Hugo Chávez à Copenhague : « Si le climat était une banque, les pays riches l’auraient déjà sauvé »

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Le président Hugo Chávez se trouve à Copenhague pour y rencontrer les mouvements sociaux et les collectifs de lutte contre la destruction de la planète ainsi que pour participer à la XVème Conférence de l’Organisation de Nations Unies (ONU) sur le changement climatique. Comme le président Evo Morales, il a réitéré que le capitalisme est la cause fondamentale de la destruction de la Terre Mère.

Le mandataire vénézuélien a demandé aux représentants des pays présents au sommet de changer le monde. « Sans cynisme, sans double discours, avec la vérité pour point de départ« . Il a accusé les pays riches d’être responsables de l’impasse actuelle, faute de « volonté politique » pour baisser les émissions de C02.

« Si le climat était une banque les gouvernements des pays riches l’auraient déjà sauvé« , a-t-il déclaré en faisant allusion aux pancartes déployées par les manifestants qui exigent un accord juste pour sauver le monde.

Dans son discours en plénière il a expliqué pourquoi le socialisme est la voie pour le sauvetage de la Terre face au capitalisme destructeur et déprédateur des ressources naturelles. Il a exhorté les gouvernements de toute la Terre à lutter contre la nature destructrice de ce système.

« Dehors grondent les peuples. J’ai repris quelques uns de leurs slogans. Le premier : ne changez pas le climat, changez le système. Changeons le système et nous commencerons à changer la planète » a-t-il expliqué.

L’Histoire, selon lui, oblige aujourd’hui les peuples à mener la lutte contre le capitalisme au nom de l’égalité, de la justice et de l’humanisme ; « si nous ne le faisons pas, cette merveilleuse création qu’est l’univers disparaîtra« .

Il a averti les gouvernements du monde entier qu’ »ils ne s’étonnent pas de ce qu’on cherche à imposer un document non participatif. Il y a un groupe de pays qui se croient supérieurs à nous, les pays écrasés comme nous appelle Eduardo Galeano. Nous ne pouvons rien attendre du système impérial, nous ne pouvons attendre aucune inclusion« .

« Nous n’acceptons aucun texte qui ne provienne des groupes de travail, du protocole de Kyoto ou de la convention qui sont les moyens légaux de chercher une solution, il ne me semble pas logique qu’apparaisse un document du néant. Faisons pression pour que d’ici sorte un document contraignant, qui nous oblige à nous responsabiliser vis-à-vis de la planète« .

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« On pourrait dire qu’un spectre hante Copenhague, et parcourt en silence cette salle, rôde dans les couloirs. Il sort, revient. C’est le spectre du capitalisme. Avec leur modèle capitaliste les riches détruisent cette planète. Serait-ce qu’ils ont déjà fait leurs plans pour émigrer à une autre ? » a dénoncé Chávez.

Le mandataire a recommandé la lecture du livre « Comment les riches détruisent la planète » du journaliste et chercheur français Hervé Kempf, et a cité l’auteur en avertissant que nous ne « pourrons réduire la consommation matérielle, sur le plan global, sans faire descendre les puissants de quelques marches. Il est nécessaire de consommer moins et de répartir mieux« .

Il a rappelé à l’audience que « sept pour cent de la population mondiale est responsable des 50 pour cent des émissions polluantes, alors que les 50 pour cent plus pauvres sont responsables des 7 pour cent des émissions globales« .

Il a en outre affirmé que 60 pour cent des écosystèmes sont abîmés, que 20 pour cent de la terre est dégradée et que la diversité biologique s’éteint. « La planète est en train de perdre sa capacité de s’autoréguler, chaque jour se répandent des déchets qui ne peuvent plus être assimilés. Nous ne sommes pas nécessaires pour que la terre existe, mais sans elle nous ne pouvons vivre. Aidons à la sauver« .

« Depuis les pays qui formons l’ALBA, nous exhortons les gouvernements et les peuples de la terre à lutter contre la nature destructrice du capitalisme, nous sommes obligés d’ouvrir la voie du sauvetage de l’espèce humaine« , a-t-il ajouté.

