VAE et autres choses…

velobois

Un VAE, c’est toujours moins dégueu qu’une auto dira-t-on.
Puisqu’il est _semble-t-il_ toujours nécessaire d’accréditer ses propos de son expérience personnelle, je ne possède ni ne conduit plus de voiture depuis juin 2007.
Je vais au taf à monocycle soit 2 fois 8mn de clowneries quotidiennes et plus si j’ai à faire en ville.
Du reste, je sors mon vélo pour des trajets entre 5 et 25Km plusieurs fois par semaine et X Km durant les congés.
J’apprécie aussi souvent courir dans les bois (pour rien si ce n’est le plaisir) et c’est là le rare moment où mes jambes ne décrivent pas un mouvement circulaire.
Il est vrai que j’ai toujours aimé bouger mon cul, (et le reste mais le terme « sport » me déplait fortement car évoque trop souvent un univers puant le « Décathlon », la frime et la compétition).


Tout ça pour dire que je trouve que le VAE est une autre merde, un succédané de véhicule à moteur à combustion.
Pourquoi s’acharner à se laisser trainer par de l’uranium quand on est en bonne santé et que l’on le serait encore plus à pédaler 10 pauvres petits Km?
Parce que transpirer est malsain?
Parce que ça pue?
Pour ma part je préfère rejeter un peu de vapeur d’eau et quelques effluves qu’une batterie pleine de merdes au bout de 5 ans.
Et puis, plus on transpire, plus on s’hydrate, moins la transpiration est concentrée et moins sa dégradation bactérienne est susceptible de dégager des odeurs.
Le stress du travail engendre lui une transpiration bien plus nauséabonde…

« et oui pour beaucoup, vivre sans voiture est signe de faiblesse, de pauvreté » rappelle Vélove dans l’énnoncé de « Mon année de vie sans voiture ».
C’est pour ça que l’on se paye un VAE, parce que se déplacer sans assistance technologique sur un biclou à moins de 1500€, ça fout la honte?
Ou parce qu’à force d’économiser les sous qui ne s’évaporent plus en gaz toxiques, on ne se sait plus quoi en faire?
Parce que passer 7 heures (ou plus) à tafer pour du pognon qu’on ne dépense pas est absurde?
Bin oui, voyons.
A moins de faire partie de ses millions de travailleurs pauvres qui ont eux juste de quoi se nourrir au bout du mois, n’est-ce pas plus jouissif de bosser moins que de bosser plus pour se payer un VAE de luxe quand ça n’est plus une voiture?
Mais on a toujours besoin de choses.
Avant de se les payer, il faut en rêver de ses petites ou grandes choses à posséder.
Il nous faut des choses à penser, des choses à parler, des choses à échanger, des choses pour remplir le vide de nos vies et de nos conversations…
Les choses sont ce qu’elles sont.
Un lien avec ce monde absurde.
L’évidence qu’il nous faut pour encore aller travailler chaque matin et ne pas envisager autre « chose », autre lien à la vie.
Les choses modèlent à leur guise notre perception de la vie, la dépouillent de sens, élaborent ce que l’on appelle la « réalité ».
L’obsession d’acquérir de nouvelles choses toujours plus performantes, toujours plus « belles », plus utiles, plus pratiques, plus légères, plus confortables…

Lire aussi :  La gratuité, un projet de société

Les choses doivent être assez bien faites pour se faire oublier à leur usage.

Et puis comme on les oublie, la sensation de posséder s’estompe et le rêve et la préoccupation qui précèdent le nouvel achat se renouvellent et s’intensifient.
Et si l’on s’arrêtait juste à cet instant où l’objet a vite su se faire oublier parce qu’a pris le dessus l’USAGE, fruit des efforts combinés de l’intellect et du corps en mouvement?
Moment d’émancipation.
Moment de maitrise et de liberté.
Cesserions nous de consommer frénétiquement dès lors que l’on se contente seulement de l’usage d’un objet?
Pourquoi s’ennuie-t-on si rapidement, notamment au volant d’une voiture?
Parce que nous aimons l’effort intellectuel et physique à fournir pour faire bon usage d’un objet.
Parce que c’est un jeu.
Parce qu’une voiture blindée d’accessoires ne requiert plus aucun effort de la part de son conducteur,
c’est par jeu qu’il est tenté de rouler vite, de tester et d’améliorer ses capacités en accroissant le niveau de difficulté…
Mais c’est un jeu très stupide qui (comme rappelé dans un récent article) coûte la vie à plus de 1,2 millions de personnes par an.

