La vie sans voiture

Les témoignages de citadins qui ont décidé de se passer de voiture sont cités régulièrement afin de montrer qu’un monde sans automobile est chose possible. Mais que surviendrait-il si l’auto devenait soudainement inaccessible à la grande majorité de la population?

«La plupart des scénarios de lutte contre les changements climatiques prévoient qu’il faudra réduire de façon importante l’utilisation de la voiture», explique Thomas Gärling, un psychologue de l’Université de Göteborg en Suède, qui tente depuis une quinzaine d’années de tracer le portrait de la société post-automobile. «Je pense qu’il n’y a pas eu assez d’efforts pour comprendre l’impact que cela aura sur la population.»

Outre les bénéfices au plan des émissions de gaz à effet de serre, des effets positifs sur la santé sont facilement prévisibles: une population qui marcherait davantage et qui serait moins stressée par les embouteillages serait en meilleure santé. Par contre, il existerait aussi des effets négatifs, a découvert M. Gärling, à la suite de l’analyse de plusieurs sondages sous toutes leurs coutures.

«À court terme, on peut s’attendre à ce que plusieurs familles trouvent plus difficile de vaquer à leurs activités habituelles, dit M. Gärling. L’automobile permet une grande flexibilité aux plans de l’organisation et de la logistique. On peut reconduire ses enfants à une activité sportive ou culturelle avant ou après l’école, ou chez des amis qui ne restent pas à côté. On peut aller voir sa famille même si elle vit dans un autre quartier. On peut rencontrer des amis à peu près n’importe où en ville, même si les plans sont faits à la dernière minute. Et il est facile de retourner au marché si on a oublié quelque chose, ou d’aller chercher un aliment rare dans une épicerie à l’autre bout de la ville.»

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Sans voiture, il faudra faire des choix, selon le psychologue suédois. «Il faudra mieux planifier les déplacements, parce que les transports en commun ne peuvent pas totalement remplacer la voiture, même si on améliore le service. Il faudra faire de meilleures listes de courses, et parfois se contenter de ce que l’on trouve au supermarché près de chez soi. Il y aura probablement une diminution de la fréquentation de certaines activités sportives ou culturelles, par exemple celles qui nécessitent de grands gymnases impossibles à installer en ville parce que le coût de l’immobilier est trop élevé.»

À moyen terme, la société s’adaptera. «Une certaine partie de nos activités sportives et culturelles est importante parce qu’elle nous renvoie une image positive de nous-mêmes, dit M. Gärling. C’est comme si on disait: «Je suis important parce que j’ai les moyens d’amener mes enfants à une demi-douzaine de cours parascolaires par semaine, parce que j’ai les moyens d’avoir une bonne voiture pour faire ces trajets.» Quand on va se rendre compte que ce ne sont pas des activités essentielles à notre bonheur en elles-mêmes, les avantages de la disparition des automobiles seront encore plus évidents.»

Mathieu Perreault – La Presse

7 commentaires sur “La vie sans voiture

  1. Adolphe

    La vie sans voiture.

    Jörk Haider avait décidé de se passer de voiture à partir du 12 Octobre 2008.

  2. Adolphe

    La vie sans voiture.

    James DEAN avait décidé de se passer de voiture à partir du 1er octobre 1955.
    Mort à 24 ans.Celui là ,je le regrette…

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