Emissions de CO2 lors d’un Grand Prix de Formule 1

Evaluation des émissions de CO2 relatives au Grand Prix de Formule 1 à Spa-Francorchamps (16 septembre 2007)

par Pierre Ozer
Département des Sciences et Gestion de l’Environnement
Université de Liège

Cette étude a été réalisée dans le but d’estimer les émissions de CO2 émises à l’occasion de l’épreuve belge du championnat de Formule 1 qui s’est déroulé le 16 septembre 2007 sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Elle reste totalement factuelle et ne souhaite pas polémiquer quant au bien fondé de l’organisation du Grand Prix. A notre connaissance, jamais une étude similaire n’a été réalisée auparavant ni pour le Grand Prix de Belgique, ni pour d’autres Grand Prix de Formule 1.

Il nous semblerait hasardeux de généraliser les résultats obtenus pour ce Grand Prix aux 16 autres Grand Prix de la saison 2007, tant les caractéristiques de chaque Grand Prix sont différentes, notamment en ce qui concerne la logistique mise en oeuvre pour certaines épreuves comme celles qui se déroulent en Australie, en Asie ou sur le continent américain (transports massifs et lointains par avion, y compris les automobiles, etc.).

Contrairement à la plupart des études ‘environnementales’ qui ressemblent à des boîtes noires ou sont classées ‘Top secret’ car contenant des ‘éléments sensibles’, nous jouons pleinement la transparence. Ainsi, toutes nos sources sont indiquées, de même que toutes nos hypothèses de travail, ainsi que tous les détails de nos calculs.

Une estimation des émissions de CO2 liées à l’organisation du GP de F1 de Spa-Francorchamps a été réalisée pour la seule journée du dimanche qui consiste à voir 22 bolides faire 44 tours de piste durant 90 minutes.

Le résultat de nos calculs fait état d’émissions de CO2 de l’ordre de 8400 tonnes. Ce chiffre est important et mérite qu’on s’y attarde. Ci-après, nous tentons de trouver certaines comparaisons.

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Ainsi, 8400 tonnes de CO2, c’est, approximativement :

· l’équivalent de ce que toutes les éoliennes implantées en Région wallonne permettent d’éviter en matière d’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère en deux mois de fonctionnement,
· l’équivalent de ce que tous les capteurs solaires thermiques installés en Région wallonne permettent d’éviter en deux ans de fonctionnement en matière d’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère,
· les émissions « résidentielles » (chauffage et électricité) annuelles de CO2 de 1750 ménages wallons,
· le CO2 évité en un an si tous les 124 300 habitants des communes de Namur, Spa, et Stavelot remplaçaient toutes leurs vieilles ampoules à incandescence par des ampoules économiques,
· le CO2 évité en un an grâce au remplacement du simple vitrage par du double vitrage à haut rendement dans 5240 habitations quatre façades,
· le CO2 évité en un an si 150 000 réfrigérateurs de la vieille génération (classe C) étaient remplacés par des réfrigérateurs de la dernière génération (classe A+).
· près de deux jours de CO2 émis par tout le secteur tertiaire en Wallonie.
· les émissions de CO2 de tous les habitants de la commune de Stavelot (6671 personnes) pendant approximativement 5 semaines.

Sachant que la tonne de CO2 s’échange désormais sur le marché européen aux alentours de 20 €, le coût financier du CO2 émis lors de cette manifestation peut être estimé à 168 000 €.

Source : http://pierreozer.blog4ever.com/

6 commentaires sur “Emissions de CO2 lors d’un Grand Prix de Formule 1

  1. Antec

    Ces données ne me parlent pas vraiment…
    Si on compare en kms fait en voiture normal cela donne 8400 x 10^6 / 140 = 60 000 000 kms
    voila, allez faire 60 millions de km avec votre voiture et vous aurez fait autant que les 90 minutes de course… les heures d’essais avant ne sont pas comptés, ni les milliers de spectateurs venus exprès pour l’événement à la gloire d’une industrie agonisante.

  2. Adonf2toi

    Si, justement,le déplacement des spectateurs est compté. Par contre il ne s’agit bien que de la seule journée du GP. Il y a aussi une remarque sur le fait que le GP était sponsorisé par la marque de bière Foster (Australienne) et que l’eau consommé sur place n’était pas de l’eau locale. Dans le pays de la bière ça fait un peu « tache » !

    On va dire que ça correspond grosso-modo à la consommation routière sur tout une vie d’environ 60 personnes…

  3. Ricardo47

    Comme l’article ne fait référence qu’à la journée de Dimanche pendant laquelle les voitures ont tourné sur le circuit cette estimation de production de 8400 tonnes de CO² est en effet sous estimée, car toutes les consommations annexes déjà citées dans les posts précédents ne sont pas comptées.

    De plus si le calcul d’Antec est juste l’équivalent kilomètres parcourus est impressionnant, soit à peu prés le déplacement de 6000 voitures normales pendant un an.

    Sommes nous prêts à proposer un grand prix de Belgique ouvert aux voitures ne produisant pas ou peu de CO2 : hydrogène , électrique,…. afin de faire progresser les technologies propres et donc à justifier les investissements publics de notre « chère » Wallonie.

  4. Jean

    Il est vraiment ridicule, ce plaisir de voir tourner en rond des tutures à une place dans un circuit. Une seule place ? tout le contraire d’un transport en commun. Un Boeing 747 consomme 30 L de carburant aux 100 km et peut transporter 300 personnes, alors qu’un monoplace de F1 en consomme 80 L aux 100 km et ne peut transporter qu’une personne. Conclusion : moins c’est rentable, plus ça pollue.

  5. marc

    Le même problème se pose au Canada. La Révolution Industrielle nous a confinés en chaises roulantes motorisées, et le pire, c’est que certains font de ces boîtes de métal un outil de loisir !

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