Die-in contre l’automobile


Die-in Porte de Bagnolet, Porte de la Bagnole (Paris, France), organisé par la Vélorution le 7 mai 2005.

Par un après-midi blafard d’octobre 1976, à cinq heures du soir, le lendemain de la fête de l’Action de Grâces, le jour du premier anniversaire d’une hausse majeure des tarifs du métro, une centaine de personnes, cyclistes et piétons, s’étendaient sur l’asphalte, au coin des rues Sainte-Catherine et Université.

Des bicyclettes accidentées, du sang représenté par du ketchup, des masques à gaz, des béquilles, un cercueil et un enfant de six ans étendu sur une civière se trouvaient parmi la centaine de personnes « mortes » à l’intersection.

C’était le grand die-in de Montréal, illustrant la conséquence la plus tragique de l’automobile : la mort.

J’étais couché sur le dos parmi ces victimes de l’auto. Claire, un porte-voix à la main, décrivait éloquemment les calamités de l’auto. D’autres sympathisants distribuaient des feuillets explicatifs aux spectateurs, automobilistes et piétons étonnés. Les policiers nous accordèrent dix minutes alors que l’un d’entre eux, lisant attentivement notre feuillet, hochait de la tête pensivement. Après quelques minutes, les autos cessèrent de klaxonner et un silence solennel descendit sur la scène.

Toujours couché, je ressentis alors une profonde émotion. Parce que je voyais, nous voyions tous à quel point la mortelle réalité de la rue est insensée. Nous avions réussi à mettre en lumière cette folie collective. Nous avions renversé la normalité.

Robert Silverman
Préface de l’essai « Deux roues, un avenir », de Claire Morissette


Die-in Montréal 2007

Die-in : en vie sans ma voiture!

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Le Die-in est un évènement symbolique (au même titre qu’un sit-in ou un bed-in), revendicateur et médiatisé à caractère théâtral. Le die-in demande à ses participants de mimer la mort à l’intersection de deux rues. Faux sang, bandages, masques à gaz ou autres éléments significatifs sont les bienvenus.