Le consommateur se plante.
Les « merveilles technologiques » n’apporteront jamais plus de plaisir à l’usage, à moins de risquer sa vie et celle des autres.
Le consommateur se plante parce qu’il ne sait pas jouer.
Parce qu’il s’imagine que posséder le meilleur produit fera de lui le vainqueur du jeu.
Parce qu’il s’imagine qu’être un vainqueur procure du plaisir et suscite l’admiration.
Parce qu’il ne sait plus que penser à des choses.

Sinon,

se contenter d’user de petites choses pour s’amuser.
Se déplacer à vélo, à monocycle, en patins ou planche à roulettes, à pied ou sur les mains.
(S’am)user de transports simples et doux pour ne plus rêver à dépenser des euros mais ses neurones et ses tartines matinales.
User et maitriser simplement ces choses pour passer à autre non-chose.
La chose oubliée et en rester là, à sentir, voir, échanger et imaginer d’autres liens à la vie et aux vivants.

Yôm

12 commentaires sur “VAE et autres choses…

  1. Vincent

    JE SUIS ENTIEREMENT D’ACCORD ! Cela me fait même penser à un livre que je lis en ce moment : l’art de l’essentiel. Je parle en connaissance de cause : se détacher du surplus matérialiste et ne venir qu’à l’essentiel change la vie, puisque enfin on se rend compte qu’ON VIT ! Les problèmes de la société souligné ici sont voué à disparaître. Pas besoin d’avoir des yeux de lynx pour se rendre compte qu’on commence à être malade de cette société du pré-mâché, du moindre effort et du matérialisme à outrance.

    Les gens finiront par ouvrir les yeux, espérons le…

  2. URB

    C’est vrai que nous avons tous sans exception les même aptitudes face au sport.
    D’ailleurs on est tous des champions du monde potentiel dans de divers sport.

    Ha bon, ce n’est pas le cas ?

    Et oui, les activités physique, c’est facile surtout quand on pratique… régulièrement.
    Quand on ne pratique pas, c’est beaucoup plus dur.

    Pour le VAE, je trouve que c’est une bonne chose pour se remettre dans le « bain ». Ce n’est pas toujours évident de se taper 10km le matin, une journée de travail (7-8 h) et de repartir pour 10km.

    En plus le VAE permet de passer des obstacles comme des côtes avec un certain dénivelé.

    Après quand on a repris l’habitude de refaire du vélo etc… on veux aller plus vite (même chez les cyclistes, c’est dingue) et être bridé à 25km/h ce n’est pas forcément ce que l’on veux et là on passe au vélo sans assistance.

    Pour le prix des vélos, pas besoin de prendre un VAE pour dépenser pas mal d’argent dans un vélo, il y a des gens qui aiment les vélos léger, de bonne qualité, avec une certaine esthétique et tout ça à un prix.

    Est-ce mal pour autant ?
    Devons nous tous rouler avec de vieux vélo ?
    Et oui dur vérité, nous ne sommes pas tous égaux, que ce soit financièrement, physique etc…
    Sinon qu’est-ce qu’on s’ennuierait.

    🙂

  3. Marc

    @URb : +1

    Je n’ai pas l’usage d’un VAE car faisant régulièrement du vélo mais mon épouse a un trajet plus dur avec deux dénivelés sans piste cyclable comme alternative (donc, confrontée au bagnoles).

    N’ayant pas vraiment envie de risquer sa vie à cause d’un chauffard, on a préféré jouer la sécurité avec un VAE costaud lui permettant de monter ces deux côtes sensibles à une vitesse compatible avec les énervés à 4 roues.

    Pour le choix, cela allait du truc chinois pas cher (700 € qd mm) pourrave, mal équilibré, avec une batterie au plomb inefficace au possible et pas sûr de faire un an au vélo allemand hors de prix (2500 €… arf) en passant le kit bizarre mais pas franchement homogène.

