Changer les transports en Europe Maintenant

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L’actuelle crise environnementale, du climat et des ressources exige des réponses. Winfried Wolf, rédacteur en chef du magazine économique de gauche Lunapark 21 et militant de l’initiative « la voie des citoyens au lieu des rails de la bourse », présente son programme politique d’investissement et d’activité, « l’Europe sur les rails – 2025 ».

I

La crise économique actuelle est aussi une crise environnementale, une crise du climat et des ressources. Elle prend sa source dans l’explosion du prix du pétrole. En son épicentre actuel, la crise recouvre les secteurs du transport, de la logistique et de l’industrie automobile.

II

Le secteur du transport s’est développé à travers le monde et en Europe au bénéfice du trafic routier (voitures particulières et camions) et aérien. En Europe, le nombre de kilomètres parcourus par personne en voiture a augmenté 2,6 fois entre 1970 et 2006. La seule augmentation des parcours individuels en voiture vécue entre 2000 et 2006 (autour de 300 milliards de kilomètres) équivaut au total des kilomètres parcourus par personne en chemin de fer en 2006.

III

En termes de transport des personnes et des biens en Europe, cela fait des décennies que les modes de déplacement renforcés sont ceux qui nuisent le plus à l’environnement et au climat, et réduisent considérablement la qualité de vie.

IV

Ce ne sont pas en premier lieu le marché ni les besoins qui débouchent sur un trafic erroné. C’est la régulation du marché des transports qui est décisive, préférant la voiture et l’avion, ainsi qu’une politique d’infrastructures spécifique : entre 1970 et 2005, le réseau autoroutier a été multiplié par trois, celui des voies ferrées réduit d’un huitième, le maillage des gares sur le territoire, de moitié.

V

En opposition parfaite avec les beaux discours, l’impact du CO2 sur le climat augmente massivement à travers le secteur des transports. Ce secteur est à la fois responsable de l’absence totale de réduction des émissions de CO2 en Europe depuis 1990, et de l’augmentation de l’impact du CO2 sans changement des modes de transport. Le trafic routier et aérien est exclusivement responsable de ce bilan catastrophique. Le poids du CO2 pouvait être réduit de manière significative, malgré une croissance nette, dans le trafic ferroviaire.

VI

Avec la crise, on arrive à une demande accrue de trafic routier et aérien (entre autres avec des réductions d‘impôts sur les camions, primes à la casse, subventions aux constructeurs de voitures et d’avions). Surtout, la menace plane d’une destruction continue du réseau ferroviaire, dernièrement surtout dans le cadre des privatisations du rail. La politique d’infrastructures qui avait prévalu jusqu’à présent et produit ces transports dans le mauvais sens, se poursuit ainsi.

VII

La crise mondiale doit être l’occasion d’interroger l’obligation de poursuivre cette croissance du trafic. Les hausses du nombre de kilomètres rapportés au nombre de personnes ne sont pas l’expression primaire d’une mobilité accrue. Elles résultent de la mise au rebut de structures décentralisées ainsi que de contraintes structurelles (par exemple, les prix des loyers et de l’immobilier dans les centres villes ou la demande de « vivre au vert »). L’augmentation énorme de « l’intensité du transport » (le nombre de kilomètres de trajet parcouru pour une marchandise) ne fait pas gagner en qualité de vie ; elle est surtout due au subventionnement des prix du transport. Au centre d’un changement de politique des transports se trouve l’évitement des déplacements et leur remplacement par des trajets à pied, à vélo, sur des rails.

VIII

L’Europe est le seul continent au monde où le rail peut être mis en place relativement massivement et à court terme comme alternative de remplacement au trafic routier et aérien sur de courtes distances : il y a encore ici quelque 250’000 kilomètres de réseau ferré, qui couvre en grande partie le territoire. Le programme « l’Europe sur les rails – 2025 » intervient ici. Cela suppose une expansion d’environ 35’000 kilomètres de voies ferrées à travers l’Europe (ce qui correspond à la situation de 1970), une électrification et modernisation du réseau et du matériel roulant en conséquence, une réhabilitation de 25’000 gares et la réalisation d’offres de transport ferroviaire qui couvre le territoire en s’orientant vers le modèle des trajets intégralement intuitifs (modèle des chemins de fer suisses).

