Paris sans voitures

Les citadins ont vaincu la voiture. L’«auto discipline» a enfin triomphé. Développement des transports en commun, covoiturage généralisé, interdictions drastiques ont eu raison des embouteillages d’hier. Le piéton parisien redécouvre sa ville

Madame la maire est verte. En 2013, la présidente du très puissant parti écologiste a remporté la Mairie de Paris avec pour seule promesse électorale: plus de voitures individuelles dans la capitale. La bataille avec le nouveau parti Auto défense, financé par les plus grands constructeurs automobiles européens, fut rude. Deux ans plus tard, la place de la Concorde rendue aux piétons et aux cyclistes ressemblait à celle de Tiananmen à la fin des années 80. Les vélos avaient envahi la ville. Un récent sondage auprès des Parisiens montrait que 62% d’entre eux exigeaient une réglementation sévère de l’usage de la sonnette en raison des nuisances sonores provoquées par de nouveaux modèles aux stridences insupportables. Au siècle dernier, les Parisiens se lamentaient de la pénurie de taxis. En 2013, ils s’indignent de la permanence chez les chauffeurs de taxis à moteur électrique subventionnés par les pouvoirs publics, aujourd’hui très nombreux, d’un caractère aussi détestable qu’au siècle dernier. Madame la maire est verte de colère. Le mouvement ultragauche des «piétons-opprimés» exige une réglementation impitoyable pour limiter l’usage anarchique du vélo en ville. L’obligation d’un permis de pédaler est à l’étude au ministère des Transports. Asthmatiques, personnes âgées, nourrissons et joggeurs, eux, ne protestent pas. L’air est devenu respirable à Paris. Epreuve régulière, le Marathon de Paris est la compétition reine de ce début de décennie. Le loto-marathon est un triomphe populaire. Le nouveau Musée de l’Auto inauguré quai André-Citroën est le rendez-vous obligé des nostalgiques du tout-voiture. La réintroduction du cheval et des cavaliers dans Paris est à l’étude dans les bureaux de l’Hôtel de Ville.

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Gérard Petitjean
Le Nouvel Observateur

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