Scoop du Canard: le double discours de Sarkozy sur le plan de relance automobile

Carambolage monstre entre l’Elysée et Bercy. Alors que Sarkomobile se vante d’avoir imposé « des contreparties » aux constructeurs automobiles, en échange d’un gros chèque de près de 7 milliards d’euros, le duo Lagarde-Chatel explique le contraire dans une note secrète adressée à Bruxelles.

Le Canard Enchaîné du 11 mars 2009 révèle en effet s’être procuré une note censée demeurer secrète, « le draft d’un document de travail de Bercy à la commission européenne » qui dément les promesses de Sarkozy. Autrement dit, quand toute la clique gouvernementale faisait les gros bras sur les « conditions » imposées aux constructeurs, la nécessité de ne plus délocaliser d’emplois, voire même de « relocaliser » l’emploi automobile en France, c’était du pipeau. Dans les coulisses, le gouvernement, et Sarkomobile en tête, faisait tout pour rassurer la Commission européenne en expliquant noir sur blanc que le plan de relance de l’industrie automobile s’opérait en fait sans aucune contrepartie sérieuse.

Extrait de la note secrète obtenue par le Canard Enchaîné: « Les engagements pris par les deux constructeurs bénéficiaires du plan automobile, répondent à une obligation de rendre compte, sans pour autant constituer de clause opposable, au sens contractuel du terme« . Autrement dit, il n’y a aucune obligation, PSA et Renault peuvent empocher la manne de l’Etat et ne pas respecter les contreparties.

D’ailleurs, ces fameuses et sarkozyennes contreparties n’existent pas. Il n’est ainsi plus questions d’un arrêt des délocalisations et encore moins de relocalisations. Les auteurs de cette fameuse note écrivent ainsi: « les engagements de maintien d’activité en France sont sans incidence sur les stratégies d’implantation de production« . On ne peut pas être plus clair…

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Quant à l’interdiction faite aux constructeurs de licencier, le texte de Bercy corrige, là encore, les rodomontades de Sarko: « l’engagement de tout mettre en oeuvre pour préserver l’emploi et les compétences est une forme de reconnaissance de leurs responsabilités mais ne définit qu’une obligation de moyens et non de résultats. »

Et si cela n’était pas suffisamment clair, la note précise: « l’absence de mise en oeuvre d’un plan social en 2009 n’exclut pas des ajustements d’effectifs, sous la forme, notamment, de départs volontaires. » Donc, c’est promis, on ne licencie pas, on pousse avec entrain vers la sortie.

Il faut quand même se rappeler qu’au même moment, plusieurs ministres du gouvernement jouaient les vierges effarouchées lors des annonces de suppressions d’emplois dans l’industrie automobile…

Sarkozy a finalement menti sur l’automobile, mais ça, on s’en doutait déjà un peu… Un conseiller élyséen analyse sobrement la situation: « On va dans le mur, avec cette histoire. Nous n’avons pas les moyens d’être certains de l’obtention des garanties demandées aux constructeurs. » Comme on a l’habitude de le dire à la direction de Renault et PSA, « du moment que ça roule« …