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IX

Avec la réalisation d’un tel programme – intégré à une politique globale de changement en matière de transports – les émissions de CO2 dues au trafic pourraient être diminuées d’un quart de leur volume actuel d’ici 2020, selon le calcul du modèle du programme « l’Europe sur les rails – 2025 ». Une réduction de moitié de l’ensemble des émissions de dioxyde de carbone est ainsi possible. C’est uniquement de cette manière que la contribution demandée à l’Europe pour réduire les émissions de CO2 à l’échelle internationale pourra être atteinte.

X

Le programme « l’Europe sur les rails – 2025 » atteint pour la période de 15 ans allant de 2010 à 2025 un volume d’environ 500 milliards d’euros. Cela correspond à ce que les gouvernements allemand ou britannique sont en train respectivement « d’investir » dans le secteur financier en deux ou trois ans ! Et contrairement à ces plans de sauvetage, qui coûtent beaucoup, rapportent peu et ne sont jamais amortis, le programme « l’Europe sur les rails – 2025 » est intégralement autofinancé : avec sa réalisation, les versements élevés des Etats aux chemins de fer pour les soutenir seraient rapidement réduits de manière drastique. On arriverait surtout à la réduction demandée des « coûts externes », extrêmement élevés, du trafic routier et aérien (coûts liés au bruit, à la destruction de l’environnement, à la pollution du climat, aux maladies dues au trafic, avec notamment – rien qu’entre 2010 et 2025 – 500000 morts sur les routes).

XI

Actuellement, presque toutes les mesures étatiques sont motivées par l’argument « protection des emplois ». En réalité, l’Etat « investit » surtout dans des processus de concentration du capital et de rationalisation, ce qui conduit à des destructions d’emplois massives. Avec les investissements du programme « l’Europe sur les rails – 2025 », il s’agit d’investir dans des domaines où une unité de capital contient bien plus d’emplois et en crée de nouveaux, plutôt que ce qui est le cas par exemple dans l’industrie automobile ou les banques. Dans ce cas, ce sont surtout des emplois durables qui sont créés. Le doublement du réseau de chemins de fer prévu par le programme « l’Europe sur les rails – 2025 », allié à la présence requise de personnel en nombre plus important dans les services, permettra de procurer une activité durable à au moins 1,5 millions de personnes – dans le domaine entier de la technique liée aux voies ferrées, 2,5 millions.

XII

Avec le programme « l’Europe sur les rails – 2025 », on investit dans le développement d’une politique de transports à laquelle les qualificatifs de « bon travail », « durable », « empli d’avenir » correspondent. La réalisation de ce programme vise en premier lieu le secteur des transports, qui réduit nettement les atteintes au climat et à l’environnement tout en respectant les besoins de mobilité. Cette politique a en même temps un important « effet secondaire », comme une sorte de tribut spécial en temps de crise : une contribution importante au maintien d’emplois et à la création nette de plus d’un million de nouveaux.

Plus d’informations : www.bahn-fuer-alle.de
Source: http://www.npa-auto-critique.org/
Photo: Railroad
Photographe: ortizmj12

Un commentaire sur “Changer les transports en Europe Maintenant

  1. goupilette

    La panne de l’Eurostar du 18 déc. 2009 élucidée :

    la neige amassée en grande quantité sur les rames a fondu dès l’entrée des Eurostar dans le tunnel sous la Manche et a entraîné des courts-
    circuits fatals aux moteurs des machines.

    Vous avez dit réchauffement climatique ? Quelle grosse arnaque !
    Vous avez dit vive les transports en commun ? idem !

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