Curitiba : une ville pour les gens, pas pour les voitures

Curitiba est une ville brésilienne qui apparaît comme un modèle de développement écologique, en particulier dans le domaine du transport. Son maire, Jaime Lerner, architecte de profession, a posé comme postulat urbain que la ville était faite pour les gens et non pas pour les voitures.

Tout commence en 1971 lorsque Jaime Lerner, un architecte, est élu maire de Curitiba, capitale de l’état du Parana au Brésil. Cette ville qui comptait 150.000 habitants en 1950 en regroupe actuellement 1,8 millions. Elle a donc dû faire face à une rapide croissance et trouver des solutions pour maîtriser son développement. Jaime Lerner a voulu concilier pour le développement de Curitiba la protection de l’environnement et le bien-être de ses habitants. Il a en fait décidé d’appliquer les principes du « développement durable » avant même que cette notion soit définie pour la première fois en 1987 dans le rapport de Brundtland.

Curitiba est depuis devenue une ville modèle en termes d’écologie et de développement social, contrairement aux autres métropoles extrêmement polluées, enlisées dans la pauvreté,…que l’on trouve malheureusement souvent dans les pays du Sud.

En 1974, la municipalité prend la première initiative pour relever le transport en commun, après des décennies de développement automobile. Les premières voies pour autobus en site propre sont crées.

En 1991, à l’heure où toutes les villes de plus d’un million d’habitants choisirent un métro très coûteux et destructeur, Curitiba opta pour un système de bus beaucoup moins cher que la solution métro, mais où tous les avantages du métro sont repris :

  • sites propres sur les artères principales.
  • temps d’attente limité à 2 minutes.
  • bus extra-longs bi-articulés (270 passagers) pilotés par un seul employé.
  • facilités pour les moins-valides.
  • réseau en étoile interconnecté avec des routes circulaires.

Ce métro de surface (métro-bus) possède donc des stations tubulaires, des itinéraires protégés, même des correspondances. Une idée reprise et adaptée ensuite par Bogota et par Los Angeles. C’est le Bus Rapid Transit (BRT) ou bus à haut niveau de service (BHNS), introduit à Nantes, l’an dernier, sous le vocable de Busway. L’intérêt ? Il coûte cinq fois moins cher qu’une ligne de tram.

Sa capacité est de 160 usagers pour les doubles rames et 270 pour les triples rames. Pour un bus normal, on parle en général de 78 passagers.

Pour un coût 5 fois moins élevé que le tramway, on peut donc imaginer équiper aisément une grande ville avec un réseau complet. A titre d’exemple, le réseau de tramway de Nantes est long d’environ 38 km, ce qui représente environ 190 km de réseau de métro-bus ou BHNS!

La municipalité a tracé les parcours, choisi les véhicules, décidé des tarifs (tarif unique pour toutes les zones) et installé les stations (des arrêts existent aussi dans les favelas).

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Mais ce sont des sociétés privées qui ont acheté les bus et engagé les chauffeurs. L’investissement public a été de 300 millions de $, mais maintenant le système fonctionne sans subsides car, pour un $ public investi, il y a quatre $ privés.

Résultats

Le Système intégré de transports comprend 221 stations-tubes, dont 25 de correspondance, réparties sur 340 lignes, longues au total de 1100 km, dont 60 km de voies réservées utilisées par 1902 bus parcourant 316 000 km. Mais surtout, 1,9 millions de passagers sont transportés chaque jour (85 % des déplacements sont effectués en bus malgré que 28% des usagers des bus possèdent leur propre voiture), 30 % de pollution aérienne en moins. Cela sans investissements publics ni subventions.

Le système intégré utilise également 28 lignes scolaires, avec des bus dédiés. Une enquête de satisfaction donne plus de 89 % de taux de satisfaction. Le réseau est organisé en lignes express, lignes principales et lignes inter-districts.

Ce système a été repris avec succès par des villes comme Bogota avec son Transmilenio. Parallèlement au transport public, Curitiba a réalisé de nombreuses zones piétonnes en centre-ville, dont le boulevard central. On compte aussi 135 km de pistes cyclables.

En juin 1996, au deuxième sommet mondial des maires et urbanistes qui s’est tenu à Istanbul, Curitiba a été récompensée comme la cité la plus innovante au monde. Le système de transport a également été récompensé par l’English Building and Social Housing Foundation (EBSHF).

Curitiba a ainsi su concilier économie, social et environnement alors même qu’elle disposait de peu de moyens. Bien sûr il reste encore beaucoup de choses à faire, mais cela est déjà une réussite, alors pourquoi n’arrivons-nous pas à faire la même chose chez nous alors que nous disposons de bien plus de moyens ?

Jaime Lerner qui est à l’origine de ces innovations a été élu 3 fois maire de Curitiba puis 2 fois gouverneur de l’état de Parana. Il a été ensuite élu président de l’Union Internationale des Architectes en 2002.

L’expérience menée à Curitiba est très encourageante et prouve qu’il est possible de se développer autrement. Cette ville souvent surnommée « Ville des gens » est un formidable exemple.

Sources:

Curitiba : un modèle de ville écologique
Curitiba sur l’encyclopédie Wikipédia

3 commentaires sur “Curitiba : une ville pour les gens, pas pour les voitures

  1. Thierry do Brasil

    Je connais bien Curitiba, j’y habite à deux heures de voiture (en roulant vite) Curitiba fait de gros efforts en effet, mais cette ville est rattrapée par son succès, afflux de population, violence en hausse, et boom de l’automobile (les usines renault sont installé à 10 km de Curitiba) car maintenant nous avons accès au crédit. Tout cela efface un peu les efforts du bon maire, heureusement que beaucoup de voiture roule à l’éthanol, ça sent meilleur dans les rues.

    Quand tu dis « alors pourquoi n’arrivons-nous pas à faire la même chose chez nous alors que nous disposons de bien plus de moyens » je rigole un peu, car il faut mieux vivre à Paris qu’à Curitiba en terme de pollution.

  2. CarFree

    Bonjour Thierry et merci pour le complément d’informations.
    Par contre, il ne s’agit pas de comparer Paris et Curitiba. Paris, en tant que capitale, peut être comparée uniquement à Brazilia…Pour ce qui concerne Curitiba, il faudrait la comparer avec une importante ville de province française, et là, il y a beaucoup à faire en matière de transports en commun, de lutte contre l’étalement urbain, de pollution, etc. Beaucoup de grandes agglos françaises ont fait le choix du tramway et même du métro pour des villes de quelques centaines de milliers d’habitants seulement! Résultat: le réseau se compose au mieux de quelques lignes alors que pour les mêmes budgets, ces villes auraient pu construire des réseaux complets de bus à haut niveau de service…

  3. Jess

    boujour à tous! je voulais m’adresser plus particulièrement à Thierry do Brasil, car je suis en train de faire un exposé sur Curitiba, et je voulais savoir si vous pouviez m’en dire plus sur cette ville : par exemple, sur ce qui se dit au Brésil sur cette ville, et puis, si vous pouvez, développer un peu plus les aspects négatifs de ce développement hors-norme car les documents que l’on trouve abordent surtout les points positifs de la ville, très peu les points négatifs.
    Merci d’avance pour votre réponse

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