Führers et spéculateurs, le « marché à la sauvette » du nucléaire

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Historique politico-énergétique du nucléaire

Contrairement aux apparences devenues si fortes et prégnantes, le nucléaire n’a jamais vraiment eu un avenir à long terme en dehors du militarisme et du totalitarisme… Non pas tant à cause des graves problèmes écologiques qu’il pose mais plus simplement par sa non viabilité économique en dehors du cadre d’un puissant appareil d’état « riche » et centralisé. Une « société nucléarisée » s’impose de manière totalement arbitraire, Sainte sœur Anne d’Aréva le rappelle pour toutes les étapes de la politique énergétique de la France depuis les grands barrages.

C’est ce qui s’est passé dans tout les pays, en France, en Russie, au Japon, en Corée comme en Iran ou en Chine… Elle nécessite donc une puissante organisation bureaucratique pour assurer la spoliation massive de la population. Comme le rappelle si bien une « pointure de second ordre » de la technocratie française « les contribuables (français) ont beaucoup contribué par leur impôts » au développement du nucléaire en France.

Le développement du nucléaire n’était possible aussi que sur les bases solides préalables de la « civilisation du pétrole ». Ce que Sainte sœur Anne appelle la « deuxième révolution énergétique » est exactement le socle énergétique ayant assuré la victoire du Léviathan technocratique. En conséquence ce dernier n’est donc lui-même qu’un sous produit de cette époque industrielle. Sans Léviathan technocratique puissant, pas de nucléaire possible ! Totalement dépendant de l’utilisation massive des « énergies fossiles » qui a soudé dans l’euphorie générale la société des automobilistes téléspectateurs, le nucléaire ne peut pas sérieusement lui survivre longtemps.

Les autres ingrédients historiques indispensables, sont aussi sous la dépendance du « socle énergétique » de la « deuxième révolution industrielle ». Le Pétrole intervient donc à tous les étages. Il a assuré le « ciment social » fondamental pour l’érection des centrales nucléaires, ainsi que la série des grands pactes nationaux, « l’unions sacrée » entre les « partenaires sociaux » : l’élite travailleuse de la classe ouvrière « l’aristocratie ouvrière », pilotée par son « avant-garde syndicale », les castes sacerdotales des ingénieurs et scientifiques, les chefs des grandes entreprises nationales. Tout ce beau monde chapeauté par son état-major politico-militaire est unanimement engagé dans la bonne dynamique de la religion du Progrès. Le Pétrole par la bagnole a tout simplement « aboli » la « lutte des classe »…

Sans ces ingrédients, « union sacré » à tous les niveaux de la hiérarchie sociale, utilisation massive des « énergies fossiles », et euphorie généralisée de la société des automobilistes téléspectateurs et puissance étatique du Léviathan technocratique, le nucléaire perd son socle historique. « Les Trente Glorieuses » sont derrière nous et le nucléaire voit son avenir économique « civil » (et militaire) fortement compromis. Le développement actuel du nucléaire iranien n’est en rien différent de l’exemplaire modèle Français ; tous les ingrédients sont les mêmes. Puissance du Léviathan technocratique, arbitraire, ciment religieux et nationaliste de la nation et pétrole abondant. En France, le « choc pétrolier » n’était qu’un prétexte de Polichinelle pour lancer ce qui été souhaité et déjà anticipé depuis longtemps par le Léviathan technocratique.

Les temps ont changé, le pétrole continue à couler mais les « gros débits » ne sont plus assurés. Le « socle énergétique » s’épuise et le socle social et historique du nucléaire se fendille. La « base de masse » entre dans la précarité. Les ingrédients de sa « réussite » fulgurante commencent à manquer.

La viabilité nucléaire sur le long terme dépend donc, de plus en plus, de l’exacerbation de l’autorité et de l’arbitraire du Léviathan technocratique. La belle époque de la toute puissance des « états nations » est révolue. La précarisation croissante des « classes moyennes » ne permet plus de « pressurer à souhait » les honnêtes contribuables. Seul l’arbitraire de « l’ex-état providence » et la libération de la « Dette Publique » peuvent encore financer nationalement le programme nucléaire et « sauver les apparences ». Dans l’euphorie encore persistante par inertie de la société des automobilistes téléspectateurs la chose reste encore possible. Seule la source occulte mais essentielle du financement fonctionne encore, celle de l’institution infaillible de la Françafrique…

Interprétation sémiologique indirecte du « marché à la sauvette »

Le Rythme du cœur économique s’est accéléré, il palpite, ce n’est peut-être pas bon signe pour les affaires. L’empressement devient perceptible ! Trouver des débouchés à « court terme » pour « refourguer » le nucléaire, rentabiliser les « savoirs faire » de cette activité accumulée pendant tant d’années, est devenu une préoccupation prioritaire, pour les états-majors. Les « grandes démocraties (nucléaires) avancées », s’activent maintenant pour chercher l’argent, là où il est, et les dictateurs capables de concentrer l’argent, là où ils sont. De ce côté, la « conjoncture économico-politique » reste encore très favorable.

