Fin de la bagnole, illusion du véhicule propre

Au lendemain où le milliardaire Kirk Kerkorian largue ses actions de Ford qui ont perdu les 2/3 de leur valeur (« vendre aujourd’hui ou tout perdre demain »), où General Motors est « très mal », où Renault peine, on entend, ici bas, les voix d’un soutien de l’industrie automobile, vieille poule aux œufs d’or des années 70. Ce qui est une gigantesque bêtise. Car il y a deux raisons à la baisse programmée de l’industrie automobile…

1) la crise qui touche l’industrie en général. 2) l’avenir écologique qui ne comprend pas l’automobile individuelle. Oui, fin du pétrole ou pétrole trop cher (la baisse actuelle, n’est qu’un « rebond négatif ») doit sonner la fin du tout bagnole, ce rêve d’enfant du XXe siècle.

Ne soutenons plus l’automobile. L’inertie est suffisante pour qu’elle meure de sa belle mort comme d’autres secteurs industriels d’antan.

Mais il y a une autre idée néfaste qui s’installe aujourd’hui, concernant l’avenir : celui de véhicules individuels propres. Ce qui pourrait relancer durablement l’industrie automobile recyclée. On rêve : on pourrait trouver un carburant non polluant ou très peu et rouler comme avant. Voiture hybride, puis électrique, voiture à air comprimé, bientôt voiture solaire, et pourquoi pas les moteurs à eaux, nucléaire, à pile à combustible. « Chérie je t’aime, chérie je t’adore » Tra la la… Non, c’est illusoire.

Diminuer la production de CO2 en trouvant un système moins polluant serait une première amélioration, certes. Mais faire miroiter que chacun, sur Terre, pourrait avoir son véhicule automobile individuel, du genre « voiture », cette idée est en soi, déjà un désastre écologique.

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Car pour cela, il faudrait à la fois construire une quantité énorme de véhicules individuels et aussi installer les infrastructures pour les faire rouler. L’un et l’autre demandent énormément d’énergie pour la construction, cela au détriment d’autres secteurs plus utiles et demande de la place, du terrain, des territoires dévolus à la voiture, qui sont une pollution en soi.

On le voit bien dans les territoires fortement bagnolisés. Les voitures bloquent les villes. Elles ont détruit les banlieues. Regardez les photos de Courbevoie ou Bondy au début du XXe siècle et comparez à maintenant avec les voix, les rocades, les bretelles, les autoroutes urbaines et infrastructures routières qui contribuent grandement au massacre de l’urbanité. Et que dire des campagnes qui sont coupées et défigurées. Alors, imagine-t-on que chacun ait, sur Terre, sa voiture propre ?

Ce qu’il faut soutenir, c’est le moindre déplacement et collectif. Rail, bateau, transport et taxis collectifs. Cela ne veut pas dire qu’il faille abandonner nombre de nos déplacements. Mais le faire raisonnablement. Et en finir surtout, avec l’idée qu’une personne se déplace avec 600 kilos de métal et matière plastique autour d’elle, en occupant 4 m2 de surface en ville.

Laurent Laurent

Un commentaire sur “Fin de la bagnole, illusion du véhicule propre

  1. Daniel

    Bravo pour votre article.

    Dans ma région ,ils en sont a prévoir de construire un boulevard urbain.
    Au lieu de penser déplacement collectif,ils pensent à routes et bagnoles.

    Comment faire avec des gens aussi orientés bagnoles?

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