RAS’L BOL DES BAGNOLES

La publicité continue de montrer des voitures. Des plus belles ou des plus moches. Des plus racées. Des plus rapides. Surtout des plus rapides. Consommez, consommez toujours plus. Une nouvelle bagnole, tu veux une nouvelle bagnole, ou alors t’es un nul, un has-been, un pauvre taré.

Dans la publicité, la voiture respecte rarement les limitations de vitesse. Il y a quelques années pourtant, en France, il avait bien été interdit d’utiliser la puissance et la vitesse comme argument publicitaire. Argument si vite oublié. Et en tout cas pas appliqué dans les autres pays par les entreprises françaises. Après tout, si la loi argentine ne l’interdit pas, pourquoi ne pas inciter les Argentins à aller s’écraser contre les murs. A 200 km/h, c’est plus rigolo, plus efficace.

Il y en a une bien pleine de sens. Une voiture vue du ciel, à la verticale, roule sur une route. Au dessus passe un vol en V d’oies sauvages. La première et les deux suivantes volent tranquillement. La fin du V aussi. Par contre, les oies des 3ème et 4ème rang sont en piteux état, aspirées par l’appel d’air provoqué par la voiture. Et au bout du compte c’est ça, la bagnole. Un truc qui pollue, qui pourrit la planète, qui n’a strictement rien à faire de la Nature.

Après le passage de Katrina, Georges Bush vient de demander aux Américains de restreindre leur consommation d’essence. Les stocks à flux tendu ont été mis en péril. Et partout, les constructeurs cherchent à faire des voitures qui consomment un peu moins. Par bonté d’âme ? Par souci écologique ? Certainement pas. Dans 20 ans, il n’y aura plus de pétrole. Alors ce qui reste, on va tenter de le faire durer 7 mois de plus. Ce que la planète aura mis des millions d’années à accumuler patiemment, les accros du volant l’auront gaspillé en un siècle. En attendant, on massacre les Irakiens pour contrôler le pétrole, on élimine les Talibans, pas pour libérer la femme afghane, mais parce qu’ils gênent le passage du gazoduc. Et quand il n’y aura plus de gaz ou de pétrole, on se battra pour l’eau potable. Avant de se bouffer entre nous. Soleil Vert. Qui a dit que la science-fiction, c’était n’importe quoi ?

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Heureusement, il y a des optimistes. Non, non, je ne remiserai pas ma bagnole au garage, au placard, au musée. Je ne la transformerai pas en œuvre d’art concassée, en pot de fleur, en aquarium, en salle de restau design. Non, elle continuera de rouler. Au jus de betterave. Ça oui, c’est propre. Ça ne pollue pas. Même qu’on va en bouffer de la betterave. Sous toutes ses formes. Et qu’on en verra, des betteraves. A perte de vue. Ce ne sera plus la planète bleue. Mais la planète violette.

On en finira une bonne fois pour toute avec la forêt amazonienne pour planter des betteraves. Pour varier les couleurs, par souci d’esthétique, on plantera du colza au Pôle Sud, grâce au réchauffement de l’atmosphère. La planète revue et corrigée par Andy Warhol, le talent en moins. On nagera dans la betterave pour nourrir vos moteurs, bagnoles divinisées. Et les constructeurs automobiles eux, verront des fleurs dans les quartiers privés qu’ils seront les seuls à pouvoir habiter.

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