Le déclin du marché automobile français

Marché automobile français

Selon les chiffres du lobby bagnolo-pétrolier français, le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA), le marché automobile en France connaît pour la première fois de son histoire une véritable bérézina. Que ce soit en nombre de voitures neuves vendues, en consommation de carburants ou en kilomètres parcourus sur les routes, tous les indicateurs virent au rouge et il semble bien que l’automobile en France vit actuellement une crise majeure.

Le marché automobile français avait en effet jusqu’à aujourd’hui la particularité d’être en croissance constante. Tous les ans ou presque, le nombre de voitures neuves vendues augmentait, la consommation de carburant (essence et diesel) croissait et les kilomètres parcourus battaient records sur records. Les constructeurs automobiles et les multinationales du pétrole engrangeaient profits sur profits et l’automobile roulait ainsi dans le meilleur des mondes possibles.

Le meilleur des mondes possibles, c’est-à-dire du point de vue du lobby automobile et pétrolier, un monde de profits gigantesques, de délocalisations massives, de charrettes de licenciements, de pillage des matières premières, d’émissions croissantes de CO2, de pollution généralisée, bref, un monde où automobile rime avec destruction de la planète


Ventes de voitures neuves en France

Or, depuis environ 2000, la machine se grippe, les résultats ne sont plus au rendez-vous, et le nombre de voitures neuves vendues semble avoir entamé une baisse irrémédiable. On pourrait penser que l’équipement actuel des ménages, le fameux taux de motorisation, est tel que tout le monde ou presque a une voiture neuve. Sauf que ce n’est pas tout à fait la réalité et qu’une variable inquiétante vient perturber le système : nous ne consommons plus assez de carburant !


Consommations de carburants en France

A quoi ça sert de se décarcasser à aller piller du pétrole à l’autre bout de la planète, à le transporter dans des supertankers qui s’échouent parfois sur les plages bretonnes, à le traiter dans des raffineries gigantesques qui polluent et qui puent, si l’automobiliste moyen arrête de mettre du carburant dans son réservoir? La baisse de la consommation de carburant semble être un coup dur pour les pétroliers. Heureusement pour eux, ils dégagent leurs profits à l’international et en particulier dans les pays du Sud. Mais que ce passera-t-il si les Chinois ou les Indiens nous emboitent le pas, comme cela a souvent été le cas par le passé? Et si Velo-v ou autre velib se développent à Pékin, Bombay, Djakarta, etc.


Circulation automobile totale en France

On pourra toujours nous rétorquer que si la consommation de carburant baisse, c’est que les voitures sont de plus en plus économes (Cf les 4×4 par exemple…). Le problème, c’est que non seulement la consommation de carburant baisse, mais que le nombre de kilomètres parcourus en voiture commence lui aussi à baisser, et ce, pour la première fois de l’histoire en France ! Autrement dit, on achète moins de voitures neuves, on consomme moins de carburant et on se sert moins des voitures.

Lire aussi :  Pour une définition de Suburbia (avant disparition)

Que se passe-t-il? Pourquoi la circulation automobile diminue-t-elle? Pourquoi la consommation de carburants baisse? Pourquoi les ventes d’automobiles particulières baissent-elles en France?

Voici quelques raisons en vrac à compléter si vous le souhaitez.

L’image désastreuse de l’automobile dans le grand public s’explique par:

– Les centaines de milliers de morts par accidents dont elle s’est rendue responsable au XXème siècle (beaucoup de ces victimes ne sont, elles-mêmes pas clientes de l’industrie automobile: piétons et cyclistes)

– Les dizaines de milliers de morts par pollution pulmonaire à laquelle le trafic automobile a énormément contribué et continue de contribuer,

– L’augmentation de la sensibilité à l’environnement dans le grand public.

– l’image d’individualisme véhiculé par le geste de conduire une voiture particulière (surtout si on est seul à bord) incompatible avec l’évolution des mentalités où les valeurs collectives de solidarité augmentent de plus en plus

– Les décideurs des villes moyennes et des grandes villes dissuadent de plus en plus les déplacements en automobile particulière sur leur territoire par la raréfaction des places de parking et le développement de TC en site propre, on envisage les péages urbains et des taxes durant les pics de pollution,

– Les campagnes de lutte contre la sédentarité stigmatisent l’automobile particulière (« marchons vers l’école » et « bougez autrement »)

– L’effroi du grand public devant des phénomènes qui le dépassent et dont l’automobile particulière est la cause comme le réchauffement climatique et ses conséquences (hausse du niveau des mers et atteintes à la biodiversité)

– l’image de violence et de stress associée à la conduite automobile

– Le développement d’internet qui donne une grande audience aux thèses antiautomobiles qui profitent de ce nouveau média pour exprimer un ressenti collectif hostile en réaction au monopole et au battage publicitaires des firmes automobiles.

