Aux chiottes ! la morale du travail (et la voiture avec)

cohn-bendit

Aux chiottes ! la morale du travail.

Hier, on vouait l’industrie automobile aux gémonies, aujourd’hui, on doit sauver le soldat Ryan! Toute notre compassion, toute notre empathie devraient se tourner vers les millions d’agents et de sous-traitants de l’industrie automobile qui ont perdu ou vont perdre leur emploi. Je ne suis pas d’accord avec cette présentation des choses qui est la conséquence du sur-investissement de la valeur travail dans notre société.

A mes yeux, l’avenir de la planète a plus de valeur que le statut des salariés fussent-ils des millions.

Dans le paysage politique actuel, Daniel Cohn Bendit est le seul qui ose affirmer qu’on doit profiter de la crise pour faire prendre à l’auto le virage du développement durable. Je lui suis reconnaissant de cette prise de position même si il a pris sous ses ailes [en l’occurrence, elles ressemblent beaucoup à une camisole de force] José Bové que j’abomine, par ailleurs, comme je l’ai dit dans un précédent article.

En effet, en la matière, le politiquement correct, c’est d’abonder dans le populisme qui consiste à défendre le travailleur et, en conséquence directe, l’outil le plus indispensable à se réaliser professionnellement: sa voiture ! Le discours démagogique, en l’occurrence, c’est de plaindre les automobilistes qui sont victimes de tellement de contrariétés (radars, hausse de l’essence, limitations de vitesse…).

Le XXème siècle, dans ses délires idéologiques, a porté au firmament la valeur travail selon laquelle le seul moyen pour l’individu de trouver son épanouissement dans la société est d’en être un agent productif. On paye aujourd’hui les conséquences de cet aveuglement. Le XXème siècle a inventé, conjointement à cette idéologie morale, l’outil technologique pour permettre à chacun d’assouvir cette apogée du développement personnel: la voiture particulière.

Lire aussi :  Le communisme ? Non merci

Cette angoisse du jeune de se trouver une « utilité » productive dans la société, le précipite à acquérir une voiture pour lui permettre d’abord d’atteindre l’incontournable statut de productiviste et, ensuite, de se rendre quotidiennement sur son lieu de productivité!

La crise devrait, au contraire, être l’occasion, enfin, de stopper l’absurdité de ce cycle qui n’a de logique que l’apparence:

Je me bats pour trouver du travail et mon arme pour ce combat, c’est ma voiture !.


Gilles Chomel

12 commentaires sur “Aux chiottes ! la morale du travail (et la voiture avec)

  1. FdR

    On dirait que Mr Chomel est déjà en campagne pour les Européennes.
    Mr Chomel ne s’est sans doute pas beaucoup renseigné sur son favoris. Auquel cas il aurait su que ce dernier, est depuis de longues années l’ardent défenseur de l’Europe néolibérale, anti-sociale, anti-démocratique et productiviste, donc bagnolistique de fait.

    Rassurez-vous je ne défend pas josé Bové, dont le choix de d’alliance contre-nature avec le bobo munichois sous l’égide de leur muse hélliportée Nicolas Hulot, me plonge dans un abîme de perplexité. Mais par pitié si vous voulez vous en prendre à ceux qui défendent le productivisme à tout crin, prennez-vous en au PC ou la CGT, dont on peut néanmoins comprendre qu’ils défendent des travailleurs contre le maëstrome du chomâge, mais sont d’autres part suffisemment ininformés pour ignorer que le nucléaire crée bien moins d’emploi que n’en créerait l’éolien et le solaire.
    Enfin, affirmer que daniel Cohenbendit est le seul à revendiquer la sortie de la bagnole. Excusez-moi, là je suis plié en deux. Et d’ailleurs que cache votre phrase: « Dans le paysage politique actuel, Daniel Cohn Bendit est le seul qui ose affirmer qu’on doit profiter de la crise pour faire prendre à l’auto le virage du développement durable »?
    Sarko dirait exactement la même chose…

  2. Marcel Robert

    C’est vrai que Cohn-Bendit a tenu récemment un discours de vérité sur l’industrie automobile (« il faut arrêter de filer du fric aux constructeurs »). C’est déjà pas mal, mais je rejoins largement le commentaire de FDR, Daniel Cohn-Bendit reste un des plus fervents défenseurs du système actuel productiviste, pour la croissance économique à tout prix, qu’elle soit « verte » ou « solidaire », cela reste une politique du passé qui va droit dans le mur… Il n’y aura pas de virage du développement durable pour l’automobile, tout simplement car il n’existe pas de voiture propre ou verte; c’est et cela restera une industrie polluante.

