L’emploi: la dernière légitimité de l’automobile particulière

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Quel que soit le scientifique auquel vous vous adressez, il vous dénonce l’excès d’automobiles: le géographe déplore le mitage des campagnes, le naturaliste déplore les dommages à la faune, le médecin stigmatise la sédentarité et les atteintes pulmonaires, l’urbaniste déplore l’étalement urbain, le climatologue reproche les émissions de CO2 et l’océanologue fustige l’acidification des mers.

Ces griefs à l’encontre de l’automobile particulière sont suffisamment répandus au sein de la population pour que certains courants politiques s’en saisissent. Mais, dès qu’on porte ce sujet de la critique de l’usage de masse de l’automobile dans le débat public, on voit se profiler immédiatement le contre-argument quasi-religieux, voire sacré, de l’emploi. Selon ce point de vue, on devrait s’abstenir de critiquer l’automobile au prétexte que cette filière industrielle représente énormément d’emplois en France.

Le Gouvernement nous a fourni, ces temps-ci, une belle illustration de cette contradiction idéologique avec, d’un côté, la promotion d’une taxe carbone et, de l’autre, l’aide publique directe aux constructeurs et indirecte par la prime à la casse.

Personnellement, je n’ai aucun de ces scrupules à critiquer l’automobile particulière parce que l’idéologie utilitariste du travail humain ou de l’emploi salarié qu’elle sous-tend sont également blâmables.

Pour moi, le travail humain salarié est une valeur du passé tout comme l’objet automobile est un objet attaché au XXème siècle révolu.

Je ne me réjouis jamais de voir un humain travailler lorsqu’il est motivé par une idéologie utilitariste. Je me réjouis toujours de voir un robot effectuer une tâche de manière infiniment plus sûre, infiniment plus productive et infiniment plus écologique qu’un humain.

Lire aussi :  La métamorphose d'Utrecht

Aux chiottes l’automobile particulière ! En Mai 2009, Carfree avait publié Aux chiottes! la morale du travail (et la voiture avec) Je n’aime pas l’automobile particulière mais je l’abhorre quand elle devient instrument de légitimation de l’utilitarisme avec cette idée selon laquelle chaque jeune doit se battre pour trouver du travail et agresser l’espace public pour justifier son égo utilitariste. Je tiens à dénoncer également ce rite initiatique ridicule qu’est le permis de conduire.

GC,
Les voies vertes en 06-Ouest;
www.LecoLomobiLe.fr
Labo d’idées sur l’auto du futur:
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9 commentaires sur “L’emploi: la dernière légitimité de l’automobile particulière

  1. CarFree

    Même l’emploi automobile n’a plus beaucoup de légitimité pour défendre l’indéfendable. Déjà, on savait que les chiffres étaient largement surrévalués: le lobby automobile prétend en effet régulièrement, repris par les politiques et les médias, que l’automobile « représente 10% de l’emploi en France »… Dans les faits, on est plus prêt de 2 ou 3%…
    source: http://carfree.fr/index.php/2009/01/26/industrie-automobile-comment-on-gonfle-les-chiffres%E2%80%A6-et-les-subventions/
    En outre, si on ajoute à cela que la dernière crise de 2008 a provoqué des dizaines de milliers de licenciements ou de non reconductions de CDD ou d’intérims, sans même parler des délocalisations qui continuent (Cf la dernière en date: la clio de renault produite en Turquie)… Bientôt, il y n’y aura plus que les équipes dirigeantes de renault et psa à travailler en France!

  2. PHI

    Ce ne sont pas des emplois qu’on défend avec les subventions publiques, ce sont les intérêts d’une corporation au bras long. 300 000 employés dans le secteur de l’automobile, c’est 1 % de la force de travail française. Alors que 700 000 personnes ont perdu leur emploi depuis début 2008…

  3. Julius Beezer

    Je crois vous avez fait l’erreur que la politique a une base de science. Ô, qu’elle soit tante rationelle!
    La voiture domine pour plusieurs raisons, entre eux l’emploi, qui refleche l’interêt economique des ouvriers au maintien du système capitaliste.
    Mais il faut aussi parle d’allées rendus en boulevards, pertes d’espaces conviviales en ville qui peuvent être dangereux au pouvoir de l’état, l’alienation de chaque voyageur de chaque autre, le peur d’autrui engendré, le besoin des grands surfaces pour capter toute les dépenses de chaque consommateur.
    Des montants considerables ont investi en renforcent ces myths au niveau spectaculaire, et à la fin, les guerres demarrent pour les defendre (Irak).
    Les parebrises des bagnoles sont vraiment un instrument pour aveugler les humains de leur actualité, lors que leur jambes atrophient, impuissants.

  4. LécoLomobile

    PIM et Carfree: merci pour vos commentaires (et d’avoir reproduit mon billet). Néanmoins, ne vous laissez pas abuser par l’illustration que j’ai choisie d’une ligne robotisée. On doit reconnaître -et d’ailleurs je ne conteste pas ce fait dans mon billet- que la filière automobile représente beaucoup d’emplois en France, plus de 1% ! si on tient compte des équipementiers et des services associés (concessionnaires, parre-brise à réparer, carglass, transport des carburants, radars (quand ils sont manuels!) pour surveiller le trafic, construction des infrastructures, gestion des contraventions (quand elle n’est pas informatisée!), entretien des routes, les casses, le recyclage.

    Il faut nuancer par le fait que l’automatisation et l’informatisation envahissent plus ou moins tous ces domaines.

    Ma position n’est pas de dire que l’argument de l’emploi dans l’automobile est relativement faible mais de dire que l’argument de l’emploi humain « utilitariste » est mauvais… nuance… 😎

    D’accord avec PIM pour dénoncer tous les corporatismes 😎

    On doit assumer le fait que, quelque part, l’idéologie écologique subvertit l’idéologie ouvrière, c’est à dire l’idéologie de la gauche historique. Je ne suis pas pour une « gauche des travailleurs » mais pour la « gauche technologique » des robots 😎 (si tant est que je sois de gauche).

  5. Gari

    Pour aller dans le sens de l’article :

    Si on me donne le choix entre :
    – Faire travailler des milliers de personnes à fabriquer des bagnoles et leur filer du pognon en échange
    et
    – Faire glander des milliers de personnes et leur filer du pognon en échange,

    ben je choisis la seconde solution. On perd tout autant de pognon au final, Mais au moins on n’a pas les nuisances de la première solution. L’excuse de « l’emploi » est la plus pitoyable excuse que je connaisse pour justifier un domaine d’activité.

  6. DAVIDAVELO

    L’emploi dans la bagnole (y compris sous-traitants et branches associées comme la mécanique) ne représente plus que 7 % de la pop active française, un chiffre en constante baisse depuis 30 ans. Après le textile, le charbon, les chantiers navals, l’industrie manufacturière, l’automobile est le prochain grand secteur industriel à s’effondrer. Il est déjà sous perfusion, avec de l’argent public !!! Les milliers de gens qui bossent néanmoins dans cette industrie de mort doivent être formés (rôle des Régions) pour travailler dans d’autres domaines, demandeurs et moins polluants (agriculture biologique, énergies renouvelables, petits commerces, aide à la personne, …). C’est un choix de société ! Et au diable ce chantage à l’emploi !

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