La ville idéale des enfants est pauvre en voitures

Par Caroline Julien

Peu de voitures circulent dans la ville des enfants. Les jeunes ont décidé d’accorder la priorité aux transports en commun: autobus volant, train amphibie, bateau, avion, vaisseau spatial, mais aussi… cabines téléportatives.

Si l’on demandait à des enfants de bâtir une ville idéale, à quoi ressemblerait cette ville? D’après une maquette réalisée par les jeunes visiteurs du Centre canadien d’architecture de Montréal (CCA), la cité idéale des enfants serait hautement écologique.

«Vous êtes une équipe d’architectes et votre planète Terre est surpeuplée. Vous avez été choisis pour bâtir une ville sur un clone de la Terre : Terre B. Vous devez imaginer votre ville et en réaliser une maquette, afin qu’elle soit une ville modèle, parfaite, idéale.» Voilà la mission confiée aux enfants qui ont visité l’exposition «Les parcs thématiques de Disney», au CCA, l’été dernier. Comme source d’inspiration: la ville modèle que Walt Disney projetait lui-même de construire sur ses terrains d’Orlando, en Floride.

En tout, près de 1 300 jeunes, principalement des élèves du primaire, ont contribué à la maquette de la ville Harmonia, réalisant un véritable travail d’équipe: chaque groupe continuait, au fil des semaines, le travail effectué lors des activités d’animation précédentes. Au cours de ces activités, les jeunes découvraient le travail effectué par leurs prédécesseurs et discutaient des éléments manquants à leur ville idéale. Chacun choisissait ensuite un élément (bâtiment, moyen de transport, résidence…) qu’il devait dessiner sur un plan, pour ensuite le représenter, à l’échelle, sur une maquette de deux mètres sur quatre.

Imagination au pouvoir

Le résultat est surprenant. La ville se divise en six quartiers: résidentiel, industriel, scientifique, récréatif, aéroport et centre-ville. Quelques aspects d’Harmonia ressemblent à une ville traditionnelle (maisons, rues, écoles, banques…); mais d’autres se démarquent par un souci écologique et beaucoup d’imagination.

«Dès le départ, les jeunes voulaient une ville propre, ordonnée et écologique, se rappelle l’animatrice Fabienne Fusade. La présence d’arbres et de parcs revenait souvent dans les discussions.» Si on remarque que les arbres et les parcs sont effectivement au rendez-vous sur la maquette, on voit aussi que les rues d’Harmonia sont presque vides. Peu de voitures circulent dans la ville des enfants. Les jeunes ont décidé d’accorder la priorité aux transports en commun: autobus volant, train amphibie, bateau, avion, vaisseau spatial, mais aussi… cabines téléportatives.

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Pour faire fonctionner les véhicules, les jeunes ont choisi l’énergie électrique. Mais attention: il n’existe aucune centrale hydroélectrique, thermique ou nucléaire à Harmonia! L’électricité provient de l’énergie solaire… et lunaire. Puisqu’on ne peut pas capter l’énergie solaire pendant la nuit, aussi bien utiliser l’énergie réfléchie par la lune, se sont dit les enfants. La majorité des bâtisses possèdent leurs propres capteurs.

Dragon mangeur de poubelles

Et qu’en est-il de la gestion des déchets? «Moi, j’ai mis des poubelles, explique Nathalie, neuf ans. Mais je les ai enfouies dans la terre. C’est plus beau comme ça.» Et lorsque ces poubelles sont pleines, un dragon mangeur de poubelles vient se régaler. Pratique!

Pour les jeunes, la qualité de l’environnement semble importante. «Moi, j’ai construit un laboratoire de recherche sur la biologie de l’eau, explique Jamie, sept ans. Mon laboratoire sert à mesurer la qualité de l’eau de la rivière et à observer les animaux qui y vivent.» On trouve aussi, dans le quartier scientifique, un centre de recherche destiné à capter l’énergie des éclairs pour nettoyer la rivière. Un autre centre capte la pollution des nuages pour en faire des matières plastiques!

Et puis, comme il n’y a pas que le travail dans la vie, toute une partie de la ville est réservée au jeu. Théâtres en plein air, parcs d’amusement, terrains de jeux…

Tous les créateurs d’Harmonia ont été conviés au dévoilement de la maquette, au mois septembre. Quelques-uns n’avaient participé qu’aux travaux du début; ils découvraient avec émerveillement l’œuvre complétée. D’autres, par contre, étaient un peu tristes de ne pas pouvoir emporter leur chef-d’œuvre à la maison. Ils peuvent dormir tranquille: la maquette survit. Elle est maintenant exposée au siège social du fabricant de yogourt Liberté, de Montréal, qui a commandité l’activité.

Photo Michel Boulet, CCA