  3. Alain

    L’auteur (avec qui je ne suis pas d’accord) semble donc soutenir Cohn-Bendit en s’appuyant sur le mot qui ne veut rien dire: développement durable.

    C’est du grand n’importe quoi. Pour moi, cet auteur est aussi nul que Cohn-Bendit, farouche menteur et arriviste.

  4. URB

    Oui mais bon, là on parle de Gilles Chomel.
    Il suffit que quelqu’un parle d’une baisse de l’utilisation de la voiturr pour qu’il soit soutenu par Gilles.
    Une vraie girouette.

  5. feenix

    ceux qui critiquent la voiture, devraient effectivement revoir leur vocabulaire : développement durable ! ????
    eh bien oui les cocos en seine maritime ont eu leur epr et pour fêter cela ils vont construire des routes supplémentaires du coté de dieppe : developpement oblige.
    durable qui plus est…

  6. Gilles Chomel

    Merci pour vos réactions.

    Bien sûr, les lecteurs de Carfree ne sont pas dupes quand on associe les mots « auto » et « développement durable ». Nous savons bien que « développement durable » ou « écologie » et auto sont incompatibles! Ca n’est pas le discours pour initiés de cohn bendit que j’analyse, c’est son discours public!

    C’est courageux de sa part d’affirmer cela en allemagne; où ce genre de propos nuit aux gros industriels BMW, volkswagen et Porsch!

    En ce qui me concerne: je suis, bien sûr altermobile, mais je suis aussi assez fondamentalement « libéral » (à l’inverse de Sarkozy qui vient de nommer des « commissaires au plan » 😎 )

    Le libéralisme, c’est l’équation de l’efficacité: pour qu’un système social fonctionne: il faut qu’il soit libéral. Regardez le minitel: il a connu une impasse parce qu’il était dirigiste. Regardez internet: il explose parcequ’il est libéral. Tout le monde peut contribuer sur internet alors que le système était verrouillé avec le minitel.

    L’altermobilisme n’est pas le monopole des altermondialistes! Il n’y aurait qu’un seul altermobiliste libéral, je veux être celui-ci: et merci de me permettre de m’exprimer dans ces colones. Par exemple, je suis plutôt pro-nucléaire et je suis tout sauf « anti-science ».

    Cela étant dit, la « valeur travail » (travail humain) est le dénominateur commun entre la gauche et la droite: c’est la clé de voute de l’alliance objective entre droite et gauche même si la perception de cette valeur est différente selon le point de vue: La gauche défend la valeur travail pour des raisons historiques, la droite pour des raisons plutôt morales.

    Regardez Martin Hirsch: pour lutter contre le chômage des jeunes, il veut distribuer gratuitement le permis de conduire ! A ses yeux, et c’est une opinion respectable, l’emploi des jeunes est plus important que l’écologie !

    Je suis prêt à le rejoindre, mais pas pour les mêmes raisons: Sur mon labo lacpa.fr je plaide pour rendre le permis gratuit et accessible à tous en contrepartie d’une réduction drastique de la vitesse et en échange de l’électronisation des voitures.

    Personnellement je suis un ardent défenseur de la notion de « travail » mais le « travail » des robots! 😎

