Plaidoyer pour l’Autoroute

Si j’avais à soutenir la décision de construire une autoroute, voici ce que je dirais : un automobiliste seul dans sa voiture occupe tant de place au sol qu’il est devenu nécessaire de construire une nouvelle autoroute.

Ceux qui se plaignent de la disparition de terres agricoles sont de mauvaise foi : en effet, de plus en plus de denrées sont produites hors-sol grâce à l’apport direct de substances chimiques. En outre, il faut bien reconnaître que la terre donne de la boue – qui salit les mains et les voitures – alors que le bitume est lisse, propre, insensible aux aléas climatiques.

Les paysans qui cultivaient ces terres étaient d’ailleurs appelés « bouseux ». Après avoir été embauchés dans la construction de l’autoroute, ils seront agents de sécurité dans des stations service automatisées. Ils ne se saliront plus. Cela ne peut que constituer un progrès pour eux.

En les coupant, cette autoroute rendra enfin inutilisables les petits chemins et routes secondaires qui ne sont d’ailleurs pas aux normes européennes. La mise à deux fois deux voies des Routes Nationales n’a pas suffi à atteindre cet objectif et il convient de déplorer dans les métropoles une recrudescence de la marche et du vélo préjudiciable à l’économie : en rendant indispensable l’usage de la voiture, on stimule la croissance économique.

La construction d’une autoroute d’Ennetières-en-Weppes (Nord) jusqu’à Gibraltar ouvre le monde à nos producteurs locaux. Qui sait, Ennetières-en-Weppes sera peut-être bientôt la capitale de l’Europe ? Ceux qui s’opposent à l’autoroute veulent-ils laisser passer cette occasion ? Veulent-ils que ce village reste un village gaulois ?

Des âmes sensibles s’émeuvent du réchauffement climatique. Là encore, l’on se doit d’en analyser sereinement les conséquences : dans notre région, quelques degrés de plus sont autant de besoins de chauffage en moins. En outre, si les eaux montent et que la Manche arrive jusqu’à Saint-Omer, il nous faudra aller moins loin pour profiter des plaisirs de la mer : qui peut s’en plaindre ?

Les futurs riverains de l’autoroute en craignent les nuisances visuelles. Pourtant, quoi de plus beau qu’une automobile ? Même les autobus urbains, même les gares sont décorés de posters de voitures ; les salons de l’auto, les courses de voiture déplacent les foules. Quel magnifique spectacle que ces milliers de voitures, de tous modèles, de tous pays, de toutes couleurs qui passeront quotidiennement sous leurs fenêtres !!

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D’autres s’émeuvent des nuisances sonores à venir. Je crois pourtant comme Pierre Roulez que la vraie symphonie du xxe siècle est la symphonie autoroutière ; il faut savoir apprécier la basse continue des camions qui constitue le support rythmique du gros de l’orchestre automobile – avec des nuances subtiles pour qui veut bien se donner la peine de les entendre – sur lequel vient se greffer parfois tel un soliste, un motard doué dans l’art de l’improvisation. Il faut juste éduquer l’ouïe des riverains pour qu’ils puissent goûter cette musique prête à s’offrir à eux jour et nuit.

Des esprits alarmistes mettent en avant la raréfaction des ressources pétrolières. Qui nous empêche de prendre exemple sur le Brésil ? Ce pays rase la forêt amazonienne et remplace les arbres longs à pousser par la culture du maïs ou de la canne à sucre qui donne chaque année de l’éthanol apte à faire tourner les moteurs. Dans le Nord, il nous reste les forêts de Phalempin et de Raismes qui pourraient être rasées avec profit. En outre, en ne faisant plus paître les vaches et en généralisant la culture hors-sol, on peut y adjoindre des milliers d’hectares pour des productions plus utiles.

Enfin, qui peut imaginer que les Préfets, les Ministres et nos élus, doués d’un grand sens de l’intérêt collectif pourraient prendre une décision contraire à l’intérêt général ?

Source: www.droitauvelo.org