Les déchets automobiles

Le nombre de véhicules mis annuellement sur le marché français avoisine les 2 millions. La part la plus importante de ce marché est réservée au marché du remplacement. On estime ainsi que la quantité de Véhicules Hors d’Usage (VHU) produits ces dernières années varie de 1,2 à 1,4 millions par an. Certaines années ont vu ce nombre augmenter fortement avec l’instauration passagère de primes gouvernementales à « la casse » pour atteindre environ 2 millions.

On estime qu’un véhicule hors d’usage est aujourd’hui valorisé à hauteur de 80 % environ. (étude Ademe). Pour un poids moyen des véhicules de 900 kg en 1999, cela fait donc quand même 180 kg de déchets par véhicule qui sont purement et simplement mis en décharge. A l’échelle française, cela représente donc un total de 234.000 tonnes par an de déchets automobiles qui ne seront pas valorisés et qui termineront en décharge… Pour information, cela représente l’équivalent en poids de 23 Tour Eiffel tous les ans! (poids de la Tour Eiffel: 10.000 tonnes)

En application du décret 2002-540 du 18 avril 2002 relatif à la classification des déchets, les véhicules hors d’usage (VHU) qui contiennent des liquides ou composants dangereux (huiles de vidange, batteries au plomb etc.) sont considérés comme des déchets dangereux. Ainsi, tout véhicule remis à une installation en vue de sa destruction est un déchet dangereux.

Les détenteurs de véhicules destinés à être détruits (VHU) sont les suivants:

  • les compagnies et mutuelles d’assurance (30% en nombre),
  • les particuliers (25%),
  • les garages indépendants (15%),
  • les concessionnaires automobiles (15%),
  • les fourrières (10%),
  • les domaines (5%).

Les pneus usagés

Faute de comptabilité des flux de pneus usagés produits sur le territoire français, les estimations se basent sur les ventes de pneus neufs. A l’aide de diverses hypothèses, on estime que 405.000 tonnes de pneus usagés ont été produites en 2000, dont :

  • 234.000 tonnes pour les véhicules légers (VL)
  • 17.000 tonnes pour les utilitaires légers (VUL)
  • 123.000 tonnes pour les poids lourds (PL)
  • 31.000 tonnes environ de diverses origines : génie-civil (CG), agricole, cycles

Composés de mélanges de caoutchoucs, de noir de carbone, d’acier, de textiles divers, d’oxyde de zinc, de soufre et d’additifs, les pneus usagés ne sont pas considérés comme des déchets dangereux mais ils présentent malgré tout un danger pour l’environnement et la santé en cas d’incendie sur le site de stockage ou le dépôt sauvage (émissions de fumées toxiques et éventuellement d’un liquide huileux). L’incendie des pneumatiques devient rapidement non maîtrisable, comme l’incendie sur le site d’Airtaix en Saône et Loire en février 2002.

Un professionnel du tri peut dégager 20 à 40 % d’un lot de pneus usagés sous forme de pneu usagé réutilisable (occasion, export,…) ou rechapable. Cela fait donc entre 60 et 80% de pneus usagés non valorisés, soit 243.000 à 324.000 tonnes de pneus usagés qui terminent tous les ans en décharge! (soit environ 30 Tour Eiffel tous les ans!).

Le gaspillage de l’eau

L’eau, bien rare et précieux qui vient à manquer dans de nombreux endroits du monde, est littéralement gaspillée tout au long du cycle de vie de l’automobile. En premier lieu, la seule construction d’une voiture nécessite en moyenne l’utilisation de 300.000 litres d’eau (Source : T&E Bulletin, n°89, juin 2000). De manière plus générale, l’édification d’une voiture exige 20 fois plus de matières premières que son poids.

Le scandale du lavage des voitures

Chaque année, 30 millions de véhicules sillonnent les routes de France et passent une dizaine de fois à la « machine à laver », histoire de se refaire une beauté. Consommation d’eau et d’électricité, détergents : le bilan environnemental n’est pas neutre. Le lavage des voitures génère là aussi une masse gigantesque de déchets.

Selon le Centre d’information sur l’eau, 6 % de l’ensemble de l’eau potable consommée en France est utilisée pour le lavage de la voiture et l’arrosage des plantes. Selon une étude du ministère de l’Environnement, près de 35 millions de mètres cube (m3) d’eau sont employés chaque année au seul lavage des voitures dont plus de la moitié au domicile des automobilistes.

Première information : cette pratique – polluante – est indirectement interdite par la loi, car les eaux résiduelles se déversent directement dans le sous sol. Seconde information : le lavage individuel d’un véhicule est catastrophique. D’abord, il consomme davantage d’eau : 300 litres contre 60 en station spécialisée. Ensuite, son impact environnemental est désastreux.

Lire aussi :  La déraison de la croissance (des transports)

Selon le CNRS, les eaux résiduelles contiennent « des hydrocarbures, des phosphates, ainsi que des polluants mécaniques ». L’avantage des centres de lavage spécialisés tient à leurs bacs de décantation pour le traitement des éléments nocifs.

Le lavage des voitures représente donc un double scandale écologique : scandale en terme de consommation d’eau, qui est en France de l’eau potable qui pourrait être utilisée pour d’autres usages, scandale en terme de pollution de cette eau qui rejoint le plus souvent les espaces naturels, ce qui constitue une atteinte à l’environnement.

Ça fait un peu cher payé pour avoir une « voiture propre », non?

