Pour des pistes bagnolables

L’une des premières revendications des associations de cyclistes est l’augmentation des pistes et bandes cyclables, d’équipements permettant de séparer la chaussée de l’espace réservé aux vélos. En tant que cycliste urbain, je suis contre l’augmentation de nombre de voies réservées aux vélos.

Tracer des pistes et bandes cyclables, c’est construire un sanctuaire pour une espèce en voie de disparition, c’est écarter le cycliste de la route pour permettre aux voitures de mieux y circuler, et plus vite. Les pistes cyclables habituent les automobilistes à ne pas avoir à partager le bitume avec d’autres modes de transports et, pire encore, viennent même parfois réduire l’espace disponible aux piétons lorsqu’elles sont tracées sur les trottoirs. De manière générale, les pistes et bandes cyclables confortent les conducteurs de boites de tôles à moteur dans l’opinion que la route leur appartient, que le cycliste y est un intrus et se doit de se ranger sur le coté pour les laisser passer.

Je propose donc d’arrêter immédiatement le développement des voies cyclables et de nous réapproprier la chaussée. Occupons les rues et rendons la vie invivable aux autos. Multiplions les zones 30, les chicanes, supprimons toutes les voies doubles, supprimons les parkings qui sont des pompes à bagnoles en centre ville. Roulons au milieu de la voie, reproduisons-nous activement pour augmenter notre poids face aux moteurs.

Lorsque la totalité de l’espace urbain appartiendra enfin aux cyclistes et aux piétons, nous pourrons alors envisager de construire quelques pistes bagnolables. Lorsqu’une voiture arrivera à un carrefour, la traversée de celui-ci sera alors un vrai casse-tête. Les pistes bagnolables étant mal conçues, elles s’arrêteront systématiquement avant chaque carrefour, sans continuité. L’automobiliste devra alors faire preuve d’une prudence hors norme pour ne pas risque de se faire écraser par les hordes de cyclistes en furie qui foncent sur la chaussée. L’automobile devra attendre patiemment pour passer de l’autre coté et continuer sa route. Souvent, les vélos, devenus trop nombreux, seront stationnés sur les pistes bagnolables. Les enfants y joueront au football, rendant la progression des véhicules motorisés problématique. Lorsqu’un automobiliste demandera gentiment aux enfants de s’écarter, ceux-ci répondront par de grands coups de pieds dans les portières et des insultes que je ne peux décemment pas retranscrire ici.

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Bref, la vie d’automobiliste deviendra aussi infernale que la vie de cycliste l’est aujourd’hui, mais les villes seront calmes, sans danger pour les enfants, agréables à vivre et l’air y sera meilleur que jamais. Je le répète: «A bas les pistes cyclables, vive les pistes bagnolables!».

Photo: Exemple de piste bagnolable qui permet de dégager 5 voies de circulation aux vélos

Denis CHEYNET
http://denis.chey.net/