    Bref, ce fut le premier prix de la gamme KHALKOFF à 1400 € vite amorti par la revente de la bagnole et les économies d’assurance et d’entretien. En plus, une batterie Polymère/Ion se recycle facilement, coûte moins de ressources industrielles et recourt à un chargeur intelligent qui optimise le chargement : parfois, la technologie a du bon…

    Bon, ça m’empeche pas de la semer dans la cote avec mon vieux Gitanes converti mais au moins, elle se retrouve à armes égales (en termes de réactivité et de vitesse) avec les trucs à CO2 dans les deux zones critiques de ses 8 km quotidiens.

    Bref, s’il y avait une piste cyclable sur ces deux côtes, le VAE n’aurait pas été nécessaire…

    Marc

  4. Pim

    Si le VAE permet à de nombreux indécis de quitter leur voiture pour le boulot, je suis 100% pour, même si ca fait gadget. Et puis avec le temps, rien ne dit qu’ils ne repasseront pas au vélo normal (après une batterie à remplacer = cher, après un vol etc…)

    Ceci dit le problème que tu abordes ici est bien plus large et concerne la consommation utile… Généralement, le CONsommateur aime avoir un gadget tout neuf qui brille, ca lui procure du plaisir pendant quelques heures, il se sent fort, supérieur! Et il s’en lasse aussi vite. Aussi doit-il en racheter un autre, et de préférence celui de l’affiche publicitaire où il y a la nana qui montre ses nibards aux passants. C’est plus vendeur !
    Bref, pas facile de bien consommer quand on manque d’esprit critique et qu’on est lobotomisé par des milliers de pub chaque jour !

  5. Tom34

    Salut,

    Ce point de vue est très égocentrique.
    OUI, je resterai à vélo tant que je pourrais assumer le temps de trajet et la fatigue physique.
    Mais NON, le VAE n’est pas un gadget quand le/la cycliste n’a pas la forme physique nécessaire pour son trajet quotidien.

    Et pour ceux qui ne veulent pas CONsommer chinois, il y a des kits et VAE franco-canadiens.

    Rappel : le VAE est le véhicule électrique le moins cher disponible, et le plus propre (petit moteur, petite batterie, hybride électrique/humain).

    A+
    TOM.

  6. xtoflyon5

    Je suis pratiquant quotidien et urbain du VAE, du V sans AE et du V(TT) de sportif, ainsi que convaincu de la vie sans voiture depuis 2 ans.

    Ce qui est bien c’est que cet avis anti-VAE, au moins n’est pas du type « c’est un vélo de fainéant » du sportif à tout crin. Néanmoins, les positions prises ici sont toujours très dogmatique, dans un autre extrème « si vous êtes assisté, c’est mal, c’est renier l’homme, la nature, blablabla ».

    Oui, si le monde et les gens étaient parfait, tout irait mieux…

    Néanmoins, en étant pragmatique, le VAE, ça marche très fort dans le bon sens. En VAE on fait 4 fois plus de vélo qu’en vélo normal. 2x plus longtemps parce qu’on se fatigue moins et 2 fois plus loin. Résultat, on fait du vélo, là ou normalement on n’en ferait pas ! C’est pas ça le but, faire plus de vélo.

    Et a 5 Wh/km, le VAE, il n’y a pas plus efficace énergétiquement parlant. Sauf sans énergie autre que les muscles, mais si c’est pour laisser le vélo au garage parce qu’on doit faire 2 x 15 km ou une cote à 15%, on a tout perdu.

    Whatever works !

  7. ahbon

    Je trouve ce brûlot anti-VAE fort de café. Je n’ai pas le temps de m’étendre sur le sujet, mais je voudrai tout de même donner un autre son de cloche… En tant que cycliste, je préfère (euphémisme) rencontrer sur la route des VAE que des voitures… Et donner des leçons sur l’inutilité d’un VAE est facile… Mais chacun d’entre nous se trouvent dans une situation différentes. Pour se rendre au boulot, certains ont la chance d’avoir un parcours plat et court (genre 2 – 10 km). D’autres ont des parcours vallonnés est long… Personnellement, si mon domicile était à plus de 15km de mon lieu de travail je pense que je prendrai un VAE sans trop hésiter. Car si certain d’entre nous sortent du boulot frais et dispos, ils ont bien de la chance, mais ce n’est pas forcément mon cas quand je dois rentrer chez moi après une nuit de travail, où que je dois enfourcher mon vélo à 04h00 du matin pour m’y rendre.
    Je suis pour le moment jeune et en bonne santé, et je n’ai pour le moment pas besoin de VAE mais tout le monde n’a pas la possibilité de pédaler dans de bonnes conditions, surtout si le parcours est vallonné. De nombreuses personnes ont des problèmes de hanches, de jambes, de pieds, de dos, qui peuvent rendre l’usage du vélo difficile sans assistance. Sont ils condamnés à prendre la voiture ? Ne méritent ils pas eux aussi de connaître les joies du vélotaf ?

