La ville sans voitures

On connaissait les quartiers sans voitures, dont certaines expériences réussies à l’étranger montrent que la ville sans voitures est possible et souhaitable. Citons principalement le quartier Vauban à Fribourg (Allemagne) et le quartier GWL Terrein à Amsterdam (Hollande).

On connaissait également Illichville, l’utopie urbaine sans voitures, un projet de ville compacte sans voitures de vingt à trente mille personnes.

CarFree France présente désormais la topographie d’une ville sans voitures. Il s’agit de la présentation détaillée de ce que pourrait être une ville sans voitures. Le plan d’urbanisation proposé est adapté à l’aménagement d’une ville peuplée de 300.000 à 3 millions de personnes.

Ce projet urbain modulaire et évolutif constitue une alternative crédible au mode de vie périurbain actuel, dont les lotissements de pavillons consommateurs d’espace risquent bientôt de devenir les bidonvilles du futur, avec la fin du pétrole et l’augmentation continue du prix de l’énergie.

Il s’agit de la présentation détaillée de ce que pourrait être une ville sans voitures. Le plan d’urbanisation proposé est adapté à l’aménagement d’une ville de plusieurs millions d’habitants.

Les normes de conception pour des villes sans voitures peuvent être réalisées dans une ville qui offre une excellente qualité de vie. Il est très important que l’aménagement de la ville sans voitures réponde à ces normes de conception. Les standards de référence décrits ci-dessous s’appliquent à une ville d’environ un million de personnes, mais la conception peut être adaptée à des villes peuplées d’environ 300.000 à 3.000.000 de personnes.


Topographie d’une ville sans voitures

Normes de conception

Les éléments suivants résument les normes de conception les plus importantes d’une ville sans voitures.

* Population: 1,000,000 d’habitants
* Surface de la ville: 250 km²
* Secteur bâti: 20% de l’emplacement total
* Secteur vert: 80% de l’emplacement total
* Nombre de quartiers: 100
* Population d’un quartier: 12,000 habitants
* Diamètre d’un quartier: 760 mètres
* Densité: FAR= 1,5
* Durée maximale de déplacement: 35 minutes
* Trafic automobile: aucun

Un plan urbain en forme de trèfle à six feuilles

Certaines normes de conception exigent davantage d’explications. Environ 100 quartiers seraient construits, chacun approximativement de 760 mètres de diamètre, avec des rues rayonnant de la gare centrale. Les quartiers sont organisés sur un modèle de trèfle à six feuilles constituant six lobes d’urbanisation.

Des 100 quartiers, les 18 les plus éloignés du centre de la ville sont « des secteurs de service ». Ces secteurs non résidentiels sont réservés pour certains types d’infrastructures, comme l’industrie ou le stationnement par exemple.

La ville sans voitures

Six lobes d’urbanisation

Les quartiers sont aménagés au sein de ces six lobes. Cette organisation a plusieurs avantages:

· Il y a seulement trois lignes de métro, chacune commence dans un lobe, passe par le centre et se termine dans un lobe adjacent.

· Les trois lignes de métro ne se croisent pas, mais la proximité des lignes au centre permet à chacun d’effectuer les transferts nécessaires. Plus de trois lignes ne peuvent pas être aménagées dans un tel modèle (excepté en ajoutant une boucle autour de la boucle extérieure ou une très petite sur l’intérieur, ce qui n’apparaît pas nécessaire. Les distances de marche aux points de transfert restent limitées et il y a trois endroits de transfert au lieu d’un seul espace central serré. Tout au plus, un seul transfert est à envisager pour pouvoir atteindre tous les points de la ville.

· Chaque quartier est entouré par au moins une ceinture verte étroite.

· L’efficacité du système de transport est importante, les coûts de construction sont réduits au minimum, et les temps de déplacement restent limités.

· Tous les secteurs de la ville sont proches du centre.

20% de surfaces bâties

Afin de fournir à la ville et à ses habitants beaucoup d’espaces ouverts, seulement 20% de la surface totale de la ville serait urbanisée. Les espaces verts occuperaient les 80% restants de la surface de la ville. Cependant, dans les cas où le foncier coûterait très cher, il est possible d’augmenter la densité en laissant seulement de petits secteurs verts entre des quartiers plus nombreux.

Lire aussi :  Mme Cécile Duflot, alliée des constructeurs automobiles

A 35 minutes de n’importe où

La durée la plus longue de déplacement entre les deux points les plus éloignés de la ville est d’environ 35 minutes. Cette situation se produit quand l’origine du déplacement est au bord extérieur d’un des quartiers de service et la destination est également au bord extérieur d’un quartier de service situé sur une ligne différente de métro.

