Fin du pétrole: courage Fillon!

Le premier ministre français François Fillon déclarait la semaine dernière, le 13 juin 2008, lors de sa visite du site du projet franco-allemand de production d’électricité par géothermie de Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin):

« Encourager la consommation d’hydrocarbures en faisant baisser le prix de l’essence serait un contre sens historique, une logique de courte vue. Ce serait prolonger une illusion en attendant la hausse suivante. Je refuse d’entrer dans cette logique de courte vue. L’Etat n’est pas là pour donner un faux répit. Il est là pour aider à franchir un cap. Et ce cap, nous ne pourrons le passer qu’avec une vraie politique de transition. »

Quelle vision stratégique et prospective de la part d’un premier ministre! Enfin un politique qui met les pendules à l’heure et ose l’invraisemblable: nous alerter sur la fin imminente du pétrole et sur la nécessité de limiter la consommation d’essence! Enfin, la question de la transition post-pétrole posée sur la place publique et dans la bouche d’un décideur!

Le problème, c’est que dimanche dernier, le même François Fillon était au Mans où il commentait sur France 2, chaîne de télévision publique, l’avant-course et le départ des 24 Heures du Mans… Mais monsieur Fillon a même fait beaucoup mieux que de présenter à la télévision les 24 Heures du Mans, il a lui-même participé en 2006 (photo) aux 24 Heures du Mans « Classic », au volant d’une Ferrari 275 GTB (Source: bien évidemment, Le Figaro…)

Pour quelqu’un qui ne veut pas encourager la consommation d’essence, un tel affichage au sein d’une course caractérisée par un gaspillage généralisé du carburant a quelque chose de choquant, non? Car, rappelons-le, les 24 Heures du Mans avalent 280.000 litres de carburant (essence et diesel) (Source: Ouest-France).

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Tenez-vous bien ! Le prototype Pescarolo à moteur Judd de 550 chevaux avale à lui seul 50 litres d’essence aux 100 km soit, pour une course de 24 Heures s’étalant sur environ 5.000 km parcourus, la bagatelle de 2.500 litres consommés.

Et on ne parle même pas de l’idiotie qui consiste à faire rouler en rond des voitures durant 24 heures sur 5.000 km! Mais le Mans, ce n’est pas pareil… c’est la région d’origine de notre cher premier sinistre. Alors, il faut bien flatter sa base électorale de temps à autre.

Un tel décalage entre discours officiel et réalisme politique illustre une fois de plus l’incurie de nos classes dirigeantes face aux enjeux planétaires qui nous attendent (fin du pétrole, épuisement des matières premières, réchauffement climatique, pollution, etc.). Bref, nous sommes mal barrés!

4 commentaires sur “Fin du pétrole: courage Fillon!

  1. Yo

    Je ne vois point de décalage entre ses dires et ses actes. La « politique de transition » qu’il évoque, c’est une classe aisée qui continuera son train de vie. Se pavaner aux 24h est une image forte et symbolique envoyée à l’oligarchie financiére et ses laquets.
    De l’autre, pour les gueux, ce sera sans « faux répit ».

  2. CarFree

    vu sous cet angle-là, il est vrai qu’il n’y a pas de décalage, juste l’affichage de puissants qui prennent les pauvres pour des cons…

  3. Bôôh

    Si au niveau du symbole c’est triste, il faut rester sérieux, l’abandon total de tous sports motorisés n’aurait strictement aucun effet sur le volume de carburant consommé, ces 280 m3 de carburant ce n’est absolument rien, c’est la consommation annuelle moyenne de quelque chose comme 150 ou 200 voitures, comparés aux millions qui composent le parc français. A la limite je préfère voir des pilotes tourner en rond dans une compétition avec les 300 derniers m3 de pétrole plutôt qu’une flotte de 200 derniers nantis…

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