    Le VAE, un gadget ? Très certainement pour celui qui en achète un pour suivre la mode et qui ne roulera jamais avec. Mais le VAE est aussi un bon moyen de faire venir au vélo « classique » des personnes effrayées dans les premiers temps par l’effort physique.

    Et bizarrement, je trouve que payer un vélo plus de 1000 euros n’est pas honteux, et ne signifie pas nécéssairement que l’acheteur paye l’ ISF… c’est peut être aussi qu’il a arbitré ses choix d’achats. Cela ne choque pas grand monde que le coût moyen d’un abonnement de téléphone portable est de 360 euros par an, mais beaucoup de personnes ne comprennent pas comment on peut mettre de l’argent dans un vélo, que l’on gardera 20 ans ou plus si tout se passe bien, et dont l »utilisation est vitale sauf peut être à habiter dans les très grands centres urbains.

    Je pense qu’il y a autre chose à faire que de tirer dans les pattes des citoyens se mettant au vélo, même électrique.

  8. Laurent Moto Vélo Roller

    Dans cet article, il y a d’excellentes questions à se poser avant de consommer. Pourquoi acheter un produit ? Suis-je plus heureux avec ce produit ?

    Maintenant, la position de Yôm vis à vis du VAE est assez radicale.
    Je ne sais pas pourquoi, j’ai une pensée pour les traditionalistes qui ne voient que par la messe en latin dans des églises glaciales où l’on se fait la tête …..

    De mon côté, je le vois autrement.
    Ce qui devrait être important, c’est que nous soyons plus nombreux à rouler sur des vélos qu’ils soient
    – droits
    – couchés
    – petits
    – grands
    – à un prix abordable
    – à des prix faramineux
    – pliables
    – pour filles
    – pour enfants
    – pour hommes
    – électriques
    – ou 100 % physique
    – à pignon fixe
    – sans frein
    – customisé à mort
    – VTT
    – Beach cruiser
    – de course
    – VTC

    En bref, du moment qu’il y a 2 roues, une chaîne et que ça roule sans moteur à explosion ….

    Vive la communauté V E L O ouverte !

    Laurent OPEN BIKE

  9. alain

    simple et mathématique

    1 type de 40 ans
    +110 kg de gras a trimbaler
    + problemes respiratoires et
    cardiaques
    divisé par 1200 kilometres par an sur mon cher VAE
    égale
    2 ans de bonne santé
    5 Kilos de perdus
    2 cuissots de cyclistes qui commencent à me valoir l’admiration de ma moitié

    vive le vélo

  10. Didier-971

    Vous maîtrisez manifestement mal des ordres de grandeur, pas besoin d’une centrale nucléaire pour recharger un vélo, un petit capteur solaire fera l’affaire. Si un capteur solaire aussi c’est pas assez propre pour vous, vous pouvez remplacer votre chauffe-eau par un chauffe-eau solaire (ça ne coûte presque rien, ce n’est pas polluant à fabriquer, et ça dure au moins 20 ans) et jeter votre cumulus, l’économie d’électricité couvrira largement la recharge de vos VAE (enfin si vous êtes marié !). Mais vous n’avez peut être pas de cumulus, les douches froides c’est plus écolo, et l’eau étant rare autant ne pas se laver (vous appréciez tellement la sueur). Voilà, je défend les VAE bien que je n’en ai pas, parce que je me doute bien que c’est parfois indispensable. Perso j’ai une 106 électrique (la seule voiture du ménage) car on est 5 dont 3 très jeunes enfants, et je marche à pied pour les petites courses, une 106 nucléaire comme vous diriez…

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