Supprimons les autoroutes urbaines

Les autoroutes urbaines sont caractéristiques d’une époque révolue, celle du pompidolisme bagnolard, une époque où les projets autoroutiers devaient se multiplier en ville, avec à terme une autoroute urbaine qui devait déboucher au pied de chaque cathédrale française, c’est-à-dire au coeur même des agglomérations françaises.

Heureusement, dans plusieurs villes du monde, on a cessé d’augmenter la capacité routière. Dans certaines villes, on a même détruit des autoroutes urbaines. À Séoul, le maire a remplacé une autoroute urbaine à 2×3 voies de circulation par une rivière bordée d’espaces verts (Cf photo).

Il y a 50 ans, cette rivière (Cheonggyecheon) était très importante pour la capitale de la Corée du Sud, Séoul. Elle séparait les riches au nord et les pauvres au sud. Également, c’est dans cette rivière que les gens lavaient leur linge et où les enfants jouaient.

Dans les années 70, les autos étaient de plus en plus présentes dans la septième plus grande ville du monde, donc les autorités décidèrent de construire une autoroute à 6 voies sur cette rivière qui d’ailleurs commença à être de plus en plus polluée. La rivière sacrée de Séoul disparu alors sous le béton, mais en 2002 le maire Lee Myung Bak s’engagea à démolir l’autoroute à 6 voies, à restaurer le cours d’eau et à créer un magnifique grand espace vert qui traverse la ville où la rivière coula autrefois.

Plus de 160.000 voitures passaient chaque jour sur cette autoroute. Elle était alors considérée à l’époque indispensable pour l’économie de la ville. Il fallait donc énormément de courage politique pour détruire cette immense structure de béton et y créer à la place un espace vert. Les travaux commencèrent en juillet 2003. Tandis que la construction de l’autoroute prit 20 ans, la démolir et restaurer la rivière dura seulement 2 ans.

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Depuis ce temps, beaucoup d’automobilistes ont changé leurs habitudes. Certains ont même décidé d’abandonner complètement leur voiture. La Ville de Séoul en a également profité pour améliorer son service d’autobus. Donc, ce projet a eu un effet remarquable sur l’environnement. Différentes sortes d’oiseaux, de poissons, d’insectes et de plantes sont revenus dans le paysage de Séoul.

La suppression d’autoroutes, et en particulier d’autoroutes urbaines qui défigurent le paysage urbain et qui provoquent d’innombrables nuisances (bruit, pollution, coupures urbaines, etc.), est donc quelque chose de tout à fait réaliste. La fin des autoroutes urbaines est quelque chose de non seulement souhaitable, mais d’indispensable en matière climatique et environnementale. Avec un peu de courage politique, des associations volontaires et motivées, il est tout à fait possible de détruire ces autoroutes urbaines, signes d’un autre temps, celui où on voulait nous faire croire abusivement que l’automobile était synonyme de progrès et que la ville devait s’adapter à la voiture.

Le collectif Vélorution à Tours propose déjà d’organiser des vélorutions dans toutes les grandes agglomérations françaises sur le thème de la suppression des autoroutes urbaines. Chaque collectif local est invité à cibler son action sur une autoroute urbaine particulièrement inadaptée, polluante ou bruyante.

Suivons l’exemple de Séoul, remplaçons les autoroutes urbaines par des rivières et des espaces verts et finissons-en avec cet anachronisme que sont les autoroutes urbaines!

2 commentaires sur “Supprimons les autoroutes urbaines

  1. Comité des riverains de la rue du temple

    Bonjour,

    Nous sommes un comité de riverains du centre ville de Calais confronté (toutes proportions gardées) à une autoroute urbaine en centre ville (8.000 véhicules jour en sens unique dans une rue canyon dont la chaussée est large de 5m stationnement compris…(cette rue a sa réciproque dans l’autre sens en parallèle deux pâtés de maisons plus loin) Cette rue est devenue une « autoroute urbaine » car elle est une portion d’un axe structurant qui traverse toute la ville d’Ouest en Est en passant par son coeur quasiment sans feu rouge ni stop… Elle débouche au bout du centre ville sur un ancien canal qui a été comblé et transformé en axe de pénétration urbaine il y a 60 ans. Nous avons engagé différentes actions pour sensibiliser les élus qui sont assez amorphes et évoquons une requête fiscale au motif du cadre de vie dégradé (coefficient de situation générale).
    Nous sommes intéressés par partager les expériences et méthodes d’action efficaces contre les autoroutes urbaines ainsi que par toute modalité de recours juridique^pour obliger les élus à agir.
    Cordialement,
    Christophe Duffy
    membre du comité des riverains de la rue du temple de Calais

  2. John Spears

    Bonjour

    Betrand Delanoe, Maire de Paris, vient d’annoncer son intention de fermer une partie de la rive gauche de la Seine aux voitures. Bonne nouvelle. Mais quelle déception qu’on va garder l’autoroute rive droite entre les Tuileries et Bld Bourdon (4éme). La conservation de deux files de voitures veut dire qu’il n’y aura pas de place pour les vélos; Fini donc la possibilité d’une route cyclable dans les deux sens entre l’est et l’ouest de Paris.

    J’avais révé d’une route cyclable liant l’est et l’ouest (Bois de Vincennes : Avenue Daumesnil/Bld de Bercy à la Bastille / Boulevard Bourdon ; Berges de la Seine et le tunnel des Tuileries jusqu’à une piste cyclable élargie longeant le Jardin des Tuileries. La traversée de la Place de la Concorde facilitée par des feux pour cyclistes, pour joindre la très agréable piste cyclable Cour de la Reine et continuer jusqu’à la Place de l’Alma. Emprunter les avenues Président Wilson, Georges Mandel, Henri Martin (amenagés pour créer un vrai boulevard cyclable qui va jusqu’àu Bois de Boulogne). Piste cyclable existante jusqu’à l’avenue Foch, et oncontinue jusqu’à la Place Charles de Gaulle.

    Hier soir, Quai des Célestins, on voit 4 larges voies dédiées à la voiture, plus 2 sur les berges de la Seine: donc 6 voies pour les automobiles bruyants, polluants, et dangereux, et rien pour les vélos.

    Que faire? Il faut suivre l’exemple de Séoul, où le maire a remplacé une autoroute urbaine à 6 voies de circulation (160.000 voitures chaque jour) par une rivière bordée d’espaces verts.

    Applaudissons l’initiative de Monsieur Delanoe, mais faisons campagne pour qu’il rende une partie de la rive droite aux circulations douces.

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