Un comité d’experts scientifiques annonce que les « gaz à effet de serre » menacent la planète. C’est la « bonne nouvelle », elle fait office psychologique de « choc pétrolier », l’exploiter dans une opération de marketing en faveur de la prolifération des centrales nucléaires. Le réchauffement climatique est en fait connu depuis cinquante ans. Il faut le rappeler. L’auteur de « L’Utopie ou la Mort » en parlait déjà de manière catastrophique dans les année 60 du siècle dernier (1). Mais dans les années 1960 l’industrie automobile et l’agriculture industrielle polychimique ont encore un monde à conquérir; à cette époque, une communication sur les « gaz à effet de serre » serait mal venue, totalement nuisible à la marche des affaires. Et dans les années 1970 le Léviathan technocratique reste encore fier et jaloux de sa technologie de pointe, tout entier et pleinement investie dans les explosions nucléaires… Puis le « choc pétrolier » a été un prétexte suffisant pour imposer le nucléaire et le faire accepter comme une nécessité à la société des automobilistes téléspectateurs. Ainsi tout a pu continuer comme avant…

Le rapport du GIEC seemble avoir été taillé sur mesure pour servir et être instrumentalisé dans le dispositif de propagande nucléaire. Le « Réchauffement Climatique » rend soudain fréquentable tous les dictateurs solvables, en argent ou matière première vitale, pour l’économie mondiale. Il y a « urgence pour la planète » s’écrient les honnêtes savants du GIEC. Créer le « marché à court terme » du nucléaire pour lutter contre l’aggravation de « l’effet de serre », traduisent les marchands de centrales nucléaires.

Les multinationaux maîtres du jeu économique battent la mesure et imposent leur tempo. « Les affaires à court terme sont encore toujours les meilleures »… Et le nucléaire « fierté nationale » exclusive des « démocraties avancées » ne fait plus exception. Le voici maintenant faire partie du flot des marchandises en recherche urgente de demande solvable. Les Nations nucléarisés se mettent en rang de bataille sur ce nouveau marché mondialisé.

Les anciennes puissances industrielles à façade démocratique encore préservée, sans exception, se positionnent sur ce nouveau marché. Elles mobilisent leur VIP pour en faire encore aux frais des contribuables, les VRP du nucléaire. Les chefs d’état transformés en représentants voyageurs de commerce au service des multinationales, arrondissent en douce leurs « fins de mois », pendant le temps de leur mandat. Ils sillonnent le monde pour décrocher les marchés. « Infirmières contre Nucléaire, marché conclu ! » Toute demande solvable est à considérer sérieusement, la concurrence s’annonce rude… On ne s’embarrasse plus de respectabilité politique de l’acheteur. Ce genre de détail est incompatible avec la profession de foi des VIP-VRP. Les nations émergentes, à solvabilité assurée, sont courtisées avec assiduité, sans discrimination aucune.

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La France renoue avec sa grande tradition, de « coopération ». « Le guide suprême de la nation irakienne, autrefois grand espoir solvable du nucléaire occidental grâce au pétrole est mort ! Vive tous les autres grands leaders nationaux des « révolutions locales » ! Et puis Vive tous les guides suprêmes (solvables) ! » Telle est la subjectivité nécessaire au commerce des centrales nucléaires.

L’urgence du marché à la sauvette

L’ordre du jour et le plan de bataille pour le Léviathan technocratique, c’est de reforger le plus rapidement le « savoir faire » technologique encore commercialisable, bien avant qu’il ne soit trop tard. Il y a suffisamment de tyrans « pleins aux as » de par le monde pour donner sa dernière chance au nucléaire. C’est certainement par ce « recyclage » d’urgence auprès des « Tyrans du Monde », que Sainte sœur Anne parle du nucléaire comme une « énergie recyclable »

« Centrale Nucléaire contre pétrole !» « Centrale nucléaire contre matières premières ! » parfaire son arsenal industriel, jouer enfin dans « la cour des grands de ce monde », pour les tyrans locaux le marché est alléchant. Parfaire à terme sa panoplie militaire, le marché pour eux devient irrésistible. Les « guides suprêmes » de toutes les révolutions et contre-révolutions locales ou nationales, « proies idéales » habituelles répondent. Facilement appâtés, ils se « bousculent au portillon ». Sur le « marché à la sauvette » du nucléaire, ils acquièrent, en prime, leur respectabilité international.

