Proposition de recherche pour une ville sans voiture

Proposition de recherche pour une ville sans voiture est le nom d’un rapport commandé en 1991 par la Communauté économique européenne à TECNOSER, une maison de consultants de Rome (Italie). Sa diffusion fut limitée, presque confidentielle. Aucun livre ou document publié depuis ne fait référence à ce rapport. Or ses conclusions dépassent les plus belles espérances du mouvement d’opposition aux abus de l’automobile. Extraits.

« L’étude a prouvé que:
– Des villes sans voitures, urbanistiquement conçues d’après le modèle qui se dégage du Livre vert et dotées d’un nouveau système de transport expressément pensé pour elles, sont non seulement plus vivables à tous égards (tant socialement qu’écologiquement), plus accessibles et traversables en peu de temps, mais elles pourraient être réalisées au prix d’investissements en mobilité nettement moindres que ceux d’aujourd’hui, avec un système de transport moins coûteux à gérer, des économies d’énergie significatives, un plaisir visuel amélioré et une restitution, à chacun de ses habitants, d’une part importante de son temps.
– La prédominance de la voiture n’est donc pas fondée sur les lois inexorables du marché, mais sur leur violation, sur l’ignorance par les bilans écologiques des externalités négatives ou l’omission de données positives (…) enfin, cette prédominance profite également d’un vide institutionnel auquel sont confrontés les décideurs face à une tâche toute nouvelle: adapter le transport à la ville.
– Pour cela, nous avons exploré la physionomie de villes avec moins de voitures (…). L’hypothèse de la construction d’une ville sans voitures se révèle donc parfaitement réalisable sur tous les plans, à commencer par l’économique. »

Or si les auteurs d’une Proposition de recherche pour une ville sans voiture font preuve d’une grande érudition, ils cachent mal leur crainte de passer pour des hérétiques. On a beau être Romain, il y a des tabous auxquels il est dangereux de s’attaquer:

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« Ce n’est pas l’automobile qui est sur la sellette, mais bien le binôme voiture-ville et les modèles d’implantation et de fonctionnalité urbaines qui en découlent et toutes les considérations issues de cette thèse ont pour fil conducteur une attitude résolument positive et constructive; il ne s’agit donc pas d’un exercice académique, d’un message millénariste ou d’une excentricité, mais d’une contribution censée promouvoir la résolution de problèmes urgents, réels et désormais souvent proches du paroxysme [en note: tels que les nuisances, les accidents, le gaspillage de temps, l’occupation des sols, etc.] que pose la présence envahissante de la voiture dans nos cités. »

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Malgré une diffusion confidentielle, le rapport mènera à la création du Club des villes sans voitures en 1994. Le Club est devenu le Réseau des villes sans voitures, sa charte est plus modérée que ne l’annonce son nom, mais le Réseau organise aujourd’hui la journée européenne “En ville sans ma voiture”. Depuis la Charte d’Athènes largement inspirée par Le Corbusier, jusqu’à la recherche aujourd’hui d’un nouvel urbanisme (www.cnu.org) s’appuyant sur les transit oriented developments [développements urbains donnant la priorité aux transports publics] et l’urbanisme communautaire, c’est peu dire qu’une révolution conceptuelle est en marche. Affaire à suivre…

Référence: Tecnoser, Proposition de recherche pour une ville sans voiture, Roma, Ing. Fabio Maria Ciuffini (Coordonnateur), Ing. Francesca Ciuffini, Arch. Aldo Tarquini, 10/12/1991