– Le déclin du prestige de l’automobile et la prise de conscience du caractère illusoire du sentiment de liberté qu’elle est sensée procurer (RA, amendes, contraintes, coûts, sédentarité, atteintes à la santé…)

– Les initiatives de certaines villes comme Lyon ou Paris de faciliter le vélo avec les opération vélove ou Vélib qui aurait réduit le trafic des bagnoles de 10% à Lyon.

Les industriels du secteur ont du souci à se faire. Le marché de l’automobile particulière en France n’a désormais plus aucun avenir.

5 commentaires sur “Le déclin du marché automobile français

  1. JF

    Malgré la morosité ambiante qui entoure le secteur automobile à cause de la flambée du pétrole et des annonces du gouvernement à propos d’une taxe annuelle sur les véhicules polluants, le marché reste à la hausse.

    219 754, c’est le nombre de voitures neuves vendues au mois de juin, ce qui correspond à une hausse de 1,5% par rapport au même mois de l’année précédente. À noter que les modèles diesels représentent 171 196 unités. Depuis le début de l’année, le marché enregistre donc une hausse moyenne de 4,5%.
    Juin c’est aussi le moment de faire un premier bilan de l’année 2008 et une fois encore les chiffres sont encourageants car avec 1 128 895 immatriculations de voitures neuves, le marché signe une progression de 4,5% par rapport au premier semestre 2007.
    Enfin, comme toujours les marques françaises maîtrisent leur marché. Depuis janvier, la Renault Clio reste la voiture la plus vendue, suivie par un trio dans un mouchoir de poche formé par la Citroën C4, la Peugeot 207 et la Renault Mégane.

    Source: Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
    et +15% en avril

  2. CarFree

    il est vrai que le marché automobile français connaît actuellement une situation moins morose que le marché automobile européen en général et surtout le marché automobile américain en pleine bérézina, mais c’est complètement artificiel et très provisoire. Le système actuel du bonus-malus en vigueur en France soutient la vente de véhicules neufs de manière artificielle, l’industrie automobile étant ainsi sous perfusion d’argent public. On a déjà connu cette situation dans le passé avec les « balladurettes » et autres « juppettes »… Maintenant c’est les « borlooettes » et la conclusion sera identique: au bout d’un certain temps, l’effet d’aubaine disparaît et le marché s’effondre brutalement.
    c’est d’ailleurs marrant de voir que ces politiques d’assistanat de l’industrie automobile sont en fait des politiques de droite, destinées au départ à soutenir l’industrie automobile et ses emplois… sauf qu’aujourd’hui, les renault, peugeot et autres citroën sont de plus en plus fabriquées à l’étranger, mondialisation et délocalisations obligent… Donc en fait, on utilise essentiellement de l’argent public pour garantir les revenus des actionnaires et créer des emplois à l’étranger…

  3. EV

    Bel exemple de texte consternant de banalité et de politiquement correct. C’est l’apocalypse automobile !! Comment peut on à ce point manquer de nuance et d’esprit critique. « l’image desastreuse de l’automobile dans le grand public » dit il. Confère le dernier mondial de l’automobile et son affluence. Eh oui monsieur, l’automobile fait encore rever car elle est un fabuleux outil de liberté. Liberté de plus en plus baffouée, il est vrai au jourd’hui. Les évolutions technologiques arrivent à grands pas dans les moteurs hybrides notamment… et quoiqu’il en soit nous ne pourrons pas nous passer de mode de transport individuel. L’automobile va donc changer et nos relations avec elle aussi. Il y aura donc autre chose plus en phase avec les attente de l’époque. Pour finir, la farce du rechauffemment climatique. Jinvite le lecteur à lire avec un esprit ouvert ce qui peut se dire sur le sujet. Puis a chacun de se faire une intime conviction. Au pays de voltaire, subir une telle propagande a sens unique c’est pitoyable. Lisez donc un livre de marcel leroux qui est incontestablement le plus grand climatologue français ou regardez le filme suivant :ttp://video.google.fr/videoplay?docid=-4123082535546754758&hl=fr
    Voila maintenant, vous pouvez me crucifier, car nous savons bien que la critique sur ce sujet est intolérable et n’a pas le droit à la place publique.

  4. CarFree

    on connait déjà ces pseudo-références, en particulier la vidéo qui tourne sur le web et qui constitue un bel exemple de négationnisme climatique…. continuez à faire l’auto-truche!

  5. Fredo

    cet article était précurseur, bien vu d’aborder la question du déclin du marché automobile dès février 2008… et le pire, c’est que ça ne fait que commencer et que 2009 risque bien d’être pire que 2008 (ou mieux, c’est selon…)

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