Ajustements de la taille de la ville

Le nombre de quartiers peut être facilement ajusté pour convenir à la taille désirée de la ville. Une ville avec moins de 50 quartiers permet de simplifier la topographie ou de réduire la densité. Une ville avec environ 200 quartiers commence à rallonger de manière excessive les temps de déplacement, provoquant des temps de déplacement maximaux approchant les 50 minutes. Une ville de 200 quartiers peut être malgré tout adaptée pour environ 2.000.000 d’habitants.

Jusqu’à environ 3 millions de personnes, la longueur des lobes pourrait encore être augmentée, mais les temps maximaux de déplacement montent à environ une heure, ce que l’on peut considérer comme la limite extrême de l’acceptabilité.

Au dessus de cette taille, une autre forme urbaine est exigée. Il semble alors préférable de construire plusieurs villes-soeurs, chacune avec un million d’habitants, disposées dans un cercle approximatif, avec les centres de ces villes liés par chemin de fer à grande vitesse. Avec une telle organisation, les temps maximaux de déplacement entre deux points quelconques dans la zone métropolitaine seraient alors d’environ 45 minutes. Cette situation serait adaptée à des villes pouvant atteindre 6 millions d’habitants.

Si chacune des villes-soeurs peut atteindre 2 millions d’habitants, alors une ville sans voitures de 12 millions d’habitants est possible, avec des temps maximaux de déplacement juste au-dessus d’une heure. Des plans urbains permettant d’accueillir d’encore plus grandes populations peuvent être imaginés.

Un autre choix urbain est possible

Deux choses marquent les esprits en première analyse. Tout d’abord, l’ampleur et l’adaptabilité du projet, qui consiste à réaliser une ville sans voitures pouvant atteindre plusieurs millions d’habitants. On est loin ici de certains projets d’éco-villages de quelques milliers d’habitants.

Ensuite, c’est l’efficacité du système de transport proposé qui saute aux yeux. Une ville sans voitures d’un million d’habitants peut en effet se satisfaire de seulement trois lignes de métro, tout en respectant une durée maximale de déplacement entre les deux points les plus éloignés de la ville ne dépassant pas 35 minutes!

Ces quelques éléments laissent songeur quand on pense au fonctionnement actuel de nos villes faites pour la voiture… Ce plan urbain sans voitures montre ainsi qu’il est tout à fait possible d’envisager une autre ville, une ville moderne avec une haute qualité de vie environnementale, adaptée aux déplacements quotidiens de centaines de milliers de personnes. Cet exemple prouve que l’automobile n’est pas une fatalité et que la situation actuelle de nos villes n’est pas le seul choix possible.

La ville que nous connaissons actuellement, c’est-à-dire la ville automobile, n’est en fait qu’un choix politique, conditionné par les pressions économiques exercées par les multinationales du pétrole, les constructeurs d’automobiles, les transporteurs routiers et l’appareil spectaculaire marchand (médias, publicité, marketing, etc.).

Un autre choix politique est donc possible, le choix d’une ville sans voitures, mais ce ne peut être que le choix des citoyens, si nous décidons tous ensemble de reprendre en mains notre destin et celui de nos villes.

Source : Pour en finir avec la société de l’automobile

2 commentaires sur “La ville sans voitures

  1. kd

    Cela fait longtemps (à mon échelle) que je travaille sur un ville rationnellement organisée, sans voitures.

    La forme de base doit être bien entendu le cercle (symbole d’équité dans la Table ronde, déjà), qui se retrouve dans ce magnifique schéma à la base des quartiers et dans la forme générale, inscrite dans un cercle. Ici, presque rien à redire, sinon que dans le fonctionnement de la ville, il faudra éviter quand même de centraliser les institutions, les points d’intérêt et garantir une densité à peu près constante de population et d’équipements. Je pense qu’il faudrait également, comme c’est évoqué brièvement, une grande ligne de métro circulaire. Imaginez si un problème se produit à un endroit précis sur la ligne, entre deux stations :
    – dans le premier cas, la liaison est rompue
    – avec la ligne circulaire, d’un côté la liaison reste directe, de l’autre, les passagers rejoignent la ligne circulaire puis une autre ligne jusqu’au centre.

    Et surtout, comme dans tout les projets de ville idéale, il faudrait garder une identité dans chaque quartier, pour qu’on ne se morfonde pas dans une ville immense et partout similaire. Il faudrait des couleurs, et de la variété, que l’architecture reflète la mixité sociale et culturelle de la ville.

    Merci pour ce beau projet, ces belle idées !

Les commentaires sont clos.