La décroissance économique passera par la décroissance des vitesses

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Ces temps de crise sont souvent propices à l’émergence d’idées nouvelles, et offrent souvent les conditions nécessaires aux changements en rapport.

Le document qui suit propose une telle idée, dont le fondement n’est pas technique, mais infiniment pragmatique. Elle pourrait révolutionner l’univers des transports.

L’analyse des données les plus fondamentales (disponibilité des ressources s’amoindrissant, perspectives de croissance automobile insoutenables, techniques alternatives impuissantes en l’état, aliénation des comportements), permet de dégager une idée force : dans un monde ou l’être humain fait de plus en plus sentir le poids de ses actions, la décroissance doit passer par certains facteurs physiques avant tout. En matière de transport, la variable d’ajustement est la vitesse. Il convient en période d’urgence de la réduire drastiquement.

La proposition de réduire la vitesse maximale autorisée sur route à 60km/h de façon “universelle” pourra choquer ou faire rire. A la réflexion il n’en reste pas moins qu’elle constitue une solution à très court terme à de nombreux problèmes (énergétiques, environnementaux, économiques, industriels…).

Ses conséquences vertueuses dépassent de très loin le simple cadre des transports (on peut citer l’urbanisme, la relocalisation économique, la re-socialisation des espaces, la réduction de la fracture technologique, etc…).

A moyen terme, il faut bien avoir à l’esprit que le monde entier gagnera à appliquer une mesure globale de limitation drastique de la vitesse. Il va même de soi que cela pourrait constituer une transition moins brutale vers la société “sans voiture” qui pourrait nous être imposée à terme par la diminution des ressources, ou vers une société à énergie solaire, ou ce que vous voudrez d’énergétiquement et écologiquement soutenable.

Cette mesure ne constituerait pas une atteinte au progrès, dont la notion forcément relative varie énormément selon les angles d’analyse (en cela, la moindre pollution, la préservation des ressources, la relocalisation de l’économie et la diminution des accidents représenteraient aussi un progrès remarquable).

Lire aussi :  Mise au point sur les déplacements routiers

Il est également probable qu’individuellement, une majorité de citoyens ne soit pas préparée à une telle mesure. Mais les jeunes générations semblent malgré tout se faire à l’idée d’un monde moins fondé sur la toute puissance de l’automobile individuelle, puisqu’elles favorisent de plus en plus l’achat de petits véhicules simples, la location d’automobile et les transports en commun. Collectivement, faisons-nous confiance : nous saurons plus facilement nous adapter à un monde moins rapide qu’à l’effondrement brutal d’une société principalement fondée sur le pétrole.

Il faut enfin considérer avec gravité qu’historiquement, chaque période de grandes pénuries et de marasme économique a engendré guerre, génocides et fascisme.

Nous vivons un instant peut-être historique : le passage d’une société du “toujours plus et plus vite” à une autre du “moins et mieux”. Voici donc venu le moment de nous résoudre à modifier certains de nos standards, quitte à faire quelques – grandes – concessions sur ce que nous considérons – sans doute à tort – comme des éléments indispensables au bien être. “The American Way of Life is not negotiable”, disait Georges Bush père lors de la conférence de Rio en 1992, et nous autres de nous indigner. C’est sans doute le moment de prouver que cette indignation n’était pas qu’une posture, et il va de soi que la plus grande partie de la réussite de cette entreprise dépendra de notre faculté à adapter ainsi nos comportements.

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http://www.pauljorion.com/blog/?p=2433

2 commentaires sur “La décroissance économique passera par la décroissance des vitesses

  1. Cleripage

    Tout à fait d’accord avec cette idée. Ce que j’aurai rejeté violemment il y a 25 ans … on évolue heureusement.
    Quand je prend mon auto, je respecte déjà les limitations en place et je roule même 5 à 30 km/h en dessous du maxi autorisé. Je ne m’en porte que mieux, je suis plus détendu, je prend moins de risque, j’économise un peu d’argent … même si pour cela je dois subir les insultes de certains énervés.
    Une limitation à 60 sur route, je suis pour, et à 30 en ville parce qu’il y en a marre de ne pas pouvoir circuler à pieds ou en vélo sans serrer les fesses !!
    PS : et pour les autoroutes … on les démoli ? Je serai tenter de les remplacer par des chemins vicinaux sans péages pour les vélos 😉

  2. Jean-Marc

    Pour ma part, même si sur le principe je suis d’accord,
    J ai du mal à croire que cette vitesse puisse être votée.

    Par réalisme, je serais plutôt pour
    – 90 sur autoroute (vitesse des 2CV et coccinelles, et des highways des USA (60mph), une vitesse qui a permis de faire la croisière jaune ou de partir en afrique depuis paris)
    – 70 sur nationale
    [70, ainsi, en freinant lors d accidents, la vitesse passerait sous les 70km/h fatidiques (vitesse de choc à partir de laquelle aucun piéton/cycliste ne survie, c.f. http://carfree.fr/index.php/2005/08/25/30-kmheure-en-agglomeration/)]
    – 45 sur départementale
    – 30 en ville

    A 90km/h max, les moteurs/freins/suspensions/pneus/… sont à redimensionner en plus petits, donc on arrive à des véhicules pouvant peser et consommer moins.

    Et, à 30km/h en ville, on rend les TEC, vélo et VAE encore plus intéressants.
    La vitesse moyenne actuelle des voitures en ville n est pas supérieure, mais elles peuvent faire des pointes à 50-60 (70…) km/h entre 2 feux.

    Ce 30 km/h en ville doit avoir une conséquence logique :
    L’assistance élec du VAE, en europe, est faite jusqu à 25km/h, mais, elle est dejà, au canada, activée jusqu’à 32km/h :
    En modifiant la loi européenne, et en rendant légal les VAE assistés jusqu à 30 ou 32km/h, vu qu’ils se déplacent surtout dans les villes / futures zones 30 (c est mieux d avoir la même vitesse pour s’inserer dans la circulation, et limiter les dépassements limites fait par les automobilistes collants), on obtiens des VAE roulant à la nouvelle vitesse des voitures, par des non sportifs, sans qu’ils ne fassent un gros effort.

    -> gros report à espérer, donc libération de places de voirie (voies et parking)
    -> piétonisations de rues possible, avec multiplications des double-sens cyclistes.
    (Sur 4 rues parallèles :
    une rue sur 2 piétonnes, une sur 4 dans un sens pour les voitures, une sur 4 dans l autre sens pour les voitures… et les 4 sur 4 utilisables par les vélo et les piétons dans les 2 sens)

    Remarque :
    Quelque soit la vitesse et la motorisation d’une voiture, elle aura toujours le pb d occupation au sol des voitures…
    c.f. http://www.place-publique.fr/spip.php?article5957
    http://carfree.fr/index.php/2008/04/19/automobile-et-consommation-d’espace/
    et http://carfree.fr/index.php/2010/08/14/la-voiture-en-ville-quel-avenir/#more-9273

    8m2 pour 1.2 personne, même si, à vitesse plus réduite, l’occupation devant et derrière la voiture induite par sa vitesse est diminuée.
    Donc celà restera tjrs un mauvais moyen de transport s’il est utilisé à grande échelle, et encore plus en ville.
    Mais avec ces vitesses réduites, les reports modaux seront facilité -> on peut espérer qu’il y aura alors, sous nos latitudes, bcp moins de voitures.

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