Le terrorisme automobile permanent

Il semble nécessaire de rappeler les conséquences du terrorisme automobile à l’échelle planétaire. L’insécurité routière est en effet la cause d’une véritable boucherie, estimée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à environ 1,2 million de morts et de 20 à 50 millions de blessés chaque année.

Cela représente donc une moyenne de plus de 3.200 morts par jour, soit plus que le nombre total de morts lié aux attentats du 11 septembre 2001!

Selon le Département d’Etat américain, le nombre total de morts lié au terrorisme sur la planète a été de 3.547 en 2001, 725 en 2002, 625 en 2003 et 1.907 en 2004 , soit une moyenne de 1.700 morts par an sur la période 2001-2004.

Et pourtant, cela paraît suffisant aux pays occidentaux pour lancer une véritable « guerre au terrorisme », aux Etats-Unis pour se lancer dans l’invasion de l’Irak et aux médias pour relayer cette situation extravagante qui consiste à déclarer la guerre à un pays pour 1.700 morts par an liés au terrorisme alors que dans le même temps, environ 3.200 personnes meurent chaque jour à cause de l’automobile.

Même l’OMS ne peut que constater que l’insécurité routière “ne reçoit pas suffisamment d’attention à l’échelle nationale et internationale”.

En outre, il ne s’agit ici que du nombre de morts lié aux accidents de la route, qui ne prend pas en compte la mortalité liée à la pollution automobile. Or, un rapport de l’Afsse de 2004 évalue pour la France le nombre de morts lié aux seuls rejets polluants des voitures à environ 5.000 par an, soit autant que le nombre total de morts sur les routes !

Lire aussi :  Les chiens autophobes

Ce même rapport estime à 900.000 euros “le coût de chaque décès lié à la pollution atmosphérique”, ce qui représente donc environ 4,5 milliards d’euros par an pour la France. Il apparaît donc, toujours selon l’Afsse, que “les conséquences néfastes engendrées par le trafic automobile sont supérieures aux montants payés via les péages et la fiscalité sur les carburants”.

Il est bien évidemment très difficile d’avoir une estimation du nombre de morts lié à la pollution automobile à l’échelle planétaire. Un communiqué de l’OMS du 15 juin 1999 relate malgré tout les résultats d’une étude commandée par l’organisation mondiale, à l’échelle de 50 pays européens, étude selon laquelle « la pollution automobile tuerait plus de personnes que les accidents de voiture ».

Sachant que le parc automobile des pays du Sud est probablement plus polluant que le parc européen, il n’est donc pas interdit de doubler au moins le chiffre du nombre de morts lié aux accidents de la route à l’échelle planétaire afin d’avoir une idée de l’hécatombe liée à l’automobile.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aucune guerre, aucun acte de terrorisme, aucune catastrophe écologique n’ont pu atteindre l’ampleur du désastre humain provoqué par la généralisation de l’automobile dans le monde.

Image : “Car Cluster”, Benjamin Maloway