Le Polichinelle généralissime et guide suprême, une fois piégé, tombé dans l’escarcelle des « marchands ambulants» du nucléaire, découvrira peut-être, mais trop tard, que « Centrale nucléaire contre pétrole » veut dire aussi « pétrole contre uranium ou plutonium » et dépendance technologique. Les « pièces détachées » des centrales sont comme les « cartouches d’imprimante d’ordinateur », « Ellet ne sont pas données ! » Même si la centrale est offerte comme un téléphone portable pour « un franc symbolique ». Le nouveau « joujou » technologique du guide suprême tout comme les avions « d’Assault » ne fonctionnent pas tirés par une ficelle ni non plus aux piles ordinaires. La maintenance a un coût et les coûts de l’approvisionnement en matière fissible ne peuvent que se positionner sur des perspectives de croissance vertigineuse avec la fin de l’ère pétrolière. Dans cette nouvelle compétition mondiale du pétrole et de l’uranium, laquelle de ce deux matières décrochera la « palme d’or » de la plus rapide ascension en prix ?

Les « hautes technologies », fierté nationale exclusive et fleuron protégé des « Grandes Puissances », sont soumises à leur tour au nouveau tempo des marchés. Comme de vulgaires voitures en fin de potentiel, elles se vendent maintenant à la « sauvette ». Le nucléaire rejoint à son tour, avant péremption, les « objets de pacotille » à « quat’sous ».

Ce n’est pas le « Réchauffement climatique » qui a fait sauter tous les verrous sécuritaires du nucléaire, c’est bien la « crise pétrolière » qui rend urgente la commercialisation des centrales nucléaires. Dans dix ou vingt ans elles ne pourront être vendues que bradées, comme des imprimantes d’ordinateur, ce sont les cartouches de combustible, les pièces détachées et les « savoirs faire » qui feront le marché du nucléaire. Les opérations de maintenance atteindront à terme des prix exorbitants. Même le plus débile des tyrans, s’il dispose encore d’une certaine marge de manœuvre, deviendra capable de comprendre l’arnaque du nucléaire. Les experts nucléaires sont bien placés pour savoir quand exactement les centrales nucléaires deviendront définitivement invendables.

La « crise du pétrole » a fait sauter tous les verrous en un instant. Et, le « Réchauffement climatique », bien connu depuis cinquante ans au moins, a repris du service. Instrumentalisé au profit du Léviathan technocratique pour labelliser en « Vert » le marché du nucléaire. Il est en charge d’accélérer les ventes, avant péremption, des centrales et du « savoir faire » nucléaires.

Encore une fois tout n’est plus que question de communication, d’esbroufe tout simplement. Sainte sœur Anne d’Aréva, dans la plus pure tradition Française a été choisie (entre toutes les femmes) pour porter ce « drapeau national », sauver les apparences et donner une image féminine rassurante à l’arnaque historique du nucléaire.

L’urgence de la vente, pour refourguer un matériel nucléaire, intrinsèquement obsolète sans pétrole, a été comprise de manière instantanée par l’ensemble du Léviathan nucléaire international. Alors, aucune fausse note, pas de dissonance, pas de polyphonie et encore moins de dodécaphonie ; un plein chant parfaitement à l’unisson : « vendre tant qu’il est encore temps ! » vendre tant qu’il y a du pétrole pour faire voler les avions « d’Assault » Françafricains ! » « Vendre tant qu’il y a des tyrans suffisamment puissants et capables de concentrer l’argent ! »

Cette version relevant de « l’investigation littéraire » (2) pour comprendre le « nouveau marché nucléaire » apparaît aussi acceptable sur le plan des lois physiques. En effet, d’un point de vue thermodynamique, elle est « énergétiquement » et de beaucoup la plus « économique ». Il est difficile, même pour un esprit très imaginatif de croire que le Léviathan technocratique nucléaire national Français, puisse opérer un revirement politique aussi important, pour se préoccuper maintenant de problème écologique. Après avoir pendant un quart de siècle gratifié la planète, avec 210 explosions nucléaires dont la dernière a eu lieu en 1996, les lois de la physique Newtonienne par la simple inertie du système excluent d’emblée un aussi brutal changement de cap de 180°, effectué en si peu de temps…

Tours novembre 2009

JMS

(1) René Dumont « L’Utopie ou la Mort » Ed.Seuil 1973. L’auteur aborde les problèmes écologiques liés à la circulation automobile. Et, il faut le noter, il parle, déjà à cette époque, de manière très inquiétante et claire, du « Réchauffement Climatique » lié à l’explosion de la circulation automobile… Il faut le savoir, la chose était très bien connue dès les années soixante. Mais à cette époque, l’industrie automobile et du transport, l’industrie des pesticides et le machinisme agricole sont en pleine croissance. Ils doivent encore conquérir le monde. Il n’était donc pas question de soulever sur la place publique, un quelconque « dérèglement climatique » lié à ces choix politico-économico-énergétique.
(2) Formule utilisée par A. Soljenitsyne pour définir son livre « L’archipel du Goulag »

Source Image: http://www.mitwelt.org/idx-version-francais.html