Enfumés !

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A l’occasion du COP15, sommet de l’ONU sur le climat qui se déroule du 7 au 18 décembre à Copenhague, France 4 vous propose Enfumés… une enquête documentaire inédite de Paul Moreira sur le lobby pétrolier américain et l’action des négationnistes climatiques. Le journaliste revient sur cette tempête politique montrant comment les industriels du pétrole, du charbon et de l’automobile ont placé leurs agents d’influence au coeur même de l’administration américaine.

Si vous vous demandez pourquoi depuis dix ans on nous rebat les oreilles du réchauffement climatique sans que rien ne semble avoir été fait pour l’enrayer, regardez l’enquête réalisée par Paul Moreira pour France 4 et qui passe le 12 décembre prochain à 18h05 (rediffusion Lundi 14 décembre à 00h40) ou en ce moment même sur Internet (voir plus bas).

On y découvre comment un lobby efficace et discret, américain dans sa grande majorité, a freiné de toutes ses forces. A sa tête, on trouve certaines des entreprises les plus rentables et les plus puissantes de notre planète.

Le pétrolier Exxon Mobil, par exemple. 40,6 milliards de dollars de profits en 2008. Une force de frappe inégalée. Exxon doit défendre ses intérêts. Si demain des mesures globales et coordonnées visant à réduire l’effet de serre venaient à être prises, elles entraîneraient une baisse inévitable de la consommation en essence. Donc, une chute mécanique des profits et du taux de l’action boursière.

Pour éviter cela, le pétrolier, allié aux industries automobiles et charbonnières, a financé une extraordinaire machine de guerre visant à nier l’urgence climatique. Ces hommes d’influence ont pesé sur le débat aux USA mais aussi en Grande-Bretagne, et dans les institutions européennes, à Bruxelles. A Washington, on les appelle « The Carbon Club », le Club du Carbone…

KYOTO, décembre 1997.

Pour la première fois 160 nations envisagent de réduire leurs émissions de CO2. Parmi elles, les Etats-Unis d’Amérique sans lesquels aucune politique mondiale n’est possible. Le vice-président Al Gore prononce une phrase qui sonne comme une déclaration de guerre : « Dans mon pays, nous nous souvenons des industriels du tabac qui nous expliquaient que fumer n’était pas mauvais pour la santé. A ceux qui vont chercher à faire obstruction à notre démarche nous disons : nous ne vous laisserons pas mettre des intérêts privés étroits au dessus de ceux de toute l’espèce humaine…» Certaines industries vont se battre contre les décisions prises à Kyoto car pour elles, réduire les émissions de CO2 signifie réduire la consommation et donc leurs chiffres d’affaires. Un lobby aussi implacable que discret va tout faire pour freiner ce processus. Les lobbyistes vont infiltrer l’appareil d’état, séduire, menacer les politiques, modifier les lois. Ils vont financer une extraordinaire machine de guerre visant à nier l’urgence climatique.

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2001 : George W. Bush est élu. L’enquête montre comment les industriels du pétrole, du charbon et de l’automobile vont placer leurs agents d’influence au cour même de son administration.

L’un de ces lobbyistes, Philip Cooney, va devenir l’interface entre la communauté scientifique du climat et la présidence des Etats-Unis. Il a travaillé pendant 15 ans pour l’institut du pétrole américain et son infiltration au cœur de la Maison Blanche en tant que chargé du climat au Conseil de la Qualité Environnementale aurait dû rester secrète. C’était sans compter sur Rick Piltz, un modeste fonctionnaire chargé d’éditer les travaux des scientifiques sur le climat. Piltz va être témoin des pressions exercées par Philip Cooney sur la recherche. Il va découvrir que les rapports des scientifiques sont massivement modifiés, amendés, tronqués par Cooney. En y injectant le doute, il va en altérer le sens … Là où les scientifiques avaient mentionné des certitudes, il glisse des « peut-être »…Rick Piltz décide de quitter son travail avec les documents qui établissent l’infiltration du lobby pétrolier. Il donne l’alerte, devient un « whistle blower ». L’information fait la UNE du New York Times. En 2007, les parlementaires démocrates demandent une commission d’enquête. Ils veulent entendre Philip Cooney et lui faire avouer qu’il n’était pas un simple fonctionnaire au service du bien public mais un agent du lobby pétrolier. Paul Moreira a obtenu l’autorisation de filmer les auditions devant le Congrès. Dans une dramaturgie évoquant un moment de cinéma, l’agent d’influence est passé sur le grill. Les auditions vont révéler les méthodes très particulières du gouvernement Bush et ses liens organiques avec l’industrie pétrolière. Ainsi, un document destiné à rester secret est produit : c’est un plan d’action élaboré par le lobby pétrolier, une feuille de route pour manipuler l’opinion publique et retarder les décisions. Un climat d’intimidation qui touchait non seulement l’administration mais aussi les institutions comme la NASA. A cause des manœuvres des lobbies industriels et des blocages du gouvernement Bush, un temps précieux a été perdu. Les spécialistes disent une dizaine d’années.

