Une voiture pas chère pour détruire rapidement le Monde

INDIA-ECONOMY-NANO-PROTEST

Depuis le temps qu’on le dit que l’automobile est en train de détruire la planète… le coup de grâce pourrait bien venir d’Inde où le groupe industriel Tata Motors vient de présenter devant 1200 journalistes la « voiture la moins chère du monde », la « Nano », qui a tout de la voiture low-cost.

La version de base de la Tata Nano sera en effet vendue en Inde aux alentours de 1700 euros, à partir de septembre 2008. A ce prix-là, autant dire que les ingénieurs indiens ont raboté les coûts de toutes les pièces. Exemple: le compteur kilométrique analogique a été préféré au numérique, plus précis, mais jugé superflu. Et la boîte de vitesses a été imaginée à partir d’un système inventé par Léonard de Vinci à la fin du XVe siècle…

L’objectif est clair, doter à terme chaque indien, du moins ceux appartenant aux classes moyennes, d’une voiture Tata! Le problème, c’est que la classe moyenne en Inde représente quand même 300 millions de personnes… Même si le taux de motorisation indien (nombre de voitures par habitant) est encore très faible, aux alentours de 8 voitures pour 1000 habitants (à comparer aux 600 voitures pour 1000 habitants en France), les marges de progression sont énormes. Déjà, le taux de motorisation indien a ainsi été multiplié par trois entre 1985 et 2002.

Le groupe Tata vend sa voiture 1700 euros!

Le constructeur automobile indien table sur 250.000 ventes les premières années pour atteindre ensuite l’objectif d’un million de véhicules vendus par an, ce qui doublerait la production annuelle de l’Inde en matière de voitures (elle est actuellement en 2006 d’environ 1,1 millions de voitures par an).

Un cauchemar pour l’environnement

Cet objectif audacieux comporte des risques pour l’environnement. Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, a déclaré que la Tata Nano allait devenir un cauchemar pour l’environnement. La Nano ne sera en effet pas commercialisée en Europe car elle n’est probablement pas conforme aux standards européens en ce qui concerne les émissions de CO2. Pourquoi « probablement »? Parce qu’aucun détail sur les émissions atmosphériques de la Nano n’a toutefois été dévoilé par Tata… ce qui est quand même bizarre quand on réunit 1200 journalistes pour présenter fièrement au monde entier une voiture censée révolutionner l’automobile…

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Pour Anumita Roychoudhury, du Centre pour les sciences et l’environnement, à New Delhi, cette tendance de la voiture low-cost est une « bombe à retardement ». « Lorsque vous baissez aussi fortement les prix, comment pouvez-vous parvenir à respecter les normes de sécurité et de pollution? », a-t-elle déclaré dans un entretien à The Observer, précisant à Reuters: « Ce n’est absolument pas viable, d’un point de vue environnemental comme en terme de congestion du trafic. »

Un cercueil roulant?

En matière de sécurité, la Tata Nano ne semble pas non plus respecter les standards occidentaux. La voiture n’aura pas de freins abs ni d’air-bags par exemple. Quant à sa carrosserie, elle échouerait à tous nos essais de collisions en crash-test.

Mais l’environnement et la sécurité, cela reste la préoccupation de quelques riches occidentaux… En attendant, le groupe Tata Motors compte bien exporter massivement sa voiture à 1700 euros en Chine bien sur, mais aussi en Russie et en Afrique.

Les pauvres aussi ont le droit de polluer et de dérégler le climat! Sauf que, quand ils s’y mettent, les choses deviennent vraiment sérieuses. Pour rappel, la population indienne est de 1,1 milliard d’habitants en 2006 et la population chinoise de 1,3 milliard d’habitants en 2007…

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