Vive l’essence chère !

Autour de nous beaucoup de gens s’insurgent contre le prix élevé de l’essence à la pompe alors que dans le même temps les compagnies pétrolières, qui extraient le brut, le raffinent et vendent le carburant, font de supers profits. Il est vrai que ces bénéfices sont réalisés par des « vaches à lait ».

Mais « vaches à lait » nous le sommes tous (plus ou moins…) parce que nous sommes accros à l’essence, à la voiture, nous avons adopté un mode de vie totalement dépendant de l’or noir. Il est en effet banal de faire plus de 30 kms pour aller bosser, 15 kms pour aller au supermarché ou au cinéma, voire même de prendre sa voiture pour acheter une baguette à 500m de chez soi!

Sur le plan macro-économique, combien de kilomètres parcourt notre ordinateur avant d’arriver à l’étalage ? Par exemple, l’incendie dans le Tunnel du Mont-Blanc s’est déclaré sur un camion qui transportait des patates hollandaises en direction de l’Italie où elles auraient dû être lavées et découpées pour être vendues… en Hollande ! Sans parler des voyages en avion devenus courants, pour partir en vacance, à l’aventure, avec l’appellation parfois d’éco-tourisme!

A ce sujet, on peut trouver sur internet des vols à 2€. Ces prix très bas deviennent normaux et le consommateur ne connait plus la vraie valeur d’un voyage en avion et plus généralement des choses, il exige ces prix bas, en sachant qu’aucun billet ne comprend dans son tarif le coût éco-environnemental qui, lui, est et sera payé dans un avenir plus ou moins lointain par la collectivité.

La sacro-sainte croissance, incontournable à droite comme à gauche

Seulement voilà, notre système consumériste, basé sur la croissance perpétuelle, et de plus en plus libéralisé, se fragilise. Les scientifiques, les économistes (même certains libéraux) tirent la sonnette d’alarme. Ce mode de civilisation, vers lequel toute la planète semble se diriger, n’est pas viable à long et même à moyen terme. La crise pétrolière à venir sera peut-être le déclencheur de la faillite de cette croissance à laquelle tout le monde croît encore, même les partis de gauche (à l’exception d’Yves Cochet chez les Verts qui commence à aborder le sujet) et d’extrême gauche et, bien sûr, les syndicats qui demandent de la croissance et de l’activité économique. En effet le « peak oil » ou pic d’Hubbert, c’est à dire le moment où la production pétrolière est techniquement à son maximum est pour bientôt ( quelques années). Après ce pic, l’offre se réduit pour une demande qui augmente, je vous laisse imaginer la courbe des cours du brut…

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En étant réaliste, nous n’avons pratiquement aucune alternative au pétrole, surtout pour les transports. Il n’y a qu’un moyen de prévenir le chaos : la sobriété énergétique et son extension à tous les domaines : la décroissance soutenable.

Le développement durable, solution ou marketing ?

Cela commence donc par se désintoxiquer de l’essence et, pour ce faire, rendre cette énergie inabordable, car c’est le porte-monnaie qui fait changer les choses. En conséquence augmenter les taxes sur l’essence serait une anticipation à la pénurie qui de toute façon obligera à restreindre notre consommation. Autant le faire dès maintenant, dans la réflexion et avant qu’on y soit contraint dans la douleur.

Il faut bien se dire également que toutes les énergies fossiles sont des stocks de CO2 emmagasinés il y des millions d’années et libérer ce gaz à effet de serre rapidement perturbe l’éco-système avec le réchauffement climatique, ce que tout le monde commence à savoir.

Beaucoup de gens pensent que la pénurie à venir est du catastrophisme et que de toute façon on trouvera la solution, l’espèce humaine a ça de géniale, elle a toujours su s’adaptée. Malgré tout, de plus en plus de personnes sont conscientes que la terre va mal et que notre environnement se fragilise dangereusement…Les entreprises et institutions tentent de répondre à cette inquiétude par « le développement durable » mais qui n’a rien de durable. En partant du principe qu’il ne faut surtout pas remettre en cause la croissance économique, elles mettent une petite dose d’écologie et une grande dose de com’. D’ailleurs combien de sociétés se vantent de ce « développement durable » et vont exploiter les populations du tiers-monde et faire faire des milliers de kilomètres à leurs produits ? La question qu’elles devraient se poser est : quelle durabilité avec quel développement ?

A tout cela je ne vois qu’une voie possible : l’ère de la responsabilité et de la décroissance soutenable qui implique une remise en cause totale de nos logiques économiques.