200.000 enfants de Los Angeles victimes d’asthme

LOS ANGELES (AFP) – 18/08/2005 07h34 – Lorsque Sandra Baquero est venue à Los Angeles, elle s’attendait à trouver le soleil, de jolies plages et un mode de vie sain. Elle a dû déchanter : son petit garçon, atteint de maladies chroniques dues à la pollution, doit rester cloîtré à la maison.

Depuis sa naissance il y a cinq ans, Andres « souffre d’allergies et de bronchites qui ne disparaissent que lorsque nous quittons Los Angeles », raconte Mme Baquero, une Colombienne de 35 ans. Mais cet enfant n’est que l’une des multiples victimes de l’atmosphère viciée de la mégalopole sud-californienne.

« La mauvaise qualité de l’air dans le comté de Los Angeles a des effets dévastateurs sur la santé de ses habitants, comme les maladies pulmonaires et les attaques d’asthme. Elle fait augmenter le risque de mort prématurée et d’hospitalisations d’urgence », explique à l’AFP Andy Weisser, porte-parole de l’association pulmonaire américaine.

Selon une étude récemment publiée par cette organisation, Los Angeles a reçu, tout comme 31 autres comtés de Californie, la plus mauvaise note pour la présence d’ozone et de particules dans l’air que ses habitants respirent.

« La menace est peut-être invisible à l’oeil, mais elle est réelle et peut rendre les gens malades, et même les tuer », indique pour sa part John Balmes, médecin spécialiste des maladies pulmonaires et professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco.

Sur les plus de 10 millions de personnes vivant dans le comté de Los Angeles, un peu moins du tiers souffrent d’affections respiratoires, qui vont de l’asthme à l’emphysème pulmonaire, selon l’association.

Ces malades « sont les plus vulnérables » aux risques de la pollution atmosphérique, explique Lisa Fassano, de l’agence de protection de l’environnement américaine.

« Les émissions (de polluants) ont diminué à Los Angeles, mais elles sont encore considérées comme très importantes au regard des normes », a-t-elle dit. « En été, la chaleur, associée à la pollution, provoque le smog », ce nuage gris qui plane sur la ville, et dont les enfants pâtissent le plus.

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Environ 200.000 enfants de Los Angeles victimes d’asthme sont particulièrement exposés aux risques au milieu de l’été, selon elle.


Autoroute à Los Angeles en 1950
(
US Environmental Protection Agency)

Pour les experts, malgré de coûteuses mesures entreprises, le comté de Los Angeles, en particulier la ville elle-même et ses 4 millions d’habitants, ainsi que les localités de Long Beach et Riverside figurent parmi les zones les plus polluées et les plus dangereuses pour la santé aux Etats-Unis.

« Il y a eu quelques améliorations, mais la tendance est plutôt à la stagnation (de la pollution) ces cinq dernières années », explique Sam Atwood, de l’organisme de surveillance de la pollution dans la région.

« Les niveaux d’ozone sont liés à des facteurs comme le temps, mais aussi la croissance de la population : plus de yachts dans le port de Long Beach et plus de 4×4 dans les rues », affirme-t-il.

Selon M. Atwood, la seule façon de nettoyer l’air serait de trouver des solutions alternatives au transport quotidien des millions d’habitants de l’agglomération, qui ne dispose pas d’un réseau de transports publics efficace en raison de sa superficie très importante. Le comté de Los Angeles s’étend sur 10.500 km2.

Il cite notamment l’usage des voitures hybrides, peu polluantes car fonctionnant en mode électrique en ville, et dont les Californiens se sont dernièrement entichés en raison de la pollution, mais surtout de la hausse du prix de l’essence.