Kit de réparation de l’étalement urbain

Nous nous interrogions il y a peu sur l’avenir des lotissements périurbains. De manière plus générale, c’est l’ensemble de l’étalement urbain qui est aujourd’hui menacé par les enjeux énergétiques et écologiques actuels. C’est dans ce contexte qu’est née une proposition d’urbanisme pour littéralement réparer l’étalement urbain et ses nombreux inconvénients (consommation d’espace, dépendance à l’automobile, faibles densités, surconsommation de ressources, émissions de gaz à effet de serre, etc.)

Un concours d’urbanisme organisé par Inhabitat et intitulé Reburbia (Réurbaniser Suburbia) dont le but était de penser l’avenir de l’étalement urbain en général et des banlieues pavillonnaires en particulier, a reçu en 2009 plus de 400 projets du monde entier. Parmi ces projets, un a retenu tout particulièrement notre attention car il propose, avec une économie de moyens, de « refaire de la ville sur la ville » ou mieux, de « faire de la ville à partir de l’urbain ».

Ce projet présenté par Galina Tahchieva fait partie des lauréats du concours Reburbia, arrivé en 3ème position. Il s’agit rien de moins qu’un Kit de réparation de l’étalement urbain (Urban Sprawl Repair Kit).

Ce projet a ceci de remarquable qu’il ne propose pas de détruire l’existant, à savoir les centres commerciaux, les stations-service ou les lotissements pavillonnaires. Son propos est plutôt d’ajouter à ces formes urbaines énergivores les éléments urbanistiques leur permettant de devenir plus soutenables.

En partant du principe que les bâtiments les plus écologiques sont ceux qui ne sont jamais construit, Galina Tahchieva propose un Kit de réparation des tissus urbains lâches représentés parfois aussi sous la dénomination d’urbanisme de volume, à la différence de l’urbanisme de façade de la ville traditionnelle.

L’objectif est ainsi de passer d’un urbanisme de l’automobile à un urbanisme « marchable », adapté à l’échelle du piéton, et a fortiori, à l’échelle du vélo.

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Plutôt que d’être démolis, les bâtiments existants sont revêtus de nouvelles structures en utilisant des technologies renouvelables combinées à des pratiques d’efficacité énergétique. L’ensemble forme un Nouvel Urbanisme, au sens de l’urbanisme néo-traditionnel américain inspiré de l’urbanisme des villes anciennes européennes.

Est-ce que le passé sera la solution d’avenir pour réparer le présent?

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Sur l’exemple 1, un restaurant de type fast-food en drive-in devient partie intégrante d’une rue principale composée en urbanisme de façade.

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Sur l’exemple 2, un magasin typique de périphérie en forme de boite est transformé en un centre de recyclage avec un toit vert avec ajout de deux ailes latérales avec des panneaux solaires encadrant une cour qui arrive sur le trottoir.

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Sur l’exemple 3, une station-service de périphérie se trouve intégrée dans un ensemble regroupant bureaux et commerces.

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Sur l’exemple 4, un pavillon typique de lotissement est autorisé à développer des extensions en partie en façade sur la rue, afin de créer éventuellement un bureau ou des logements en location.

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Sur l’exemple 5, les grands pavillons avec étage sont transformés en logements pour personnes âgées grâce à un savant cloisonnement permettant de créer une dizaine de chambres avec leur salle de bain. Ce dernier exemple est très finement pensé car il répond à un des enjeux démographiques actuels, à savoir le vieillissement de la population.

8 commentaires sur “Kit de réparation de l’étalement urbain

  1. Legeographe

    Ouaip, d’ailleurs, le vieillissement de la population (qui va nous concerner, mais qui va même déjà concerner des générations au-dessus de nous [je n’ai que 22 ans ^^]) va être la question où il ne faudra pas se fourvoyer… Penser sereinement afin de ne pas continuer à accroître les mobilités tecnophiles. Il faut bien relocaliser aussi toute l’économie solidaire et sociale.

