La catastrophe climatique se profile à l’horizon

Le journal Le Monde du 14 mars 2009 nous annonce que le plus noir des scénarios climatiques se profile.

« Les conclusions du GIEC s’appuient sur des données datant au mieux de 2005. Compte tenu de la lourdeur de cette organisation, qui réunit 2 500 chercheurs de 130 pays et dont l’ensemble des publications est soumis au consensus, le prochain rapport ne paraîtra pas avant 2014. Or « les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Les émissions ont continué d’augmenter fortement et le système climatique évolue d’ores et déjà en dehors des variations naturelles à l’intérieur desquelles nos sociétés et nos économies se sont construites », a affirmé le comité scientifique de la conférence. Les prévisions du GIEC anticipent une hausse des températures comprises entre 1,1 °C et 6,4 °C à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle.

Stefan Rahmstorf a présenté une étude selon laquelle le niveau des océans pourrait augmenter dans une fourchette de 75 cm à 190 cm d’ici à 2100. Soit bien au-delà des prévisions du GIEC allant de 18 cm à 59 cm. Celles-ci – et le GIEC avait pris soin de le souligner – ne prenaient pas en compte l’évolution des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Or leur rôle serait en réalité majeur, au travers de la fonte des glaces mais surtout de leur « écoulement » dans la mer. « Ce phénomène est beaucoup plus massif et beaucoup plus rapide que nous ne le pensions », confirme Eric Rignot, professeur à l’UC Irvine en Californie.

Lucka Kajfez Bogataj, de l’université de Ljubljana (Slovénie), a épluché l’ensemble des études climatiques parues dernièrement. Elle conclut sans hésiter : « L’impact du réchauffement est plus précoce et plus rapide que prévu. » Entre 1990 et 2006, le monde a connu les treize années les plus chaudes depuis 1880, qui marque le début de l’ère industrielle, cite-t-elle en exemple. »

[…]  » Présent à Copenhague, le président du GIEC, Rajendra Pachauri, n’est pas sorti de son devoir de réserve mais, à neuf mois de l’échéance, il a jugé « utile que cette conférence rappelle aux politiques qu’il existe une crise plus grave que la crise économique ». James Hansen, le célèbre climatologue de la NASA qui fut l’un des premiers à alerter en 1988 sur les dangers du réchauffement, a été plus direct : « Il faut que l’opinion soit sûre d’une chose. Les scientifiques sont clairs. Il n’existe pas de grosses incertitudes sur le film qui est devant nous. Et les politiques ne peuvent pas s’abriter derrière de prétendues inconnues pour ne pas agir. »

Selon Georges Monbiot, éditorialiste réputé au journal britannique The Guardian, concernant l’évolution du climat, il est temps de cesser de parler de « changement » pour décrire une catastrophe (13 mars 2009).

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Plus récemment encore, le même Georges Monbiot annonce clairement la couleur: il faut cesser d’émettre du CO2 ou aller à la catastrophe (21 mars 2009): « Le monde ne s’adaptera pas et ne pourra pas s’adapter : la seule réponse adaptative à une pénurie mondiale de denrées alimentaires, c’est la faim. Des deux stratégies, c’est la réduction des émissions, et non pas l’adaptation, qui s’avère être l’option la plus réaliste, même elle si elle étire le concept de faisabilité jusqu’à ses limites. Comme le souligne Dieter Helm, l’action requise est aujourd’hui peu probable, mais « pas impossible. En fin de compte, c’est une question de bien-être humain et d’éthique. »

Oui, il est peut-être déjà trop tard – même si nous réduisions demain les émissions à zéro – pour prévenir un réchauffement de plus de deux degrés, mais nous ne pouvons pas nous comporter comme si c’était le cas. Car ainsi nous rendrions cette prédiction certaine. Aussi difficile ce combat soit-il, aussi improbable ses chances de succès soient-elles, nous ne pouvons nous permettre de renoncer.

En clair, les scientifiques ont fait leur travail. Aux politiques maintenant de faire le leur.

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