Piétonniser contre le changement climatique

A Lille, Caen ou au Mans la piétonisation d’espaces de la ville est débattue, souvent de façon passionnée et toujours avec des écolos dans le coup. Si ces derniers, élus ou citoyens veulent à ce point limiter la présence de la circulation motorisée sur la voirie, ce n’est pas seulement par désamour de l’automobile ou pour embêter les commerçants, suspectés d’être électeurs d’autres partis (ce qui n’est pas vrai d’ailleurs…). C’est surtout parce que la piétonisation est une action concrète, parmi beaucoup d’autres, contre le changement climatique !

En effet, la qualité détériorée des villes a été un des moteurs de l’étalement urbain, que l’on sait aujourd’hui responsable d’une sacrée proportion d’émission de gaz à effet de serre et qui, surtout, rend les ménages dépendants à la voiture.

Pour comprendre le lien, il faut poser la question du sens de la maison individuelle avec jardin. Cette envie de pelouse est en effet surtout un désir de vert (aucun lien avec une quelconque motion d’un parti écolo bien connu), c’est un besoin quasi-physiologique de nature.

Si la maison individuelle avec jardin (la « MIAJ ») connaît un tel engouement, c’est notamment parce que la ville est devenu invivable : bruit, pollution, béton, voitures… Les espaces de loisirs, de repos et de jeux ont disparu au profit des parkings et des ronds-points. Comment alors ne pas comprendre que les parents, qui ont envie que leurs enfants jouent à autre chose qu’à la console, choisissent de s’acheter leur propre espace de repos et de jeux à 30 kilomètres de la ville ?

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Comment ne pas excuser les salariés qui ont envie d’être dans un environnement sain et calme après une journée dans un centre d’appel ?

Ainsi, améliorer la qualité des espaces publics, les rendre attractifs, reposant, ouverts aux jeux et à la lecture par exemple, permet d’assouvir les besoins ce désir de vert et de repos que nous avons tous.

Les outils de cette reconquête de la qualité de ville (et de ce qui fait la ville) sont nombreux à notre disposition : piétonisation, suppression de parkings, limitation de la vitesse, zones de rencontre, quartiers sans voiture, revitalisation des places, création d’espaces verts, jardins partagés, rues pour enfants…

Ces outils rendent possible la lecture d’un livre en centre –ville, le match de foot des enfants d’un immeuble et pourquoi pas la sieste dans l’herbe le midi…

Tout ce qui rend inutile l’achat d’une MIAJ à 30 kilomètres de nos villes, celle-ci étant devenue une grande Maison Collective avec Jardin partagés (une MCJP…)

Antoine Astruc