SNCF: l’explosion du trafic TER se fait-elle au détriment du vélo?

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Les mesures mises en œuvre depuis 10 ans par la SNCF, renforcées depuis 2002 par les Régions au travers de la régionalisation ont permis de faire véritablement exploser le trafic régional qui a affiché en 2007, plus de 270 millions de voyages, soit une progression de près de 60% par rapport à 1996.

Les investissements importants engagés par les Régions – par exemple, 6,5 milliards d’euros sur le matériel roulant – ont insufflé une dynamique nouvelle au TER (Transport express régional). La clientèle TER est une clientèle qui se renouvelle (30% des voyageurs empruntent le TER depuis moins de 6 mois), jeune (60% de cette clientèle a moins de 30 ans), de plus en plus féminine (52% vs 49%) et aisée (les CSP+ sont passés de 7 à 13% en 10 ans).

Un tiers des clients utilisaient auparavant leur voiture, ils ont choisi de passer au train pour des questions de rapidité (34%), de coût de la voiture (31%), de moindre stress (23%) ou encore résoudre les questions de parking (23%). En parallèle, la part des voyageurs du TER payant le plein tarif est passé de 21 à 10% . 56% des déplacements TER sont réalisés par des voyageurs disposant d’une voiture pour faire le trajet.

Ces bons résultats sont le fruit d’efforts importants et suivis des Régions et de la SNCF pour améliorer, d’année en année, l’offre TER : élargissement des dessertes, adaptation des horaires au plus près des besoins de voyages, mises en œuvre de services cadencés (le premier en Rhône Alpes en décembre 2007) ou encore déploiement de services facilitateurs du voyage en matière d’information (les centres de relations clients, le site ter-sncf.com et ses nouvelles fonctionnalités, le widget « mes infos TER », « le TER flash trafic » sur téléphone portable….), de billettique (le titre de transport intermodal sur téléphone mobile NFC expérimenté avec Orange) ou de services à la personne (les Points TER qui proposent de l’information sur les trains mais également des informations touristiques, la location de vélos, le WIFI gratuit ou le prêt de parapluies !).

La SNCF prépare l’explosion du transport régional

Selon les prévisions de la SNCF qui se base sur « la croissance du trafic TER (Trains Express Régionaux) ces dernières années (+60% en dix ans) et les grandes évolutions socio-économiques constatées », le trafic des trains régionaux devrait être multiplié par quatre à l’horizon 2030.

La SNCF et les régions réussiront-elles à relever le défi de l’explosion du trafic dans les trains régionaux sachant que :
– ces prévisions ne tiennent pas compte de la hausse récente des prix de l’essence qui favorise le train au détriment de la voiture,
– à partir de 2012-2013, le trafic régional sera ouvert à la concurrence
– le trafic régional est déjà souvent au bord de la saturation et que le réseau manque d’investissements

Plusieurs pistes ont été identifiées pour préparer l’amélioration de l’offre et faire ainsi face à l’explosion du trafic des TER :
– moduler la grille tarifaire pour tenter de mieux répartir les voyageurs dans la journée ;
– déterminer les points les plus difficiles du réseau (goulots d’étranglement) ou les gares à aménager (hauteur des quais, parkings)
– mais aussi repenser les trains pour qu’ils soient plus fiables.

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Vers des trains remplis sans vélos?

« Il n’y a pas de miracle, il faut investir massivement », ajoute également Bernard Soulage, vice-président de la région Rhône-Alpes. Investir massivement sans doute, mais pas au détriment du vélo! En effet, face au développement du trafic voyageurs, la SNCF semble s’orienter vers l’abandon pur et simple du vélo dans le train, en particulier dans les TER. Dans les TGV, le transport du vélo ne pose pas de problème car il est payant et il faut démonter le vélo et le placer dans une housse.

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La possibilité offerte (gratuitement!) de mettre son vélo dans le TER était pourtant une véritable avancée en matière de multimodalité ou d’intermodalité. Cette mesure populaire, qui fonctionnait dans la plupart des trains TER, permettait d’accroître considérablement l’accessibilité du voyageur SNCF (avant et après la gare).

Mais, ce qui est rentable (pour la SNCF), c’est un voyageur, ce qui prend de la place, ce sont les vélos, donc les vélos doivent disparaitre des trains pour laisser la place à la rentabilité maximum. Ce sont des cadres de la SNCF qui l’affirment au collectif Vélorution Tours. La multimodalité, ce n’est donc pas le vélo dans les trains. C’est plutôt un service de masse à base de vélib, vélo’v, bref du vélo en libre service (VLS) payé par la pub…

Le train « n’a pas vocation à transporter les vélos » sinon pour « les dessertes loisirs » le week-end par exemple, car cela pose un problème pour la régularité et le confort des passagers, explique même un porte-parole du réseau SNCF Ile-de-France. « On encourage la multimodalité (plusieurs types de transports combinés) et les transports doux en encourageant les gens à laisser leur vélo à la gare », ajoute-t-il.

Tout ceci sent le réchauffé: à défaut d’investir massivement dans de nouvelles rames, plus de fréquences et plus de trains, on gère la pénurie en virant les vélos pour tasser un peu plus de voyageurs et pour faire encore plus de profits. Et on habille le tout d’une sauce « multimodalité » et « transports doux »…

Des vélos en libre-service ne remplaceront jamais la possibilité de mettre son propre vélo dans le train: encore faut-il qu’un service de VLS existe dans chaque gare, qu’un vélo soit libre à l’arrivée (attention à la cohue pour obtenir un vélo) et que votre destination finale ne soit pas trop éloignée d’une station de VLS!

Bizarrement, des associations comme la FNAUT ou la FUBICY ne montent pas au créneau, pour l’instant, pour dénoncer ce qui constitue à la fois un abandon du vélo en tant que mode de déplacement et un reniement de plus du Grenelle de l’Environnement. L’Etat-actionnaire de la SNCF doit prendre ses responsabilités et investir massivement dans le train en général et dans le TER en particulier, en développant l’offre vélo dans les trains. Les associations de défense de l’environnement et de promotion du vélo doivent également prendre leurs responsabilités et mettre sur place au plus vite une pétition nationale afin que le vélo ait droit de cité dans les TER, gratuitement et de manière étendue.

Le vélo dans les TER, c’est possible! et c’est même l’avenir…