation automobiles les jours des pics de pollution. C’est le minimum qu¹ils puissent faire, sans être pourtant suffisant. Comment croire en leurs promesses et en leurs annonces publicitaires, si des droits aussi simples que ceux de respirer un air sain ou de passer sur un trottoir avec une poussette ne sont pas respectés?

Le prix de l’essence est voué à augmenter, voire à exploser d’ici quelques années. L’automobile rejette des gaz polluants, tue, est bruyante, enlaidit les villes et rompt les liens sociaux. Il est donc urgent d’organiser autrement nos déplacements. Nous sommes suffisamment intelligents et évolués pour utiliser les moyens de transport collectifs de manière efficace, pour laisser une plus grande place aux véhicules sans moteur et faire de la ville un endroit agréable à vivre tout en permettant les flux de circulation des hommes et des marchandises.

Denis CHEYNET
http://denis.chey.net/

[1] «Pour une Ville sans Voiture» a adressé le 6 mai 2005 une lettre à Monsieur Gérard Collomb. Nous n’avons toujours pas reçu de réponse à ce jour.