Nourriture contre carburant

Les prix du pétrole étant en hausse, les carburants alternatifs paraissent de plus en plus dignes d’intérêt. Mais certains critiques attirent l’attention sur le fait que l’utilisation de l’éthanol d’origine végétale comme carburant de remplacement pourrait conduire à une importante réduction des terres de cultures alimentaires.

Pour produire suffisamment d’éthanol pour alimenter une bagnole pendant un an, il faudrait plus de 10 acres [4 hectares] de maïs, soit sept fois plus de terre agricole que ce qu’il faut pour nourrir une personne. Si toutes les bagnoles des USA roulaient à l’éthanol, il faudrait leur consacrer plus de 800 millions d’hectares de terres agricoles, soit cinq fois plus que ce qui est réellement disponible pour l’ensemble des cultures aux USA.

Selon People and Planet, les 32 millions de tonnes de maïs cultivé aux États-Unis pour produire de l’éthanol (12 % de la récolte totale de maïs du pays) pourraient être utilisées pour nourrir 100 millions de personnes.

George Monbiot, chroniqueur au Guardian, a calculé que si la Grande-Bretagne devait faire rouler ses voitures, ses bus et ses camions au biodiesel, il lui faudrait 26 millions d’hectares, soit quatre fois et demi plus que toutes les terres arables de Grande-Bretagne.
Source: http://www.monbiot.com/archives/2004/11/23/feeding-cars-not-people

Un autre problème, c’est que pour produire de l’éthanol, il faut des carburants fossiles. En fait, d’après une étude de l’Université Cornell, la production de biocarburants consomme plus d’énergie qu’elle n’en produit.
Source: http://www.news.cornell.edu/stories/July05/ethanol.toocostly.ssl.html

Une des raisons pour lesquelles le bioéthanol brésilien fabriqué avec des betteraves sucrières a tant de succès, c’est que le résidu de l’extraction du sirop est utilisé pour alimenter le processus de distillation, dont le rendement énergétique se voit ainsi amélioré.

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Sans changement dans les habitudes en matière de transports et de déplacements, les biocarburants seront incapables d’assouvir la soif de nos bagnoles et nos camions; ils ne seront jamais qu’une solution de rechange à petite échelle. Et pourtant, l’Union européenne – où 80 % de la consommation totale de pétrole est consacrée aux transports – a exprimé officiellement le besoin de carburer à l’avenir aux biocarburants aussi bien qu’à l’hydrogène vanté tant et plus. Mais ça ne servira à rien du tout si ça n’est pas accompagné d’une réduction drastique de la consommation d’énergie.