L’industrie automobile parmi les responsables de la crise de l’environnement

L’industrie automobile n’est pas seulement confrontée à une crise de débouchés rentables et à l’exacerbation de la concurrence entre firmes, elle est aussi directement impliquée par les menaces qui pèsent sur le climat et la fin programmée de la croissance de l’extraction du pétrole utilisé par les moteurs thermiques des automobiles.

Le milliard de voitures aujourd’hui en circulation sur la planète est le plus grand consommateur de pétrole. En effet, le secteur des transports représente environ la moitié de toute la consommation mondiale en pétrole, les transports routiers assurant à eux seuls 80 % de cette moitié. Ils ne représentaient que le tiers de la consommation totale de pétrole en 1971, ce qui montre que le secteur des transports est celui où il existe aujourd’hui le moins de substitut à l’usage du pétrole.

En raison des dégâts que cause la pollution générée par la combustion du carburant essence, et de la fin du pétrole comme énergie abondante, l’automobile telle qu’elle existe depuis un siècle voit son avenir remis en cause.

Dans le bilan d’émissions mondiales de CO2, le secteur des transports est le deuxième responsable avec 21 % du total des émissions. Celles qu’il émet sont les plus difficiles à combattre. Le transport est en effet une source mobile et dispersée d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants.

Mais au-delà de ce diagnostic technique, ce qui était accepté ou toléré dans les décennies précédentes devient socialement inacceptable. L’usage de l’automobile se trouve confronté à un ensemble de nouvelles contraintes causées par ce refus social croissant de la pollution automobile. Il est vrai que chaque nouvelle automobile produite est moins polluante que par le passé. Mais l’industrie automobile est toujours à la traîne et ne fait que suivre les normes établies par les différentes autorités publiques. L’application de ces normes renchérit encore le prix des voitures neuves alors que l’une des causes déterminantes de la crise est l’incapacité de l’industrie automobile à trouver des débouchés à sa production de voitures trop chères. La contradiction entre le mode d’appropriation individuelle des automobiles et le coût croissant de son usage social ne cesse de s’approfondir.

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Le renchérissement du prix du pétrole est un autre facteur de crise. Au-delà des fluctuations qui caractérisent aujourd’hui l’évolution du prix du pétrole brut, et cela en conséquence de la crise financière mondiale, une nouvelle période s’ouvre. Le pic de la production mondiale appartient d’ores et déjà à l’horizon de la prévision, même si la date ne peut en être fixée avec certitude.

L’important n’est pas la date exacte mais tient au fait que l’échéance du pic de production appartient d’ores et déjà à l’horizon de la prévision. Les calendriers sont très divers dans l’industrie automobile : la durée de la conception d’un moteur et de son industrialisation peuvent atteindre une dizaine d’années. Dans la période précédente le moteur de Renault « Cléon Fonte » a été fabriqué pendant quarante ans de 1962 à 2004, équipant notamment R4, R6, Twingo et Clio. Les moteurs conçus et fabriqués aujourd’hui par l’industrie automobile seront encore en circulation lorsque le pic de production de pétrole aura été atteint et dépassé.

Bien sûr, il y aura encore production et consommations de pétrole pendant des décennies. Mais le seuil que représentera le franchissement dans les prochaines années du pic maximal de production de pétrole entraînera un changement dans les comportements et les niveaux de prix. Les myopes et les irresponsables sont ceux qui ne prennent pas en compte cette réalité qui devrait pourtant s’imposer à tous.

Jean-Claude Vessillier

Source: Automobile, la fin d’un cycle

Un commentaire sur “L’industrie automobile parmi les responsables de la crise de l’environnement

  1. Yôm

    ça y est c’est fait. Le pic est atteint est le monde est bouleversé.
    La particularité d’un moteur à essence par rapport à un électrique fonctionnant sur batteries, est de fournir une énergie constante et intense jusqu’à la dernière goutte d’essence puis, plus rien.
    Et l’économie dont les richesses produites sont issues de la ressource pétrole, ne pourrait-on pas la maintenir jusqu’à épuisement total?
    Abaisser le prix du baril pour garantir une offre constante?
    Puis, paf!

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