Traduction : Thierry Deronne

6 commentaires sur “Hugo Chávez à Copenhague : « Si le climat était une banque, les pays riches l’auraient déjà sauvé »

  1. Cleripage

    Je ne sais pas qui est vraiment monsieur Chavez et comment l’on vit au Venezuela, mais une chose est certaine son discours est celui qu’on espérerait entendre de la bouche des chefs d’états des nations les plus puissantes. Il n’y a pas de pirouettes ni de tour de passe-passe comme dans les discours de notre chef d’état.
    Chavez ne laisse pas croire qu’avec un chiffon de papier il peut sauver le monde, ni même qu’il peut seul sauver le monde.
    J’enrage quand je vois l’autosuffisance affichée d’un Sarkozy, tout content d’avoir fait signer un bout de papier sans engagement, sans contraintes. « Le meilleur accord possible ! » c’est à dire rien, aucun effort, voila ce qu’inspire à nos dirigeants de pays dits « puissants » la destruction de la vie sur la planète.
    On va en finir à coup de bombes atomiques, ce sera plus rapide et ça laissera peut-être quelques survivants … au fin fond de la jungle vénézuélienne, je l’espère.

  2. olivier

    Réflexion frappée au coin du bon sens. Cependant, un peu gâchée par les exportations pétrolières de son pays. Qu’il commence par freiner les exportations, ça fera monter les prix, et baisser la consommation !!!

  3. Helder

    D’accord avec Olivier. « Changeons le système », je suis d’accord, mais je ne suis pas sûr que le socialisme soit la seule solution.

  4. Michel Fiol

    bravo Mr Chavez, tout est dit , mais comme le souligne cet internaute Olivier, il doit tout d’abord montrer l’exemple , en réduisant son exportation de pétrole , Et diversifier sa propre source d’énergie , au Venezuela. Pour avoir d’autant plus de pouvoir de persuasion !!
    Copenhague a été marqué , aussi par une nouvelle donne diplomatique, alliance hélas de nouveaux riches … michel

  5. DocteurSka

    Oui enfin bon le pétrole c’est comme la coke. Il en vend mais c’est pas lui qui le consomme. Et d’ailleurs cet argent lui permet de financer des grands programmes de santé et d’éducation… Il faut bien qu’il le trouve quelque part puisque personne ne se bouscule pour le lui donner.

    Un autre exemple pas loin du Venezuela: en Equateur, sous la jungle, se trouve une des plus grandes réserves de pétrole du monde. Son exploitation entraine la déforestation, la pollution des sols, et la mort des indiens. Rafael Correra, le président, a proposé aux principaux pays consommateurs de pétrole de lui verser une rente (moins grande que celle des pétrodollars d’ailleurs) en échange de la non-exploitation de ce gisement. C’est que quand on est un président de gauche en Amérique Latine, il faut bien financer les réformes…
    Inutile de préciser qu’ils ont tous répondu non!

    Il nous faut plus de Chavez, de Morales, de Correa!!! (et puis qu’ils restent cohérents avec ce qu’ils racontent)

  6. MOA

    Pour rebondir sur la phrase d’Hugo Chavez en titre de l’article :

    « LES banques françaises ont passé la crise haut la main comme le rappelle volontiers la Fédération bancaire française dans sa campagne de communication. La règlementation à venir? « Trop de la Bâle » pourraient-elles dire, puisque aucun établissement n’a finalement eu besoin d’augmenter son capital. Les profits à venir seront en effet suffisants pour amener les fonds propres au niveau requis.
    La Banque Centrale Européenne (BCE), elle, n’a pas cette chance. Elle vient d’annoncer une augmentation de capital de 5 milliards d’euros, jugée « appropriée en raison de la volatilité accrue des taux de change, des taux d’intérêt, des cours de l’or et du risque de crédit ». Comprenne qui pourra. Ce qui semble clair, c’est que le bilan de la BCE a augmenté en raison des achats depuis mai dernier, pour un montant de 72 milliards d’euros, d’emprunts grecs, portugais, irlandais et espagnols. Cette augmentation devait mécaniquement se traduire par un renforcement des fonds propres.
    La morale de l’histoire c’est que le régulateur est contraint d’augmenter ses moyens alors que les banques, elles, vivent leur vie tranquillement.

    Par Irène Inchauspé, grand reporter à Challenges, jeudi 16 décembre 2010.

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