Après l’élection de Barack Obama, la position des climatologues et des écologistes va être entendue. L’objectif de la nouvelle administration américaine, bien disposée à lutter contre le réchauffement climatique est le suivant : ramener les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis à leur niveau de 1990 d’ici 2020.

5 commentaires sur “Enfumés !

  1. Ltc

    STEVE:
    Si vous vous demandez pourquoi depuis dix ans on nous rebat les oreilles du réchauffement climatique sans que rien ne semble avoir été fait pour l’enrayer

    Lol
    Enrayer le RC? On se prend pour dieu tout puissant?
    L’enrayer en decretant l’arret d’emission de CO2 ? Donc en mettant en place un regime totalitaire? Ca fait rever les lobbys vert.
    Les gentils lobbys vert contre les mechant lobbys noir mangeurs d’enfants.. Bienvenu chez les bisounours..

  2. Cleripage

    En réponse à LTC :

    Je ne crois pas que les « verts » soient tous des naïfs et qu’ils croient en des miracles.
    L’objet n’est pas d’enrayer le réchauffement climatique. Le réchauffement est installé et pour longtemps. L’enjeu est par contre de réduire les émissions de GES pour ne pas amplifier le phénomène jusqu’à l’insupportable. L’enjeu est aussi de limiter la destruction des ressources naturelles qui ne sont pas renouvelables, car au rythme où nus allons, il n’y aura bientôt, très bientôt, plus assez de ressources pour tout le monde. Et vous savez ce qui se passe quand il n’y en a pas pour tout le monde ….
    Je vous conseille d’aller prendre quelques cours sur le site de Jean-Marc JANCOVICI : http://www.manicore.com/index.html

    A moins bien sûr que vous vous foutiez de l’avenir de vos enfants … et de ceux des autres.

    Cordialement

  3. Damien

    a voir absolument.
    busheries, mensonges et gros sous.
    l’interview de claude allègre est un délice à consommer jusqu’à vomir

  4. Yôm

    « Après l’élection de Barack Obama, la position des climatologues et des écologistes va être entendue… ».
    Je me permets juste d’émettre un doute quant aux bonnes intentions de M. Obama:
    Prix Nobel de la paix en poche et des chauferettes sous les paupières, il annonce le renfort des troupes en Afghanistan et aucun retrait envisagé sérieusement en Irak.
    Or il me semble qu’à part y trouver du pétrole, rien d’autre ne justifie la présence assassine étasunienne sur ces territoires.
    Inconséquence du président ou naïveté de ceux qui le croient?

  5. Pim

    Je conseille vivement ce documentaire… Très bien mené! J’ai beaucoup aimé le parallèle à l’industrie du tabac, qui a longtemps nié le danger du tabac.
    Le documentaire fait état de 10 ans de retard en lutte contre le climat à cause de l’industrie du pétrole. J’ai l’impression que c’est beaucoup plus, car c’est loin d’être terminé! Aujourd’hui, l’industrie automobile continue (hélas avec succès) en essayant de surfer sur la vague de la « voiture propre électrique au nucléaire »… Et l’industrie pétrolière ne dispose pas que de pétrole ou charbon, mais de nombreuses exploitations forestières etc… qu’elles exploitent toujours sans limite.

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