Maladies respiratoires: La circulation automobile augmente le risque

Le Quotidien du Médecin – 21/09/2005

Selon deux études suisse et française présentées à Copenhague au congrès annuel de la Société européenne de pneumologie (ERS), la circulation automobile constitue une menace majeure, bien supérieure à celle de la pollution atmosphérique de fond.

VIVRE OU AVOIR son école près des grands axes de circulation augmenterait en effet «considérablement» le risque d’avoir des problèmes respiratoires. L’étude suisse Sapaldia, qui suit depuis 1991 la santé respiratoire d’une population d’adultes de 18 à 70 ans vivant dans huit grandes régions urbaines, rurales, et alpines du pays, a permis de constituer une base de données. Les résultats que présentent Lucy Bayer-Oglesby, de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’université de Bâle, montrent que la proximité des grands axes de circulation joue un rôle majeur dans les problèmes respiratoires, et notamment dans l’essoufflement.

En effet, chaque fois que la distance augmentait de 100 mètres par rapport à un grand axe de circulation, les symptômes respiratoires diminuaient de 11 %. «Le cinquième (20 %) des participants qui vivaient à moins de vingt mètres d’un grand axe de circulation avaient un risque d’essoufflement de 19 % plus élevé que ceux qui vivaient plus loin», a précisé au congrès la scientifique helvétique. Pire, «dans l’ensemble, ces résultats montrent très clairement qu’habiter près des routes à fort trafic a des conséquences sur la santé qui vont bien au-delà de ce qui peut être attribué à la pollution atmosphérique de fond», a-t-elle conclu.

Les écoliers menacés.

La seconde étude à souligner les effets délétères de la pollution et de la circulation automobile sur la santé respiratoire, des enfants en particulier, a été présentée au congrès de l’ERS par Cécile Pénard-Morand, de l’Inserm à Villejuif. Elle a porté sur 108 écoles de six villes françaises (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Strasbourg, Reims et Marseille). L’équipe de recherche a rassemblé des données cliniques concernant 6 683 enfants de 9 à 11 ans, essentiellement sur leur susceptibilité aux allergies et sur leur propension à faire de l’asthme lors d’un effort. En même temps, la pollution atmosphérique a été enregistrée autour des écoles concernées, grâce aux données des stations de mesure du réseau français de surveillance de l’air : taux de dioxyde d’azote, de dioxyde de soufre (SO2), d’ozone, et de particules fines (PM10).

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Les résultats présentés par l’équipe française montrent que, même en tenant compte des multiples facteurs associés à l’apparition d’un asthme (sexe, antécédents respiratoires, tabagisme parental…), la pollution atmosphérique joue un rôle néfaste «incontestable» sur la santé respiratoire des enfants. Dès que le taux de PM10 s’élève de 10 μg/m3, ou que la teneur en SO2 s’élève de 5 μg/m3, le pourcentage d’asthmes relevés chez ces enfants grimpe d’environ 20%. Quant à la teneur en ozone, une simple élévation de 10 μg/m3 fait monter de 30% environ la probabilité de rendre ces enfants allergiques au pollen.

«Ces chiffres concernent toutefois la pollution de fond, qui est souvent la seule à être évaluée dans les études. Or, elle sous-estime souvent le niveau de pollution réel, a souligné Céline Pénard-Morand. Et c’est pourquoi nous avons décidé, dans un second temps, d’affiner notre analyse en prenant également en considération la pollution de proximité.» Cette pollution de proximité était essentiellement liée à l’axe routier le plus important situé près de l’école. Les chercheurs ont pris en compte l’importance du trafic, la topographie de la rue et les conditions météorologiques locales. Cette analyse plus poussée de la pollution leur permet d’affirmer que les écoliers les plus exposés à la pollution atmosphérique sont plus souvent asthmatiques et allergiques que ceux qui vont dans une école moins exposée à la pollution du trafic. Par exemple, la probabilité de développer un asthme à l’effort est augmentée d’environ 40% en cas de teneur de l’air élevée en benzène, et elle s’accroît de 35% pour une concentration importante de particules fines, deux paramètres directement liés à la pollution automobile. «La réduction des émissions dues au trafic automobile dans les zones urbaines devrait contribuer à améliorer la santé des enfants sur le plan de la respiration et des allergies», a conclu la scientifique française.

Source: Le Quotidien du Médecin