Le scandale des vidanges sauvages

A ce triste bilan, il faut ajouter les vidanges sauvages d’huiles usagées. Selon l’Ademe, depuis plusieurs années, la récupération des huiles usagées provenant des moteurs et des installations industrielles a considérablement fait baisser la pollution naguère provoquée par les vidanges sauvages. Mais elle n’est pas tombée à zéro pour autant : entre les huiles à usage perdu et les fuites accidentelles, on estime qu’en France, plus de 35.000 tonnes d’huiles disparaissent chaque année dans la nature d’une manière ou d’une autre.

Plus de 30 millions de véhicules circulent en France et passent régulièrement par la case « vidange ». Attention danger.

Le chiffre fait frémir : un seul litre d’huile de vidange peut à lui seul polluer 1 million de litres d’eau saine. D’une manière générale, les huiles usagées sont peu biodégradables. Elles ont une densité plus faible que l’eau. C’est pourquoi 1 litre d’huile usagée peut couvrir une surface de 1.000 m² d’eau et réduire l’oxygénation de la faune et de la flore du milieu.

En France, 230.000 tonnes d’huile de vidange sont extraites chaque année des voitures qui circulent. Heureusement, ce liquide particulièrement nocif n’est pas, la plupart du temps, rejeté directement dans la nature. Une fois récupérée par le garagiste, l’huile est collectée par un « ramasseur » agréé qui est chargé de transférer le produit toxique vers un site de valorisation énergétique comme une cimenterie par exemple, ou bien dans un centre de régénération.

Dans des conditions idéales, il est possible d’obtenir un litre d’huile prêt à l’emploi en recyclant trois litres d’huile de vidange usagés. Qu’en est-il des déchets ultimes de cette valorisation des huiles usagées? Impossible d’en savoir plus à ce sujet…

Mais, le problème principal réside dans ce que l’on appelle les « vidanges sauvages », à savoir les vidanges d’huile réalisées directement par les particuliers, sans aucun contrôle et sans aucune garantie en ce qui concerne la destination finale de ce produit toxique et dangereux. Selon une étude de l’ADEME, un grand nombre d’automobilistes procèdent, seuls, à la vidange de leur véhicule et génèrent ainsi plus de 35.000 litres d’huiles usagées par an.

Combien de litres, parmi ces 35.000 litres d’huile usagée, se retrouvent directement dans la nature? Car, si ces 35.000 litres d’huile de vidange se retrouvent dans la nature, ils ont la capacité de polluer environ 35 milliards de litres d’eau ! Oui, vous avez bien lu, 35 milliards de litres d’eau saine.

A part ça, l’automobile pollue de moins en moins et la voiture est de plus en plus propre, ayez confiance, ce sont les constructeurs automobile qui vous le disent!

Au-delà des problèmes environnementaux, l’automobile est un problème de société, une société de consommation qui commence à crouler sous ses propres déchets, et dont la technologie n’apporte pas les solutions économiques permettant d’envisager un recyclage et une valorisation satisfaisante des déchets automobiles. L’économie du système automobile est donc avant tout une économie du pillage (des matières premières et du pétrole) et de la destruction (des êtres humains, des animaux et de l’environnement).

carfree-déchets
Campagne Carfree France 2008 « Une voiture en moins »

9 commentaires sur “Les déchets automobiles

  1. calamity

    mon employeur peut il m obliger à laver les vehicules de l entreprise sans aucune precautions pour l environnnement?
    existe t il une loi interdisant aux entrprises le lavage de leurs vehicules de façon « sauvage »?

  2. CarFree

    oui c’est interdit par la loi pour cause de rejets polluants, mais il faudrait trouver les textes réglementaires qui le précisent.

  3. ludovic

    un voisin a fait sa vidange directement sur le parking de l’école primaire près de chez moi, à même le sol sans récipient !
    qu’encoure-t-il au niveau de la loi ? (amende , peine …?)

  4. alan123

    J’aime bien faire ma part de préserver la nature. Je préfère acheter des pneus usagés pour qu’ils soient moins dans le monde. Mes amis disent toujours d’utiliser ce site en Québec pour trouver les bons prix. http://www.autoperfo.com

  5. Lomoberet

    Mon bon NUIT GRAVE, j’ai relu attentivement ton article et je suis resté en arrêt devant la comparaison : Lac Baïkal et gaspillage d’eau potable pour laver les bouses à moteur.
    Tu nous annonce un volume de 23 millions de mètres cube pour ce joli lac qui est le plus profond du monde et l’un des plus vastes.
    Après calcul, 23 millions de mètres cube, ça tient dans un réservoir cubique de 285 mètres de coté !
    Je pense que tu as du roupiller un peu trop pendant les cours de physique au lycée :
    Dans un kilomètre-cube, il y a un MILLIARD de mètre cube et non MILLE !
    Wikipédia, annonce 23500 km3 pour le lac Baïkal donc un million de fois plus que tu ne l’écris.
    Je te laisse le calcul du nombre d’années qu’il faudrait à l’Angara pour le vider complètement si la sécheresse tarissait ses affluents

  6. Laurent

    En ce qui concerne les vidanges par le propriétaire du véhicule lui même, pour quelques euros il pourra acheter dans le même magasin que les joints et filtres un bidon collecteur qui peut ensuite être directement vidé dans le containeur adéquat lors de la prochaine visite à la déchetterie et ce gratuitement pour les particuliers.
    Je pense que les particuliers génèrént plutôt 35000 tonnes d’huile de vidange que 35000 litres (environ 8 millions de vidanges à 5 litres et non pas 7000 vidanges).

  7. Lomoberet

    En prenant un débit moyen de l’Angara de 1800 mètres-cube par seconde à Irkoutsk (je ne compte pas les glaçons), combien de temps faudrait-il à l’Angara pour vider le lac Baïkal si il n’était plus alimenté (et que celà soit faisable) ?

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