Un conseil des ministres des transports européens anti-écologie

C’est le cirque à la Rochelle ! Après avoir accueilli le psychodrame de l’université d’été du PS, la capitale de la Charente-Maritime a été le théâtre, le 1er et le 2 septembre, d’un conseil des ministres des transports européens franchement pas écologique. C’était dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne.

L’important, c’est l’image. Alors qu’il avait laissé son sous-ministre Dominique Bussereau seul aux manettes le premier jour, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, a rappliqué le 2 septembre à la Rochelle. Pas question de sécher le clou médiatique de cette réunion informelle des ministres des Transports des 27 Etats européens : une sortie en vélo venant conclure de dures séances de labeur sur un nouveau type de péage pour les poids lourds, la sécurité maritime ou le transport de camions par navire.

L’air plus ou moins dégagé, avec leurs gilets fluos, les ministres des Transports encravatés ont enfourché une bicyclette jaune pour s’égayer telle une colonie de gros poussins. Bons élèves, ces responsables politiques européens qui prônent le transport vert pour réduire les émissions de CO2 ont débarqué la veille en TGV depuis Paris, par le train régulier arrivé à 12h17.

Économisez l’énergie mais roulez en grosses cylindrées

Bel effort d’image orchestré par la présidence française et le ministère de l’Ecologie de Borloo. Sauf que les opérations de communication ont toujours leur faille. La terrasse du Conseil général de Charente Maritime — bâtiment où se tenait la réunion des ministres — offrait une vue magnifique sur l’envers du décors. Lors du déjeuner, en jetant un œil en bas, un responsable de groupement professionnel des transports a même failli tomber les quatre fers en l’air.

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Au pied du bâtiment, un parking rempli à ras bord de dizaines de limousines gris sombre sagement rangées : Vel Satis, C6, et autres 807 à gogo. Au total, environ 70 bagnoles mobilisées et pas les modèles les plus économes en rejet de CO2. Evidemment, il fallait bien transporter les délégation à la gare ou à leur hôtel ou encore sur l’Ile de Ré où une escapade récréative a eu lieu avec force motards. Mais quand on se pique de protéger l’Environnement, des cars auraient sans doute suffi…

Le côté le moins avouable de l’affaire, et le plus cocasse, a été soufflé par l’un des organisateurs de la réunion. Immatriculés à Paris ou en Ile de France, ces carrosses estampillés « présidence française » ont été convoyés à vide par 70 chauffeurs depuis la capitale… où elles sont d’ailleurs retournées à vide, « les ministres et leurs suite regagnant leur pays en train ou en avion » explique un participant. Monsieur Borloo, si on faisait le bilan carbone de cette réunion de ministres, qu’est-ce que ça donnerait ?

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