Le déclin de l’automobile a-t-il commencé?

Notre société de surconsommation comptait jusqu’à présent peu d’individus prêts à ne serait-ce que limiter l’utilisation de leur véhicule automobile. Celui-ci demeure en effet largement symbole de liberté individuelle. Et pour cause, notre autonomie passe par la possibilité de nous rendre où notre envie nous porte, quelle que soit la distance et quels que soient les horaires des transports en commun, par trop populaires. Peu importe les embouteillages sur l’autoroute des vacances ou sur le périphérique, nous nous contentions habituellement de pester et jurer une fois bloqués dedans.

Il n’est donc pas surprenant que le parc automobile ait augmenté constamment en volume. Il n’est pas plus illogique, mais en revanche beaucoup plus surprenant, de constater que le kilométrage moyen par véhicule baisse pour sa part de manière constante.

Personne n’ignore désormais plus la hausse des cours des matières premières et surtout du père de notre civilisation industrielle : le pétrole. Ces hausses se répercutent sur les prix à la consommation. Ceci était prévisible et annoncé de longue date par certaines voix, demeurées longtemps peu audibles, mais il semble qu’enfin les comportements individuels commencent à accuser le coup de cette progression des prix, qui aura réussi là où la sensibilisation écologique aura échoué.

Malgré cette hausse en effet, le budget moyen consacré par les français à l’automobile demeure stable, ce qui permet à Insee Première d’affirmer ici que ce budget s’adapte aux prix des carburants, tout comme les prix des équipements s’adaptent à l’évolution des dépenses des particuliers mais c’est une autre histoire. Toujours est-il que le nombre de kilomètres parcourus a BAISSÉ en 2005. Encore quelques dizaines d’euros le baril et c’en sera terminé de la suprématie automobile et peut-être de l’urbanisme complaisant.

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Nous pouvons raisonnablement rêver d’assister à la révolution cycliste, mais est-ce si simple ?

Ne faut-il pas plutôt craindre les conséquences d’un tel bouleversement qui ne s’accompagnera probablement pas d’une refondation de l’organisation de notre société ? La voiture ne se trouvera-t-elle pas renforcé dans son statut de signe extérieur de richesse, de symbole d’appartenance à la société efficace, productive et socialement légitime une fois que seules les populations solvables – et donc intégrées au monde si sélectif du travail stable – pourront encore prétendre se rendre librement où elles le désirent ?

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L’inaccessibilité du déplacement automobile emporte-t-elle rupture avec le modèle actuel, qui érige la capacité de consommation comme jauge indépassable de la valeur des vies ? Je crains que non, mais n’hésitez pas à me faire connaître votre point de vue sur le sujet.

Et puis bon, ne boudons pas notre plaisir. La bagnole recule ; c’est parti pour durer et se renforcer : Hip Hip Hip…

Source : http://velo2.blogspot.com/