Développement durable, une notion productiviste…

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En cette période où les différents partis politique fourbissent les logos, astiquent les discours, affichent les professions de foi, il est une conception qui va faire florès : le développement durable…

Sans aller plus loin dans le discernement des termes, un développement obsessionnel dans le temps pour un monde déjà fini est une antinomie, malgré tout, beaucoup vont s’emparer de cette expression à la mode pour tenter de présenter une société qui ne quitterait pas ses vieilles habitudes consuméristes tout en les peignant en vert. Qu’on le veuille ou non, il s’agit donc bien d’une notion productiviste et par conséquence un concept qui s’appuie avant tout sur la notion d’ouverture de nouveaux marchés de la part des actionnaires du capital. En réalité, la mode verte n’est qu’un apparat, voire souvent une tromperie, pour ouvrir un autre couloir parallèle à la consommation traditionnelle.

L’exemple le plus frappant est sans conteste le concept de la bagnole verte. Là, on baigne dans la plus parfaite inconséquence au regard de l’avenir de la planète.

En premier, même si l’on diminue la consommation des engins motorisés, le nombre de plus en plus croissant de ceux-ci annihilera par la quantité les réductions de CO2 que l’on aurait pu espérer.

Ensuite, la généralisation des agro-carburants. Là aussi on nage dans un total manque d’acuité sur les besoins de l’humanité.

Car en effet, si les prétendus biocarburants ne sont pas produits en période excédentaire de l’agriculture, ils vont nécessairement avoir un impact sur la production de matière nutritive pour l’ensemble de la planète.

Ceci étant le premier aspect de leur perversité, le deuxième est qu’ils n’ont de bio que le nom. En effet, les céréales, et autres concernés pour entrer dans la fabrication des agro-carburants sont dans la plupart des cas les produits de l’agriculture intensive. Agro-business utilisant à l’envie, engrais, désherbants, arrosages intempestifs, déforestation, destruction des petites agricultures locales, que ce soit en pays développés comme la France, ou en Afrique sub-saharienne où de nombreux pays vont tomber sous le contrôle des grandes multinationales comme Monsanto.

Néanmoins, le pompon du tout consumériste menteur va à la France avec la production d’éthanol que l’on doit à la betterave sucrière. Complément à 10% du SP95E10, Il est dangereux pour les moteurs anciens, à tel point que l’Allemagne n’en veut pas, de surcroit, ne s’associant qu’avec l’E10, essence la plus polluante, on arrive au même résultat en tant qu’émission en CO2. Encore une couleuvre qu’ont du accepter les défenseurs d’un fantoche Grenelle de l’environnement.

Ensuite, vient la fameuse bagnole électrique. On ne peut pas dire que ce soit une mauvaise idée, comme le sont aussi les agro-carburants, si l’on ne raisonne que superficiellement et au premier degré. Cependant, le problème est qu’il faut toujours de l’énergie pour faire avancer ladite bagnole. Donc produire plus d’électricité, ce qui semble pour l’instant une gageure avec la production totale des énergies renouvelables, par conséquence pour faire rouler une voiture prétendue propre on va, de fait, favoriser le nucléaire…

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On pourrait aussi faire remarquer que produire industriellement des bagnoles est un facteur polluant, on pourrait en plus arguer que nombre d’équipements sont issus de la pétrochimie, etc. par conséquence, seule une stagnation ou une réduction de la production d’automobiles sera la solution. Nous devons donc favoriser la collectivisation des transports et donner encore plus d’importance à la relocalisation.

Ce sont ces raisons qui m’inclinent à croire que le développement durable productiviste n’est pas la solution et qu’il serait préférable d’utiliser une autre formule, comme la réévaluation écologique des besoins. La collectivisation des transports en milieu rural, si souvent oubliée par les politiques, va d’ailleurs dans cette logique ; il serait d’ailleurs bien de réfléchir sérieusement à la question, et pourquoi pas organiser des forums de réflexion sur cet important sujet.

Il en est de même aussi pour l’expansion des métropoles qui va devenir un sujet d’actualité avec la réforme territoriale, le but étant de construire mondialement un réseau de métropoles globales qui s’entraideront en même temps qu’elles développeront des pôles de compétitivité concurrentielle afin de parfaire l’emprise capitaliste. Nous devons donc nous opposer à cette version du développement durable tout à fait nuisible à l’avenir de l’humanité. Et pour la campagne électorale, proposons par exemple une chose simple, une aide plus accrue à l’habitat social en espace rural, limitons par la même occasion les aides aux gîtes ruraux qui n’apportent rien à la restructuration de la société.

Ce sont là quelques réflexions, voire des suggestions dans le choix des termes, pour des propositions de campagne ; d’autant que l’abandon de la formule du développement durable démarquera la vraie Gauche du PS et de l’UMP qui vont faire leur cheval de bataille de ce concept productiviste. Formulation qui ne sera qu’un apparat pour conforter la préférence donnée aux marchés, plutôt qu’aux liens sociaux et la véritable défense de la planète…

Michel Mengneau

Source: http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com/

2 commentaires sur “Développement durable, une notion productiviste…

  1. Plum'

    Merci. En ces temps de campagne électorale régionale, il est bon de donner des points de repère et de montrer ses différences. Vous apportez quelques éléments de réponse, il en faudrait davantage pour vraiment s’écarter des propositions d’intention lénifiantes et s’accrocher à des propositions concrètes liées directement aux décisions des conseils régionaux.

  2. Legeographe

    Pour ce qui est de l’utilisation durable de l’adjectif épithète « durable », voici quelques exemples récents (dans la presse web du 2 février 2010) :

    – En ce qui concerne l’industrie pneumatique, on peut lire au sujet d’une opération boursière Michelin que « les groupes estiment que cette opération doit permettre ‘d’assurer au mieux la croissance durable de SMWT et de la marque Warrior’. »
    Pour cette citation, c’est à la page suivante :
    http://www.easybourse.com/bourse/information/michelin/michelin-datient-100-de-shanghai-michelin-warrior-tire-14639

    – En ce qui concerne la question énergétique de la France et plus particulièrement de la Corse, le président de la République parle en ces termes :
    « Il prononcera ensuite dans cette enceinte une allocution sur le thème du développement durable. Dans son allocution, Nicolas Sarkozy doit notamment évoquer la possibilité de raccorder l’île à un réseau de gazoducs baptisé GALSI entre l’Algérie et l’Italie pour alimenter les deux centrales thermiques d’Ajaccio et Bastia. »
    Cette citation est visible sur cette page :
    http://www.20minutes.fr/article/381304/Politique-Sarkozy-en-Corse-pour-parler-developpement-durable-et-regionales.php

    Eh ben, dans les deux cas cités, soit on nous prend pour des cons, soit… On nous prend pour des cons !!!
    Qui peut me dire ce que la politique énergétique thermique fossile a de durable ? Et qui peut me dire ce que Michelin a de durable si ce n’est son discours de croissance ? L’entreprise Michelin joue en plus très bien le jeu en ce qu’elle utilise la locution magique qu’utilisent les acteurs du libéralisme économique quand ils parlent du développement durable : « croissance durable », tel est le sens qu’il faut comprendre, mes chers.

    Signé : un Clermontois (vive Michelin).

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