  7. Marcel Robert

    Gilles, tu sembles distinguer dans ton discours une valeur « positive » (le libéralisme) et une valeur négative (le dirigisme). Je pense personnellement que là n’est pas la question, car, du point de vue de l’environnement, de l’état de la planète, des ressources naturelles ou du climat, ces deux doctrines vont tout droit dans le mur… Si on y réfléchit bien, elles ne sont pas si différentes que cela… Libéralisme et dirigisme économique se rejoignent en effet sur un point central: la croissance économique présentée comme l’unique alternative pour « créer des emplois », « créer de la richesse », etc. En cela, Cohn-Bendit ne se différencie pas d’un Sarkozy, d’un Besancenot ou d’un Madelin… Ils vivent tous dans l’illusion que la croissance du PIB est LA solution, ce qui est une hérésie d’un point de vue social et environnemental.
    Sur un plan social, certains ont très bien montré avant moi que l’illusion de la croissance économique servait avant tout à ne pas poser la question du partage des richesses dans nos sociétés: en faisant miroiter aux gens une croissance future (et donc une amélioration sensée être obligatoire de leur niveau de vie), on évite de poser aujourd’hui la question des inégalités sociales, de la pauvreté entretenue pas les élites, de la répartition plus juste des richesses entre capital et travail, etc.
    Sur un plan environnemental, d’autres ont aussi très bien montré que la logique de la croissance économique éternelle nous amenait droit dans le mur, tout simplement car nous vivons dans un Monde fini dont les ressources ne sont pas inépuisables. Que la croissance soit habillée des habits du développement durable ne change rien au problème.
    Enfin, je ne partage pas non plus ta vision techniciste des choses; je ne suis pas anti-science ou anti-progrès, mais je constate que le principe de précaution est une belle idée absolument pas appliquée. L’automobile était présentée à ses débuts comme un « progrès », on voit où elle nous a menée… Le nucléaire n’est pas non plus la solution car sans même parler d’éventuels accidents catastrophiques, nous n’avons toujours pas de solution définitive aux problèmes des déchets nucléaires et nous reportons cette question sur les générations futures, ce qui est un non-sens historique. Car ces générations futures auront peut-être dans l’avenir de toutes autres solutions pour produire de l’énergie sans tous ces inconvénients, mais elles devront quand même gérer les déchets nucléaires que nous produisons aujourd’hui…

  8. biausser

    Merci Gilles de cette opinion courageuse envers la voiture, Cohn-Bendit, et notre manque de projection.
    Entre le court terme (sauver des emplois) et le long terme (sauver la planète) il y a le moyen terme (créer des emplois qui ne nuisent pas à la panète) …Ce qui veut dire revoir et construire notre politique régionale des transports, et donc nos lieux de vie, et donc nos modes de vie…en ayant l’absolue certitude que nous n’avons pas de complète visibilité sur les conséquences de nos choix technologiques. Mais nous pouvons envisager la moins mauvaise solution en l’état de nos connaissances aujourd’hui, nous pouvons savoir ce qui est franchement perdurable, les choix qui nuisent gravement à la santé et à la planète, et ne pas les prendre, au risque de mécontenter l’intérêt à court terme. Voilà déjà une décennie que l’on aurait dû préparer le changement automobile, et parmi ceux qui y travaillaient, beaucoup savaient que c’était une option passéiste mais profitaient, comme les lobbys à leur tête, du « tant que cela dure… »L’homme est un animal à souci d’immortel et s’échine à se prouver qu’il ne doit pas changer!
    Amitiés
    Evelyne Biausser

  9. Marcel Robert

    BIAUSSER, c’est étrange quand même de soutenir un article défendant Cohn-Bendit quand on publie soi-même un lien vers le MODEM… ou alors on prouve exactement ce que j’écrivais plus haut: Cohn-Bendit, Madelin, Bayrou, Longuet, Borloo, etc. même combat!

  10. biausser

    Eh oui! cela prouve qu’au Modem on n’est pas enfermé dans les cases que l’on dénonce par ailleurs chez les autres… Comme si penser la planète était une affaire de personne.

  11. alain

    « Le libéralisme, c’est l’équation de l’efficacité » dit Gilles Chomel qui critique la voiture en voulant des voitures robotisées. Que de paradoxes et d’imbécilités dans ces propos.
    La politique du tout-béton et tout-bagnole, tu crois que c’est compatible avec le libéralisme de la voiture robotisée?

    Gilles, adhères au Modem car comme dit Biausser « on n’est pas enfermé dans les cases ».

    Le modem tourangeau:
    A Tours,un élu modem/cap21 se revendiquant écologiste approuve l’installation d’IKEA amenant des milliers de voitures de tous les départements alentour puis crie que la planète est en feu et dénonce les particules fines.
    Toujours le même: vote des subventions en faveur de l’aéroport civil de Tours alors qu’un an plus tôt, il jugeait celui-ci inutile et polluant.
    Son nom? Dominique Lemoine.

    Effectivement,; au modem, les cases, on ne s’enferme pas dedans…

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