L’éthanol de betterave condamné pour publicité mensongère

Publicité mensongère

Communiqué de presse Amis de la Terre, FNAUT, Oxfam-France, RAC-F et WWF

Le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP) de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) a retenu plusieurs arguments de la plainte déposée par la FNAUT, les Amis de la Terre et le RAC-F en décembre 2008 sur la publicité de France Betteraves sur l’éthanol de betteraves. Certaines recommandations de l’ARPP, qui a pourtant validé « sans réserve » l’affichage de cette publicité, ne sont pas respectées. Pour les ONG, c’est la preuve que le fonctionnement de l’ARPP doit être revu : il ne garantit nullement les consommateurs contre ce type de publicités trompeuses.

Pour le JDP, les manquements aux recommandations « Développement durable » et « Arguments écologiques » de l’ARPP concernent 4 points :

* La couleur verte, la coccinelle et les papillons sous-entendent faussement un mode de production biologique et respectueux de l’environnement ;
* La production d’éthanol de betterave ne permet pas de créer des milliers d’emplois, mais de les maintenir ;
* L’éthanol de betterave n’est pas 30 % moins cher à la pompe car avec un litre d’E85, l’automobiliste parcourt 28% de distance de moins qu’avec un litre d’essence ;
* La betterave ne constitue pas une réserve inépuisable d’énergie renouvelable.

Les ONG réaffirment cependant – sans que cet argument ait été entendu par le JDP – que la déclaration « 60% de CO2 en moins dans l’atmosphère » n’est pas valide. Pour Diane Vandaele, du RAC-F, le chiffre utilisé par France Betteraves est relatif à l’utilisation d’éthanol en mélange direct et pas d’ETBE, un dérivé de l’éthanol dont la synthèse consomme beaucoup d’énergie. Or en France, 80% de l’éthanol est incorporé à l’essence sous forme d’ETBE. La valeur de 60% de réduction de CO2 ne correspond qu’à un bilan « sortie usine d’éthanol », qui paraît d’ailleurs aujourd’hui très surévalue.

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L’ADEME réalise en ce moment une étude qui doit aboutir en juin à des chiffres de réduction d’émissions de gaz à effet de serre des agrocarburants de 1ère génération en France et les lobbys de l’éthanol se battent pour freiner les progrès méthodologiques et continuer à faire croire que l’éthanol est bon pour l’environnement et le climat.

Pour Marc Debrincat de la FNAUT, cette décision représente un pas de plus dans la lutte contre le greenwashing même si le JDP ne fait que statuer sur le respect des recommandations de l’ARPP dans les publicités qui font l’objet de plaintes et ne travaille pas sur le fond.

Pour Jacques-Olivier Barthes du WWF-France, cela confirme ce que l’on craignait. Le système n’est pas en capacité de réguler avant diffusion les messages des entreprises quand elles utilisent une argumentation portant sur l’écologie. Plus que jamais, les consommateurs doivent être vigilants. C’est la raison pour laquelle les associations ont souhaité créer un observatoire indépendant de la publicité pour alerter et former.

Sébastien Godinot des Amis de la Terre conclut : C’est une victoire en demie teinte car le mal est fait : des centaines de milliers de consommateurs ont certainement été trompés ! L’ARPP a validé la publicité et a prétexté ensuite son incompétence technique sur les agrocarburants pour la juger. Elle ne reste qu’une boîte d’enregistrement qui ne protège pas les consommateurs. Le JDP arrive trop tard et c’est bien l’encadrement de la publicité qui doit être revu en profondeur.