100 dollars le baril de pétrole : la fête est finie

Certains d’entre vous ont reçu de ma part en avril 2005 un message leur annonçant la sortie du premier livre en langue française consacré au pic pétrolier (”peak oil” en anglais) : La Vie après le pétrole par Jean Laherrère aux éditions Autrement.

Grâce à ce livre, vous verrez que l’augmentation du prix n’a rien à voir avec un complot gouvernemental, ou arabe… Le 2 janvier 2008, le prix du baril de pétrole vient de franchir la barre fatidique des 100 dollars, un symbole.

Rassurez-vous, ce n’est que le début d’une longue ascension. The sky’s the limit ! D’ailleurs, pour certains, c’est l’occasion de faire la fête :
http://carfree.fr/index.php/category/fin-de-lautomobile/fin-du-petrole/ ou
http://fete100dollars.free.fr/

Au journal de la mi-journée sur France Inter le 3 janvier, j’ai entendu de doux optimistes annoncer que le prix du baril pourrait atteindre $ 150 en 2012. Je serais très surprise que ce prix ne soit pas atteint bien avant…

En Europe, les variations du prix du carburant à la pompe sont partiellement amorties par les lourdes taxes ajoutées par les gouvernements. Et de toutes façons, le carburant pour les voitures et les camions n’est qu’un des aspects de la question.

Donc, ceux d’entre vous qui ne possèdent pas de voiture ou l’utilisent très peu ne sont pas à l’abri des conséquences de l’augmentation du prix du baril :

– L’agriculture non biologique est extrêmement dépendante des produits pétroliers, que ce soit les engrais et les pesticides, tous dérivés de produits pétroliers. Sans compter les transports pour amener les différents aliments vers les marchés et magasins. Donc, ceux qui ont un jardin potager et une basse-cour ont intérêt à bien les entretenir : à l’avenir, c’est susceptible de constituer une source non négligeable de votre alimentation quotidienne.

– L’industrie pharmaceutique est également très dépendante du pétrole : ceux qui sont en bonne santé ont intérêt à faire le maximum pour y rester…

– Le chauffage : ceux qui ont une cheminée et un chauffage au bois, ainsi qu’une source abondante de bois de chauffage à proximité de chez eux, et un attirail de scies et de haches, ont intérêt à les aiguiser.

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– L’électricité : la France n’est pas plus à l’abri d’un choc pétrolier en 2007 grâce à ses centrales nucléaires, qu’elle n’était à l’abri d’une invasion hitlérienne en 1939 grâce à sa ligne Maginot : l’uranium nécessaire pour alimenter les dites centrales ne se trouve pas en France, il faut l’acheminer depuis le Niger et le Canada, devinez avec quel carburant ? Par ailleurs, le prix de l’uranium a également flambé ces dernières années. Si le prix du kilowatt/heure n’a pas augmenté en conséquence, c’est parce qu’il est pris en charge par le contribuable (la gestion des déchets nucléaires sera, elle, prise en charge par les générations futures, mais ceci est une autre question sur laquelle je ne m’étendrai pas…)

– Les biocarburants sont très à la mode depuis quelques années. Sachez cependant que si toutes les terres cultivables du monde étaient utilisées pour produire des biocarburants, il n’y en aurait que pour environ 20 % du parc mondial de véhicules. Et qu’est-ce qu’on mangerait ? Sans compter que la production de ces plantes destinées aux biocarburants est stimulée par des engrais également, à base de… devinez quoi ?

La musique adoucit les mœurs paraît-il, je vous signale donc pour compléter ma bibliographie un album en anglais qui a la particularité, à ma connaissance, d’être le seul concept-album sur le pic pétrolier : “The Coming Dark age” par le groupe Black Lung, sorti en 2005 chez Season of Mist/Soundworks.

Merci d’avoir lu ce message jusqu’à la fin, je sais que je n’ai pas fait dans la concision…

Amitiés.
Marie-Pierre.