  2. Gari

    Dans les plans « AFTER », il y a toujours trop de voitures à mon goût !

    Cela dit, c’est une bonne idée que cette boite à outils pour réparer le tissu urbain !

    J’aurais cependant plutôt vu ça à un niveau un peu supérieur ; à l’échelle des « zones » : zone pavillonnaire, zone d’activité.
    => réparation d’une zone pavillonnaire en y installant des commerces (par exemple en modifiant des pavillons pour y mettre une épicerie/boulangerie/etc, ou en construisant carrément des commerces à distance raisonnable)
    => réparation d’une zone d’activité en faisant l’inverse : installer des habitations à proximité du travail.

    IL faudrait donc imaginer une refonte du plan urbain, puis effectuer les modifications de ce plan ; pour cela, on utiliserait les schémas BEFORE/AFTER présentés dans ce billet…

    Question : est-ce qu’il existe le même type de plan à l’échelle d’une zone ? Transformer une zone de lotissements en zone « vivable » (commerces, transports, administrations) doit être une sacré gageure !

  3. Marcel Robert

    Tout à fait d’accord avec toi Gari, moi aussi j’ai un peu tiqué au départ sur la place de la bagnole dans le AFTER… Puis je me suis dit que c’était une démarche américaine pour répondre aux suburbs américains… et je pense que pour eux, c’est déjà une révolution!
    Ce qui me fait dire que ce type de démarche devrait être adapté à la situation française ou du moins européenne.
    Par contre, je n’ai pas d’exemple de ce type à l’échelle d’une vaste zone, et ce serait effectivement intéressant à voir et mériterait au moins un article à part entière…

  4. Pim

    @Gari : d’accord avec toi, il reste trop de voitures. Mais la fin de la voiture ne passera pas uniquement par des mesures de restrictions légales (interdiction quoi). Il faut aussi la rendre inutile, et c’est un peu ce que propose ce kit, puisque « tout » sera à portée de main, ou de pieds.

    Néanmoins, je doute de la pertinence d’installer du logement résidentiel dans certaines zones industrielles… Car avant cela, il faut déjà réparer les erreurs du passé : dépolluer les sols, restreindre les modes de productions en matière d’émissions polluantes et de bruit. Bref, c’est un travail collossal et aussi un investissement financier que ni les pouvoirs publics, ni les promoteurs immobiliers ne sont près à assurer aujourd’hui. Il est en effet bien plus simple d’acheter à prix d’or les dernières parcelles agricoles en lointaine banlieue pour y construire des « quartiers pavillonnaires du bonheur » éloignés de tout à la chaine

  5. Gari

    @Pim :
    On peut installer do logement résidentiel à proximité d’une zone d’activité, on est pas forcé de l’installer dedans.
    En général, une telle zone fait quelques kilomètres de diamètre au maximum, il est donc aisé de se rendre n’importe où dans cette zone en partant de sa périphérie, à pied ou en vélo.

  6. Pim

    Ce que je voulais dire par là, c’est qu’on soit en plein milieu où à la limite de la zone, la pollution y est probablement présente. C’est pas comme le nuage de Tchernobyl qui s’arrête à nos frontières! 🙂
    Donc pas convaincu que ca attire les foules.
    Sinon l’idée de ce kit de réparation va vraiment dans le sens de l’aménagement tel qu’on doit le penser aujourd’hui. Amender l’existant est déjà un très grand pas en avant, c’est aussi reconnaître que le modèle économique passé (centré sur l’auto-mobilité) est un échec.

  7. Ronuick

    Le coup du fast-food repensé m’intéresse beaucoup (voir mon site) : il y a effectivement un gaspillage de place épouvantable qu’il faudrait mieux penser. De même qu’on peut théoriquement densifier les lotissements pavillonnaires… Mais il faudra de l’imagination ! Et beaucoup de sous pour convaincre ceux qui y habitent de « lacher » un peu de leur jardin.

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