Pollution

« Pollution, polluer, polluant »: ces mots ont pris leur sens actuel vers 1950 et ont « enrichi » la langue française. Mais cette accumulation de mots désigne ce qui étouffe l’homme dans les villes, asphyxie les poissons dans l’eau et englue les ailes des oiseaux dans la fange du mazout.

Depuis une centaine d’année l’ère industrielle a fait entrer l’homme dans la spirale moderne : La course à la productivité pour répondre à la consommation.

Les machines sont de plus en plus performantes. On invente la taylorisation qui dissèque les tâches afin que l’homme ne prenne plus plaisir à son travail et aille ainsi plus vite. Pour qu’il ne soit pas jaloux on met aussi les femmes au travail. Mais comme la main d’oeuvre manque et que les consommateurs consomment, on fait venir tous ces gens des campagnes qui vivent si bien ensemble et qui ne demandent rien à personne. Derrière un épais brouillard gris tout ce monde frénétiquement produit: des tables, des chaises, des automobiles, des réfrigérateurs, des ampoules… Pendant ce temps, dans les campagnes désertées, le paysan solitaire, sur son tracteur, laboure son champ devenu immense.
Les consommateurs consomment toujours, mais ils n’ont plus de place. Ils se mettent à jeter, mais ils n’ont pas l’habitude et ils jettent un peu partout sans savoir comment ni où.

Ainsi naît la pollution.

Aujourd’hui elle est partout…. Dans les campagnes les insecticides et les désherbants entrent dans la chaîne alimentaire, et accompagnés par les fientes animales descendent les jours de pluie dans les rivières. Les rivières reçoivent aussi, les égouts non traités des villes pour se jeter dans la mer où des navires dégazent illicitement et où, parfois, le ventre de pétroliers vétustes se crève en répandant sa cargaison collante et noire. Le parc automobile grandit, les hautes cheminées d’usines rejettent leur nuage noir dans l’atmosphère. Les fumées et la pluie se mêlent pour devenir acide destructeur de forêts. De grandes décharges contrôlées affectent la nappe phréatique devenue impure. La couche d’ozone disparaît. Les centrales atomiques produisent des déchets que l’on stocke. La maladie de la vache folle est dans nos assiettes.

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Vers 1960 « dépolluer » a été inventé. Il a fallu dix ans à l’homme pour inventer un contraire, combien d’années pour réagir? La recherche d’énergies nouvelles propres, l’éducation de l’individu le retraitement et la récupération des déchets peuvent inverser le processus, mais la course au rendement générateur de profits ne risquent-elle pas d’empêcher une victoire encore incertaine de la vie…?

J.Borghese 1998