Incendies de voitures : l’archaïsme juridique de Nicolas Sarkozy

Nouvelle année et nouveau record de voitures brûlées, 1147 voitures incendiées recensées par les forces de l’ordre… Mais une nouveauté cette année, il semblerait que beaucoup de voitures aient été brûlées par leur propriétaire afin de toucher l’indemnisation de 4.000 euros mise en place par Sarkozy… ce qui n’empêche par le même Sarkozy d’hurler aux violences urbaines qui se développent, de stigmatiser ces sauvageons qui brûlent le symbole de la société de consommation auquel tout travailleur qui travaille plus pour gagner plus aspire à acheter, même si dans les faits, il y a de moins en moins de travailleurs et de plus en plus de chômeurs, et que les mêmes gagnent tout compte fait de moins en moins, et n’achètent presque plus de voitures…

Et en pareille occasion, Sarkozy fait ce qu’il sait faire, gesticuler. Les story tellers (raconteurs d’histoire) qui jouent le rôle de spin doctors (conseillers) auprès des politiques le savent très bien: il faut raconter une histoire par jour aux gens: un jour c’est les récidivistes et la mesure qui va avec pour les empêcher de récidiver, un autre jour c’est la crise financière et comment je vais l’écrabouiller avec mes petits bras… Le premier de l’an, c’est l’histoire des méchants délinquants mineurs qui brûlent les voitures et la mesure complètement débile sensée régler le problème. Ou plus exactement, il ne s’agit pas de régler le problème, car Sarkozy n’en est pas capable. Il s’agit de gesticuler en disant n’importe quoi si nécessaire pour donner l’impression qu’on s’occupe du problème.

En l’occurrence, ce qui est proposé, c’est d’interdire aux mineurs coupables d’incendies de voitures de passer le permis de conduire tant que le propriétaire ou le fond d’indemnisation n’a pas été intégralement remboursé. Or sur les 1147 autodafés de la Saint-Sylvestre officiellement recensés, combien d’auteurs ont-ils été arrêtés ? Sur les 288 interpellations officielles de la nuit, combien concernent des auteurs d’incendie ? Et sur ces auteurs arrêtés, combien de mineurs ? Silence radio. Et pour cause. Je ne sais pas s’il y en a un seul.

Pour le reste, c’est Maître Eolas qui prend le relais pour dénoncer  l’archaïsme juridique de Nicolas Sarkozy. Extraits.

Lire aussi :  Piétons et cyclistes, des dangers publics

Pourquoi interdire de passer le permis de conduire ?

Là, on est en présence de réflexes issus du droit archaïque. “ Il a fâché le dieu des automobilistes, il doit faire un sacrifice pour apaiser sa colère ”.
Car si l’interdiction de passer le permis de conduire existe dans l’arsenal pénal, c’est pour des infractions commises lors de la conduite d’un véhicule. Si l’article 131-6, 3° du code pénal prévoit la faculté pour le juge de prononcer à titre de peine principale l’annulation du permis avec interdiction de le repasser pendant une période pouvant aller jusqu’à 5 ans, ce pour tout délit passible d’emprisonnement, un juge n’aura recours à une telle peine que pour des infractions au cours desquelles l’usage d’une automobile a été un facteur essentiel, de sorte que cette interdiction empêche le renouvellement de l’infraction. Mais en quoi une interdiction de passer le permis prévient-elle le renouvellement d’une infraction de destruction volontaire par incendie ?

Il faut tout de même rappeler que le permis de conduire n’est pas une faveur faite par l’État à des citoyens méritants. C’est une mesure de police, une restriction à la liberté d’aller et venir de chaque citoyen justifiée par des raisons de sécurité publique, que je ne conteste pas en soi : conduire un véhicule suppose des compétences, des réflexes qui s’acquièrent et des connaissances juridiques minimales, et le permis de conduire sanctionne, après un examen, la connaissance de ces éléments. Refuser la simple possibilité de solliciter cette autorisation pour soutenir des intérêts privés (un particulier n’est qu’un particulier, et le Fonds de Garantie n’est pas l’État, c’est une structure de droit privé financée par les assurances), à savoir le paiement de dettes, ne repose sur aucune légitimité et relève de l’abus de pouvoir par l’État.