Quand la droite invente le métro bling-bling

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Incroyable campagne électorale! Valérie Pecresse qui cherche désespérément à se faire élire à la tête de la région Ile-de-France au nom de l’UMP, se saisit du thème porteur des transports pour proposer un nouveau concept, le métro bling-bling, qui réussit le tour de force de desservir en priorité les riches et les cadres, qui favorise les inégalités sociales et la spéculation foncière. Claude Grasland, un militant vert, revient en détail sur la menace que représente un tel projet pour les franciliens.

S’il est un point sur lequel on peut être d’accord avec l’UMP, c’est sur le fait que la question des transports sera au coeur des enjeux de la campagne des élections régionales en Ile-de-France. Valérie Pecresse critique le bilan de la majorité actuelle, mais que propose-t-elle réellement ? Un tract distribué par les militants UMP le long du RER A donne la réponse.

La seule proposition réellement originale de l’UMP concerne le métro automatique du Grand Paris : cette fameuse double boucle (voir carte ci-dessous) est sans nul doute une idée originale de l’UMP et c’est donc par rapport à celle-ci qu’il faut juger de l’intérêt du projet Transport proposé par Valérie Pecresse aux franciliens.

Le projet de métro automatique du Grand Paris vise à « servir en premier ceux qui sont les plus riches », comme le montre très clairement la superposition de la carte du métro automatique et celle des revenus moyen des habitants publiée récemment.

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SEGREGATION SOCIALE, CHOMAGE ET TEMPS DE TRANSPORT

Les études menées par le ministère des Transports montrent en effet que les ouvriers disposent de moins d’offre d’emploi que les cadres dans une zone d’une heure autour de leur domicile. La politique de transport a donc un impact direct, non seulement sur la fatigue (temps de déplacement) mais aussi sur l’activité (risque de chômage).

Or, le projet de métro automatique du Grand Paris va contribuer à renforcer encore les écarts de temps de transport entre les cadres supérieurs d’une part, les ouvriers et employés d’autre part. C’est ainsi une véritable ségrégation socio-spatiale qui sera renforcée par l’action combinée du Grand Paris et de l’abandon de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain).

LE METRO DU GRAND PARIS AU SERVICE DE LA SPECULATION FINANCIERE

Lire aussi :  Vivre sans voiture avec des enfants: le guide pratique

Est-ce à dire qu’au moins les rares communes voyant passer le Métro du Grand Paris ont des raisons de se réjouir, quitte à ignorer égoïstement les « laissés pour compte » ? Pas si sûr … car le gouvernement UMP souhaite financer les 35 milliards que coûterait le nouveau métro par la spéculation financière sur les terrains situés autour des nouvelles gares. Les créations d’emplois de bureau vont continuer à se concentrer autour de Paris-La Défense et des nouvelles stations du Métro du Grand Paris. Pour une grande partie des franciliens, le projet se traduira à la fois par un appauvrissement des ressources de leurs communes et par des déplacements toujours plus lointains. Seuls les privilégiés pourront se payer des logements à proximité des nouveaux pôles d’emplois du Grand Paris…

CONCLUSION : LES TRANSPORTS SONT L’ENJEU SOCIAL ET POLITIQUE MAJEUR DE LA CAMPAGNE

On l’aura compris, le tract de l’UMP sur les transports est beaucoup plus qu’une simple critique de la politique actuelle de la région francilienne. Changer le nombre de zones de carte orange et leur tarification n’a pas une grande importance et relève de la politique gadget…

En revanche, c’est un véritable projet de société au profit des plus riches qui est proposé à travers le tracé du métro du Grand Paris. Si nous devons nous battre, c’est bien contre ce projet « blingbling » en défendant une politique moins spectaculaire mais plus efficace de desserte fine de l’ensemble des territoires franciliens par des modes de transports performants et écologiques. Là est l’enjeu de la campagne !

Claude Grasland est militant Verts à Sucy en Brie

Source: http://europeecologie94.canalblog.com/archives/2010/01/17/16550683.html

4 commentaires sur “Quand la droite invente le métro bling-bling

  1. Pim

    Je note dans cet article : « Changer le nombre de zones de carte orange et leur tarification n’a pas une grande importance et relève de la politique gadget… » et j’aime beaucoup. Le tract UMP en question (cf source) est bourré de ces petits gadgets : c’est du vent, c’est du flan, mais ca va plaire au quidam!

    Néanmoins, à cet article incisif et critique d’EE contre UMP (c’est de bonne guerre en cette période électorale, mais ca appauvrit les débats et laisse libre champ à des raccourcis un peu limites), je préfère largement l’article ci-après, plus objectif et moins politisé sur le sujet (et aussi un poil plus difficile à la lecture)…

    http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=1754

  2. PHI

    Ce qui est ahurissant, c’est de voir ce qu’on peut faire avec 35 G€, coût annoncé du Réseau primaire (qui risque plutôt de coûter dans les 50 milliards s’il était réalisé…) qui se contente de dédoubler ou de connecter pompeusement certains axes de transport, en particulier dans le 92 déjà très bien desservi par les TC (Transilien Saint-Lazare et Montparnasse, RER A, B et C, 1 et bientôt 3 lignes de tramway, métro à gogo…).

    35 G€, c’est plus de 1000 km de LGV, et à peu près le coût de la modernisation du réseau ferroviaire classique en province et en Île-de-France, notamment aux abords des grandes villes. Les projets de Métrophérique et de tangentielles sont bien moins chers, bien plus rentables et bien plus profitables aux Franciliens de toutes classes sociales. Ils amélioreront considérablement les conditions de transport des Parisiens et des banlieusards qui en ont assez de s’entasser dans les rames bondées des lignes A et B du RER.

    Construire le Réseau Primaire, c’est hypothéquer un nombre considérable de projets de transports en commun et de mobilité douce dans la France entière au profit des cadres argentés des Hauts-de-Seine et des grandes entreprises dont le siège social est bien placé. Rien d’étonnant de la part d’un ancien maire de Neuilly-sur-Seine qui a fait du 92 la chasse gardée de ses « amis ».

  3. Pim

    @PHI : c’est vrai que le cout est démentiel ! Ca représente un coût de 3 à 4 000 eur/francilien !!!! Pour donner une idée, la dette nationale, qui est énorme est de 1 450 Geur, soit 23 000 eur/francais …

    « Les projets de Métrophérique et de tangentielles sont bien moins chers, bien plus rentables et bien plus profitables aux Franciliens de toutes classes sociales. Ils amélioreront considérablement les conditions de transport des Parisiens et des banlieusards qui en ont assez de s’entasser dans les rames bondées des lignes A et B du RER. »

    tu peux développer? ca m’intéresse

  4. CarFree

    35 milliards d’euros, c’est effectivement hallucinant comme chiffre et on pourrait sans doute faire beaucoup mieux et beaucoup plus avec autant d’argent…
    A titre de comparaison, on s’était amusé en 2008 à chiffrer quel pourrait être le coût de la transformation de villes comme Caen ou Toulouse en villes sans voitures… et on arrivait à une estimation de 2 milliards d’euros pour Caen et 3 milliards pour Toulouse…
    http://carfree.fr/index.php/2008/04/26/caen-concept-pour-une-ville-sans-voitures/
    http://carfree.fr/index.php/2008/05/05/toulouse-concept-pour-une-ville-sans-voitures/

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